En attendant, que ça se calme après les révolutions humaines voire l’Apocalypse, c’est une heure et demie d’intensité que nous offre Angelin Prejlocaj qui a réuni son ballet à celui du Bolchoï avec une scénographie de Sudho Gupta plasticien en vogue et des costumes d’Igor Chapurin qui habilla quelques miss Univers. La musique est de Laurent Garnier que j’ai eu le mauvais goût de confondre avec David Guetta, autre Disc Jockey qui œuvre dans l’électro; par contre j’ai reconnu « le chant des canuts » en version quasi subliminale.
Cette équipe va accroitre la réputation du chorégraphe dont la notoriété devient bien sûr inversement proportionnelle à l’estime que lui vouent les critiques spécialisés.
Je ne me suis pas attaché à des références du livre de l’Apocalypse que je ne connais pas, mais mon regard de néophyte a été capturé par les mouvements : l’harmonie est au rendez-vous de chaque seconde du spectacle, même quand les gestes ne sont pas les mêmes.
On redemande ce bruit et cette fureur sous ces beaux éclairages où une goutte de lumière scintille sur un plateau argenté, où des chaines tombant des cintres vous font bondir avant que les danseurs s’en emparent pour un des moments les plus forts. Les corps emballés dans du plastique sont beaux, et chaud le duo amoureux. Et je ne rechigne pas à la symbolique des livres qui obturent les bouches : autant ils sont émancipateurs en ribambelle autant « Le » livre oppresse au singulier. Les danseurs se jouent des parois, et il n’y a pas que les angelots qui peuvent décoller, nous élever au dessus des trottoirs verglacés. Les groupes se fondent dans de puissantes allégories et deux agneaux aux pattes frêles arrivent sur le plateau après une esthétique lessive des drapeaux. Un ami m’a appris que le pouvoir russe n’avait pas souhaité que leur drapeau figurât parmi les tissus bien rincés.
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