mercredi 29 décembre 2010

New York, I love you.

Film à sketchs mais on ne le dirait pas, les séquences des onze réalisateurs sont habilement emmêlées, mais au fait: quel était le propos ? Tout s’évapore dès que le générique bien garni a fini de défiler. Nous pouvons aimer une ville pour la retrouver telle qu’on l’imaginait, et celle-ci le cinéma ne l’a pas manquée, donc accepter les clichés, mais cette fois pas d’humour ni d’ énergie, daté, et je ne vois pas l’utilité de s’y mettre à plusieurs pour remplir si mollement une morne heure et demie. Oui, des rencontres sont possibles quand on s’en vient fumer sur le trottoir devant le restaurant, mais pas de quoi être renversé.

mardi 28 décembre 2010

Les Bidochons internautes.

Si eux aussi se mettent à internet, c’est que :« En ce moment précis, nous venons d’entrer de plain pied dans le modernisme. On est comme les autres. »
Et nous sommes comme eux, à essayer de suivre le voisin qui explique en expert, à faire lire les notices par sa compagne, et à s’adonner à des jeux de mots calamiteux autour de la hot Line. Quitte à poser le débat du virtuel et du lourdement réel, les spams viennent s’inviter sur le canapé et c’est une bonne idée. Comme la morale de l’histoire : Raymonde, que Robert avait prise de haut, se débrouille finalement au mieux pour s’acheter une robe à pois après avoir utilisé le comparateur de prix. Malgré cette mise au goût du jour, ces personnages patrimoniaux d’une France au béret disparu, vieillissent, avec un trait avachi, des cases grises et un humour quand même bien conventionnel. Vite lu.

lundi 27 décembre 2010

Tamara Drewe. Stephen Frears.

Comédie bucolique. Des vaches regardent des écrivains en résidence qui n’ont pas besoin d’aller bien loin pour trouver l’inspiration. D’après un roman illustré de Posy Simmons dont j’avais beaucoup aimé Gemma Bovery, parodie du chef d’œuvre de Flaubert. D’ailleurs à qui j’ai bien pu passer cette BD ? Stephen Frears a gardé les qualités du 9° art : efficacité dans l’exposition des personnages, humour qui n’épargne personne. Ni les adolescentes à baffer, ni les hommes veules, ni les femmes ballottées. En dehors de l’affiche et du titre qui sont insipides, ce drame drolatique dans la campagne anglaise est vraiment réussi. Le film est fidèle à la bande dessinée où ressort avec plus d’évidence la condition des femmes aujourd’hui : de la liberté de Tamara, à l’application de la maîtresse de maison, à la fausse désinvolture des ados, voire à la situation des femmes en terre d’Islam.

dimanche 26 décembre 2010

Suivront mille ans de bonheur. Preljocaj.

En attendant, que ça se calme après les révolutions humaines voire l’Apocalypse, c’est une heure et demie d’intensité que nous offre Angelin Prejlocaj qui a réuni son ballet à celui du Bolchoï avec une scénographie de Sudho Gupta plasticien en vogue et des costumes d’Igor Chapurin qui habilla quelques miss Univers. La musique est de Laurent Garnier que j’ai eu le mauvais goût de confondre avec David Guetta, autre Disc Jockey qui œuvre dans l’électro; par contre j’ai reconnu « le chant des canuts » en version quasi subliminale.
Cette équipe va accroitre la réputation du chorégraphe dont la notoriété devient bien sûr inversement proportionnelle à l’estime que lui vouent les critiques spécialisés.
Je ne me suis pas attaché à des références du livre de l’Apocalypse que je ne connais pas, mais mon regard de néophyte a été capturé par les mouvements : l’harmonie est au rendez-vous de chaque seconde du spectacle, même quand les gestes ne sont pas les mêmes.
On redemande ce bruit et cette fureur sous ces beaux éclairages où une goutte de lumière scintille sur un plateau argenté, où des chaines tombant des cintres vous font bondir avant que les danseurs s’en emparent pour un des moments les plus forts. Les corps emballés dans du plastique sont beaux, et chaud le duo amoureux. Et je ne rechigne pas à la symbolique des livres qui obturent les bouches : autant ils sont émancipateurs en ribambelle autant « Le » livre oppresse au singulier. Les danseurs se jouent des parois, et il n’y a pas que les angelots qui peuvent décoller, nous élever au dessus des trottoirs verglacés. Les groupes se fondent dans de puissantes allégories et deux agneaux aux pattes frêles arrivent sur le plateau après une esthétique lessive des drapeaux. Un ami m’a appris que le pouvoir russe n’avait pas souhaité que leur drapeau figurât parmi les tissus bien rincés.

samedi 25 décembre 2010

Memo.

Ce nouveau magazine mensuel affiche en évidence en première page : «L’histoire éclaire le présent », l’histoire éclair : lecture rapide, variée, agréable. Le gai savoir. Même si l’alibi d’une exploitation pédagogique n’est plus valable en ce qui me concerne, je fonce toujours volontiers sur les nouveautés chez les marchands de journaux. Entre révision et découverte j’ai été séduit par ce premier numéro du groupe de presse : « ça m’intéresse ». Du genre « Voici » au temps de Louis XV (Bruni et Pompadour) avec des informations qui approfondissent, relativisent notre brouet informatif quotidien par des articles prolongeant, signalant des livres parus dans la période, des expositions, des émissions de télévision, voire un jeu vidéo qui permet d’examiner sur papier Colt et Winchester. Fouquet par Lorant Deutsch, les « cols rouges » de l’hôtel Drouot, Joséphine Baker espionne, et les réflexions sur l’éducation depuis l’antiquité avec les silences de De La Salle, les druides respectés, la rhétorique comme mère de la démocratie… les people et la Mafia, quelques jeunes prodiges… Je serai moins ignorant du Docteur House, héros de série à succès puisqu’il semble un concentré de Grèce antique : Oedipe, Cassandre et Diogène. Comment les Papous ont vu leurs premiers blancs, et cet instit qui retrouve l’histoire enfouie de ce camp de concentration de tziganes du côté de Saumur.
Du léger et du grave, des brèves concernant des objets de nos greniers où l’origine d’expressions.
Episode garanti véridique après l’attentat du Petit-Clamart visant le général De gaulle en 62 :
Charles : « Cette fois c’était tangent. Ces gens là tirent comme des cochons. »
Yvonne : « Et les poulets, ils n‘ont rien ? »
Un policier : « Non madame, les policiers qui suivaient sont… »
Yvonne : « Je parle des poulets, de la volaille qui était dans le coffre. »

vendredi 24 décembre 2010

Kärcher

Les branches mortes de l’année 2010 se recouvrent de blanc.
Les rétrospectives s’apprêtent, les bêtisiers vont envahir les écrans et tiendront lieu de mémoire, forcément.
Ce n’était pas pour « la caméra cachée » quand des stagiaires de l’éducation nationale en mal de formation ont dû assister à une conférence tenue par… des officiers de l’armée.
Cette petite nouvelle est consternante, elle vient parmi un fagot d’informations décourageantes, entre une pétition pour la défense de l’hôpital public et les silences à propos de la défaite des retraites.
Des échos anecdotiques à la pelle s’installent dans une cohérence toxique pour ceux qui ont cru à un état irréprochable, à des responsables respectables.
Les automobilistes fautifs récupéreront leurs points plus vite grâce aux députés qui ne mégotent pas sur leurs propres avantages et travaillent à l’opacité sur leur situation personnelle.
Les rares remises en cause des niches fiscales visent des dispositions allant dans le sens des économies d’énergie : Grenelle à la poubelle.
Hortefeux ministre soutient des policiers qui avaient fait de faux témoignages, ministre par ailleurs condamné par la justice.
Les déclarations du président en matière de politique étrangère sont inappropriées.
Il appelait lui-même Kouchner et sa compagne : les Thénardier, c’est dire le cynisme qui règne en ces hauteurs où s’est tellement humilié l’ancien Médecin Sans Frontières et d’autres. L’image de la France est bien détériorée et ce n’est pas un mannequin qui contrariera l’affaiblissement de nos représentations, de notre langue. Elle a juste permis d’ouvrir nos yeux sur les connivences des cercles où valsent Snobservateurs et ces gars là.
Dati et Yade cherchent la lumière des spots qui grillent si vite et Woerth les fuit, il ne pourra se réfugier dans un paradis fiscal puisqu’ils ont disparu, a-t-on dit.
Il aurait pu au moins prétendre à la prime que vont toucher les recteurs les plus efficaces à casser l’éducation nationale, car le ministre dénieur a été quand même un grand artisan de la déchéance de la morale publique.
Le Kärcher qui fut un produit phare il y a quelques années ne crachote plus qu’une eau brune, il a dévasté la morale, nos morals.
Nous avons beau panser nos plaies à l’humour noir, je n’arrive plus à soulever mes commissures et ne vois plus qu’une société désolée, aux valeurs fracassées, sombre.
Dessin de Politis :

jeudi 23 décembre 2010

20 ans du mois du graphisme à Echirolles

Quand la finesse, l’humour sur papier s’exercent dans le domaine culturel ou à l’occasion de commandes publiques, saisissons l’occasion de belles rétrospectives d’affiches et de travaux préparatoires jusqu’au 30 janvier 2011.
La newyorkaise Carin Goldberg au musée Géo Charles joue sur les catalogues rétro et leur redonne une seconde jeunesse.
Mitsuo Katsui, le japonais, illumine de ses couleurs psychédéliques les moulins de Villancourt où sont mis en valeur également des artistes amateurs américains qui œuvrent essentiellement dans le domaine musical. Un retour vers Woodstock est permis en révisant des photographies d’Elliott Landy.
Yuri Gulitov, le russe, a travaillé de nouveaux alphabets en cyrillique et c’est à la Rampe que l’on peut suivre ses recherches qui adoptent des démarches très contemporaines. Elles révèlent comme pour les artistes américains leurs racines historiques pop art et contre culture, chez lui c’est une filiation constructiviste.
Les moyens techniques d’aujourd’hui démultiplient les potentialités, mais retrouver les traits de la lithographie chez les uns, des manières de Malevitch chez l’autre, a une saveur rétro délicieuse