vendredi 15 octobre 2010

La démocratisation est-elle compatible avec une planète durable ?

Les interdictions, les incitations, peuvent-elles faire l’objet d’un consensus politique, bien que ce soient les sociétés civiles qui aient amené les politiques à se poser la question écologique ?
Au forum 2010 de Libé à Lyon, Minc que j’ai trouvé moins horripilant que dans ses interventions télévisées pense bien que " la démocratie c’est la possibilité d’interpellation" et regrette "la régression démocratique due à l’affaiblissement des syndicats qui fragilise le modèle contractuel". Critique par rapport à la démocratie américaine qui se rapproche du tiers monde par certains aspects, il remarque que "là où il y a démocratie, les gens mangent à leur faim".
Bien qu’un polar africain porte ce titre : « La bouche qui mange ne parle pas ».
Cependant les questions écologiques en particulier, apanage des sociétés riches, possèdent leurs réponses à l’international.
Montebourg, moins pontifiant que sur d’autres estrades, se montre convaincant sur ses souhaits d’une 6°république, mais la transparence demandée aux pouvoirs publics, l’émergence de contre-pouvoirs, le mandat unique sonnent comme de pieux vœux aux oreilles de l’adhérent de son parti qui constate que ces pratiques vertueuses ne sont pas vécues ainsi dans toutes les sections.
Alors si: « être plus Mars que Vénus au niveau de l’Europe » échappe à mon champ de compétence, ce devrait être à la portée de chaque citoyen de « participer à la délibération », « chercher à bâtir des compromis », voire « éviter que les élus capitulent face à la technostructure ».
Malheureusement ce qui est du B+A= BA demandé aux autres n’est pas toujours mis en œuvre chez nous.
« C’est un très grand classique socialiste que d’être élégiaque dans le discours et réaliste face à une question empirique » A. Minc. Ben Oui, après tout, il était à l’anniversaire de Martine et à celui de Rocard.
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Canard Enchaîné de cette semaine :
"Qu’a demandé Sarko au pape ? Des Stock-onctions !"

jeudi 14 octobre 2010

Femmes peintres au 16° et 17° siècle en Europe.

On ne nous avait pas tout dit: je viens d'apprendre à une conférence des amis du musée que quelques femmes eurent dans le temps une notoriété.
Judith Leyster, va être influencée par son maître Frantz Hals avec ses buveurs joyeux, ses musiciens expressifs, ses portraits d’enfants très vivants. Ses collègues caravagesques d’Utrecht apporteront une profondeur à ses lumières mais sa peinture « reste dans la dette », bien que la reconnaissance lui soit acquise puisqu’elle aura des élèves masculins. Elle demeure dans les réserves du Louvre.
Elisabeth Sirani de la féconde école de Bologne, installera, elle, une école pour les femmes peintres. Elle était réputée pour exécuter ses œuvres rapidement, sa vie intense fut brève, elle mourut à 27 ans. Ses productions ont souvent pour sujet les femmes.
Clara Peeters est une autodidacte reconnue pour ses natures mortes.
Louise Moillon, la protestante du temps de la révocation de l’Edit de Nantes, arrête sa carrière quand elle se marie, elle dont les fruits magnifiques sont savoureux.
Les compositions florales de Rachel Ruysch jettent les derniers feux d’un genre qui connut une grande faveur.
Au tournant du siècle suivant, Anne Vallayer Coster, fille d’un orfèvre du roi sera logée au Louvre. Admirée par Diderot, elle dirigera le cabinet de dessin de Marie Antoinette ; son tableau des panaches de mer dans l’esprit des cabinets de curiosité est étrange et reste dans la mémoire.
Ces pourtant réacs de frères Goncourt écriront pour le XVIII° qui vient :
« La femme est le principe de gouvernement, la raison qui dirige et la voix qui commande ».
Ce sera pour la prochaine séance de Serge Legat aux amis du musée, avec la plus célèbre Elisabeth Louise Vigée Lebrun.

mercredi 13 octobre 2010

J6. New York : histoire.

Le ciel arbore à nouveau ses couleurs des beaux jours, mais la température prouve qu’on n’est pas encore en été. Notre logeuse met à notre disposition son téléphone pour que nous communiquions avec nos familles et french friends.
Nous sommes contraints de quitter notre Métro bondé pour un problème de portes qui ne ferment pas normalement. Une charmante dame s’inquiète de notre sort et nous oriente pour poursuivre notre chemin, nous ne nous en sortons pas mal après avoir demandé à des employés municipaux rassemblés, vêtus de vert, jaune, orange fluo (sont-ils en grève ?)
Nous nous faufilons avec bonheur dans la queue des propriétaires du sésame Pass City, plus rapide que l’autre file sans billet. Il faut passer un contrôle de sécurité avec portique et vérification des sacs par des machines vidéos, enlever veste, montre, ceinture, vider ses poches, c’est à peine s’il ne faut pas découdre les fermetures éclair tant les engins sont sensibles. Les postes sont nombreux, les policiers diligents et organisés et la foule des touristes s’entasse dans les ferries assez rapidement. Nous nous installons sur le pont supérieur dont les bancs sont inutiles, nous sommes mieux debout pour découvrir la vue du quai et des gratte-ciel que nous laissons dans notre dos, et pour photographier Miss Liberty qui nous regarde approcher.
Le ferry se vide presque entièrement. Nous louons des audio-guides en français pour 7 $ et commençons par contourner la statue de Bartholdi, véritable mastodonte sur son piédestal. Nous devons confier obligatoirement nos sacs à dos à la consigne et devons subir un deuxième contrôle de sécurité qui fait râler ma femme d’ordinaire patiente. Pour la première fois nous testons le portique scanner qui nous propulse de l’air par le bas et nous fait dresser les cheveux sur la tête. Nous enchaînons avec le portique traditionnel avant de pouvoir nous rhabiller. Enfin nous sommes autorisés à pénétrer dans le musée, très bien fait où nous découvrons que Violet Leduc puis Eiffel ont contribué à fabriquer la structure métallique intérieure de la statue, avec une armature suffisamment souple, comme pour les ponts, nécessaire pour affronter la puissance des vents. La statue fait face à la France en signe de reproche envers le manque de libertés sous le règne du « dictateur Napoléon III ».
Nous faisons le tour du monument, et au moment de récupérer les sacs à la consigne, nous sommes refoulés d’urgence vers l’entrée du site, au-delà de l’esplanade au drapeau américain dont l’espace vidé est seulement occupé par une policière et un soldat lourdement armé. On attend la levée de l’alerte pour savoir qu’il s’agissait d’un sac trouvé abandonné : les américains sont chatouilleux sur les questions de sécurité, nous avait- on dit.Le ferry nous transporte à deux brasses de là, à Ellis Island, l’île qui vit passer la multitude des immigrants pauvres (12 millions) du vieux continent entre1892 et 1954. Toujours avec l’audio guide après une coupure repas sandwichs-frites dans une salle du musée, qui servait de réfectoire, nous suivons le périple de l’immigrant débarqué : la salle des bagages, la salle d'enregistrement. Des médecins, postés en haut des marches, faisaient un premier diagnostic en observant comment les immigrants montaient les marches. 2% étaient repoussés.
C’était la porte de la terre promise, au risque d’être écarté par un signe à la craie tracé sur le vêtement. La nourriture paraissait parfois exotique aux nouveaux arrivants ; comme cette polonaise qui engloutit une banane avec la peau, ou cet autre ayant donné son plat aux oiseaux. Etaient refoulés les gens présentant des maladies contagieuses, ainsi se servant de retourne boutons, les médecins vérifiaient-ils les yeux malades.
Tout était prévu pour lâcher ensuite les immigrants à l’aventure : banque, provisions, plan des chemins de fer… Les lieux sont gardés tels quels, avec leurs carrelages muraux blancs et des pans de murs avec graffitis sont conservés. Beaucoup de panneaux présentent des portraits, des bateaux « faisant leur beurre » grâce aux troisièmes classes peu exigeantes en service, mais entassées en grand nombre sans confort. L’exil s’explique par les pogroms, les persécutions en Europe… Nous n’avons pas le temps de finir complètement la visite, la fermeture est proche ainsi que le dernier ferry qui nous mène à Manhattan au Battery Park.
Nous longeons l’Hudson sur une promenade piétonne aménagée bien agréable pour les touristes, les joggers et les chiens tenus en laisse ; nous sommes attirés par un bâtiment en verre à l’intérieur duquel nous apercevons de palmiers. C’est le World Financial Building qui une fois traversé, nous place face à la fosse gigantesque laissée par les tours jumelles. Déjà neuf ans. Plaie qui tarde à cicatriser, vaste chantier qui ne s’élève pas vite. Nous ne voyons aucune marque, aucune indication, aucun commentaire qui retrace la tragédie.
Nous rejoignons à pied Wall Street, la Bourse et la statue de Washington. Nous cherchons le taureau emblème du quartier de la finance, symbole de l’optimisme, au contraire de l’ours, pessimiste, ainsi les investisseurs haussiers ou baissiers. Cette bête puissante et virile en bronze d’Arturo Di Modica inspire les touristes en quête de photos souvenirs.
La nuit tombe, l’obscurité s’installe vite entre les buildings qui rivalisent de richesse et de hauteur.
Nous prenons le chemin du retour par le Métro C.La photo 2 est de Dany et la 3 du musée.

mardi 12 octobre 2010

Broderies. Poulet aux prunes. Marjane Satrapi.

Parce que « parler derrière le dos des autres est le ventilateur du cœur », les bavardages des femmes iraniennes à la fin d’un repas de famille sont rafraichissants. Dans « Broderies », elles ne s’adonnent pas à d’inoffensifs travaux pour dames, mais on apprend que manier l’aiguille peut servir dans certaines circonstances. Les langues sont alertes et dévoilent bien des secrets épicés des couples, avec une liberté étonnante. Nous sommes dans les années 50.
Le dessin est toujours aussi évident, les noirs aussi agréables, le récit familial autour d’un joueur de tar original et dépressif nous intéresse par la grâce de la narration.
« Poulet aux prunes » autre livre doux amer publié par l’association garde ce ton original né de l’intime et nous livrant des images d’une société mal connue.
Nous comprenons que Marjane Satrapi soit devenue une auteure de B.D. majeure.

lundi 11 octobre 2010

Poetry

Mon échantillon n’est pas très étendu, mais je suis frappé par la proportion de films coréens traitant de la culpabilité avec un regard acéré porté sur les familles, c’est le cas d’ailleurs dans le cinéma asiatique en général.
La poésie mise à l’affiche n’est pas nunuche, elle s’inscrit dans un quotidien loin d’être rose.
La belle actrice principale (65 ans) aime les couleurs pastel et les chapeaux élégants, elle illumine ce film par sa douce intensité dans sa recherche des mots justes, malgré un début d’Alzheimer. Seront-ils ceux de la vérité ? Film violent sous des airs paisibles.
Nous prenons le temps de faire notre chemin, loin de nos repères familiers tout en fouillant du côté de nos craintes, de nos lâchetés, vers la vieillesse.

dimanche 10 octobre 2010

"La prairie parfumée où s'ébattent les plaisirs”

En prolongeant l’été dans la cour du vieux Temple, malgré les promesses du titre où il est question d’érotisme en terre d’Islam, difficile d’oublier le sort de Sakineh Mohammadi Ashtiani, l’iranienne menacée de lapidation.
Alors les écrits du XV° siècle du cheikh Nefzaoui mis en scène peuvent apparaître comme des mots lointains échappés d’un livre ancien décoré d’arabesques moyen orientales légèrement surannées.
Le lieu rappelle les proximités du off avignonnais mais il manque un brin de folie, à ce recueil de textes étonnants qui soulèvent le voile avec malice et poésie.
Si les comédiens avaient été maghrébins la pièce aurait moins parue simulée. La valeur des huit acteurs amateurs des « Aériens du spectacle » n’est pas en cause, ni la mise en scène de Gilles Escalona qui offre de jolis moments de spontanéité dans les intermèdes où de jeux dans les contes. D’autres moments souffrent, d’après moi, d’être répétitifs, comme l’énumération des dénominations nombreuses de « l’huis » et de « l’instrument » dont le charme a trop tendance à être indexé sur la dimension.
Il a fait bien bon entendre ces paroles dans des pays dont la religion était venue d’un prophète aux onze épouses, quand des barbus ne conçoivent pas des amoureux « à poil » :
« Ne conjoins la femme qu’après avoir badiné avec elle, jusqu’à ce que son eau soit près de descendre. »
« Quelque soit le chemin que tu prennes pour arriver à la jouissance et au plaisir par le pilonnage, le tapotage sur l’huis, la rencontre des deux touffes et tous les moyens employés pour approvisionner la sensation, les joies les plus savoureuses se trouvent réunies dans l’opération de la conjonction, de l’enfournement. »

samedi 9 octobre 2010

Books.

Le titre principal de ce mensuel, que je découvre à son numéro 16, concerne « les 50 millions d’amis » en évoquant évidemment ceux de Facebook. Mais la toile n’est pas la vie, et l’un des plaisirs de la langue, c’est bien de jouer avec les mots, ses différentes dimensions.Ces amis d'ordi ne font pas écran à ceux de la vie.
« Books est une invitation à la lenteur réflexive, à la prise de distance » tout le contraire des réseaux dits sociaux. Le rédacteur en chef vient de Courrier International, il en adopte la démarche en éclairant l’actualité par les livres du monde. Et c’est le même plaisir qu'avec le référent international qui n’amoindrit pas notre regard sur notre pays mais au contraire l’aiguise. Il n’y a qu’à voir l’image de la France renvoyée par l’étranger. Nos Pujadas et autres larbins en sont ramenés à de plus justes proportions.
Avec la liste de best seller au Pakistan ou en Italie ou le succès d’un Pascal Bruckner aux E.U. nous avons une image de l’état du monde qui dépasse l’anecdote.
Stendhal est vu comme gros et impuissant par un biographe allemand et l’interview de Matt Ridley parait tout à fait iconoclaste : c’est un optimiste !
« La nature humaine n’a pas changé, c’est la culture humaine qui a changé »
« Nous sommes collectivement plus intelligents parce que nous combinons, accumulons et échangeons nos idées plus largement que nos technologies. »

Il est question dans les 100 pages aussi bien de la passion de celui qui fit construire le Taj Mahal, que du précurseur argentin de Truman Capote, tué par la junte, qui mêlait journalisme et récit romanesque.
Une américaine cherche en milieu carcéral à conduire les criminels à regarder leurs actes en face, pour les éloigner d’une récidive inévitable pour les 2/3. Entre 20 et 34 ans, 1 noir sur 9 est en prison.
« … Ce type de technique de justice réparatrice fait de plus en plus l'unanimité, à gauche comme à droite. Tandis que cette démarche est en phase avec les notions conservatrices de responsabilité personnelle certains programmes conservateurs d'inspiration religieuse acceptent l'idée progressiste selon laquelle il faut s'occuper du manque d'instruction et d'opportunités d'emploi.A vrai dire, la principale résistance envers ce type de programmes émane de certains « gauchistes »bien intentionnés mais doctrinaires, qui estiment absurde d'attendre un changement de comportement d'hommes qui continuent de subir le racisme, le chômage, les écoles minables et tout l'héritage des inégalités en Amérique. Certes, les conditions dans lesquelles grandissent nombre d'Africains-Américains sont traumatisantes. Mais l'idée qu'on ne pourra traiter les questions de violence, de drogue, de SIDA tant que « ces gauchistes » simplistes n'auront pas la satisfaction de nous voir vivre tous dans une société égalitaire, voilà qui est en soi une forme de racisme, fondée sur la conviction paternaliste que les êtres ne peuvent modifier leurs comportements individuels et collectifs. Quand les hommes ont le courage de faire face à leur propre violence, ils sont capables de surmonter les situations les plus atroces. Aider les hommes violents à trouver des formes plus constructives d'expression de leur virilité pourrait bien être la manière la plus rapide d'améliorer leur avenir et celui de leurs familles. De toute évidence à plus long terme, ce ne sera là qu'une partie de la solution au problème de la violence. La honte et la culture toxique quelle engendre sont cultivées dans les écoles surpeuplées et inefficaces d'Amérique ; dans une économie qui, en période de croissance, profite surtout aux riches … ».
C’est moi qui ai ajouté des guillemets à « gauchiste ».
Heureusement, un récit d’un écrivain Péruvien nous fait sourire : il donne dix sols dans la rue à un vendeur de livres piratés pour acquérir son propre livre : celui-ci vérifie évidemment si le billet n’est pas faux.
Il est question aussi de failles dans le Darwinisme ou dans la démocratie qui n’est pas toujours le meilleur garant de la paix, de la prospérité, de la liberté… Un texte intéressant sur de Gaulle à l’heure où des profs s’opposent à voir figurer « Les mémoires de guerre » au bac : « A la prochaine alternance, devons nous enseigner… l’essai sur le mariage de Léon Blum ». Une bonne occasion de réviser le beau raccourci de Pierre Assouline : « le génie gaullien a été d’offrir à la nation des mensonges qui élèvent plutôt que des vérités qui abaissent. »