vendredi 6 mars 2009
Dominique Fernandez au Square
A bientôt 80 ans, l’académicien invité à la librairie du Square ( on dit encore « librairie U » voire « l’Université ») est bien vert. Quelle chance de pouvoir écouter le fils de Ramon, s’exprimant avec précision, élégance, humour, simplicité sur son dernier roman : « Ramon ». Histoire d’une famille haute en contrastes et en couleurs, où le père brillant spécialiste de Molière et de Proust, ami de Jean Prévost mort au Vercors, s’est engagé auprès de Doriot au PPF, aux heures noires de la collaboration. Ce mondain abandonnera la mère si provinciale. Dominique leur fils, en fouillant l’énigme de ces vies, décrit la singularité d’une époque, la complexité des liens, les mystères d’un homme, un peu les nôtres ? Duras résistante habitait au troisième étage de l’immeuble dont Fernandez le collabo occupait le quatrième. Le fils de Dominique, qui s’appelle… Ramon, est directeur du trésor, c’est un proche de Nicolas. Il ne nous lâche pas celui là.
jeudi 5 mars 2009
La lumière dans l’art contemporain
Rien que pour cette citation d’Hannah Arendt, la conférence des amis du musée valait le coût« Ces pensées figées, semble dire Socrate, sont tellement pratiques à l’usage qu’on peut s’en servir tout en dormant ; mais si le vent de la pensée, que je vais maintenant se faire lever en vous, vous arrache à votre sommeil, vous réveille pour de bon et vous rend plein de vie, vous verrez que vous n’avez que des incertitudes à quoi vous raccrocher, et ce qu’il y a de mieux à en faire, c’est de les partager avec les autres. »
Comme bien souvent avec l’art contemporain, un détour, cependant un peu long, s’imposait du côté des classiques avec Georges De La Tour, les hollandais du siècle d’or, l’or des icônes, Turner et les meules de foin de Monnet.
A partir de Soulages qui fait sortir les couleurs du noir, le spectateur participe au jaillissement de la lumière. Plaisir de revoir des œuvres comme les récipients en verre de Kounellis ou les projecteurs de Boltanski braqués vers la mémoire.
J’avais bien aperçu des néons dans les musées : ce sont ceux de Dan Flavin, figure majeure de l’art minimal comme dit Wikipédia, stimulant.
Et la pièce remplie de brouillard que j’avais traversée à Lyon, pourrait bien avoir été installée par Mathieu Briand créateur de mondes flottants et émouvants.
Claude Lévèque connaît maintenant la consécration avec le pavillon français à Venise après avoir mis du temps à être reconnu : ses lits au plafond qui ouvraient et concluaient la conférence disent la solitude et la mort.
Mais la révélation forcément fulgurante a été pour moi, la découverte de Walter Di Maria qui a installé dans une zone désolée et très orageuse du nouveau Mexique, 400 poteaux métalliques pour attirer la foudre. Quelle entreprise est plus ambitieuse pour essayer de saisir la lumière qui est le projet de tout photographe, de tout peintre ? Cette entreprise fait de l’artiste le concurrent de Zeus. Prométhée qui s’y était essayé avait mal fini, mais nous a laissé une belle légende.
Comme bien souvent avec l’art contemporain, un détour, cependant un peu long, s’imposait du côté des classiques avec Georges De La Tour, les hollandais du siècle d’or, l’or des icônes, Turner et les meules de foin de Monnet.
A partir de Soulages qui fait sortir les couleurs du noir, le spectateur participe au jaillissement de la lumière. Plaisir de revoir des œuvres comme les récipients en verre de Kounellis ou les projecteurs de Boltanski braqués vers la mémoire.
J’avais bien aperçu des néons dans les musées : ce sont ceux de Dan Flavin, figure majeure de l’art minimal comme dit Wikipédia, stimulant.
Et la pièce remplie de brouillard que j’avais traversée à Lyon, pourrait bien avoir été installée par Mathieu Briand créateur de mondes flottants et émouvants.
Claude Lévèque connaît maintenant la consécration avec le pavillon français à Venise après avoir mis du temps à être reconnu : ses lits au plafond qui ouvraient et concluaient la conférence disent la solitude et la mort.
Mais la révélation forcément fulgurante a été pour moi, la découverte de Walter Di Maria qui a installé dans une zone désolée et très orageuse du nouveau Mexique, 400 poteaux métalliques pour attirer la foudre. Quelle entreprise est plus ambitieuse pour essayer de saisir la lumière qui est le projet de tout photographe, de tout peintre ? Cette entreprise fait de l’artiste le concurrent de Zeus. Prométhée qui s’y était essayé avait mal fini, mais nous a laissé une belle légende.
mercredi 4 mars 2009
Lecture. Faire classe # 23
Il existait jadis dans les bibliothèques un lieu qui recueillait les livres interdits : l’enfer.
Il se paraît ainsi de tous les attraits.
Dans beaucoup de familles le même usage sévissait : il fallait avoir lu quelques classiques avant de dévorer en cachette le moindre Yan Fleming (c’était Bond).
Pour appâter le client, quelques rescapés de ces temps de frustrations et donc d’envies ont pensé mettre le polar à la portée des nourrissons.
Ces briseurs de tabous déjà morts, ces tueurs de fantômes de pimbêches moralisatrices d’un autre siècle, ont disposé en tête de gondole des romans prêts à penser : « ma sœur se drogue », « mon frère est homo », « mon père est ouvrier », « ma mère fait même la cuisine »,« mon grand-père est trotskiste »…
Ils ont été les premiers à souligner que Cendrillon participe à un conte cruel, et que le chaperon persiste en rouge mais ils n’ont jamais tant parlé de littérature enfantine que lorsqu’ils tentaient de l’assassiner.
Les modes d’emploi supplantent la poésie.
Les réponses arrivent avant les questions.
Les prescriptions trop précoces durcissent les consciences.
Si le paradis enfantin tourne parfois au vert, il ne se teint pas en noir total comme Yann Pavloff nous le décrit.
Lecture en CM2:quelques trucs, quelques tics, quelques traces :
- Donner un outil de repérage quantitatif des romans lus, cette liste est un moyen pour dialoguer avec l’élève, et mesure pour beaucoup le chemin parcouru. Il arrivait que des lecteurs en herbe dépassent une centaine d’ouvrages de plus de 100 pages dans une année scolaire. Le nombre de romans lus figurait sur le bilan trimestriel. Peuvent se relever, à part, sur un autre support, les titres des bandes dessinées découvertes. Cela concerne les livres de toute provenance (fond de classe, bibliothèque, maison…)
- A la fin de l’année scolaire dans la classe de CM1 qui passera en C.M. 2 à la rentrée, j’invitais à rédiger une fiche de lecture pour un roman, une sorte de devoir de vacances pour amorcer la liste de l’année à venir. J’exigeais un résumé en trois phrases maximum, différent de la quatrième de couverture, une argumentation pour justifier son choix.
« Comme un roman » de D. Pennac nous aide en donnant le droit de ne pas aimer un livre et de l’abandonner. Alors, il ne reste plus qu’à apprécier.
Il fut fort mal vu à une époque de lire des textes aux élèves et eux-mêmes se devaient de ne pas lire à haute voix. D’avoir traversé tant de modes qui se révélèrent ridicules, j’aurai tendance à cultiver le bon sens volontiers basique donc :
- lire des passages, des pages, des livres aux élèves.
Laissons pour les intervenants extérieurs d’autres taches que celle qui touche au cœur du métier. Nous sommes invités chaque jour à investir (cling !) des domaines nouveaux au rythme des engouements médiatiques d’un jour, et nous délaissons les bases. Tout floue le camp !
« Ah ! La brave petite chevrette, comme elle y allait de bon cœur ! Plus de dix fois, je ne mens pas, Gringoire, elle força le loup à reculer pour reprendre haleine. Pendant ces trêves d’une minute, la gourmande cueillait en hâte encore un brin de sa chère herbe ; puis elle retournait au combat, la bouche pleine… Cela dura toute la nuit. » A.Daudet
A quarante ans, nous sommes en mesure de juger par nous-même que madame Bovary peut accéder au titre de chef-d’œuvre alors que ce fut la bouche de Lagarde et Michard qui l’exprima à l’époque où il fallait émettre sur la question. La culture s‘édifie peu à peu, elle se constitue de beaucoup de reconnaissances, y compris de productions qui nous ont été indifférentes. J’écoute beaucoup mieux des musiques déjà entendues, proposées par des passeurs voire des repasseuses, professeurs à plein temps. Quel plaisir de s’appuyer sur des références, mesurer les évolutions ! Nos goûts présumés personnels se mitonnent avec les conformismes de l’heure.
De garder trop le nez dans les livres, « on se fait des films » où l’on se voit volontiers en tant que membre d’une caste en voie de disparition mais tellement distinguée. Si la fréquentation des librairies, des bibliothèques devient moins naturelle, nous perdrons de nos capacités à approfondir le temps, à peser subtilement nos connaissances des humains. Les brillances des écrans appellent la vitesse, les ricanements.
Dans des lieux dits d’expérimentations, les enfants apprenaient, disait-on, à cuire des gâteaux en classe alors que les parents étaient invités à installer l’apprentissage de la lecture après leurs heures de travail. Il leur était recommandé de montrer l’exemple de leur appétit de lecture. Est-ce que l’usage du livre, du journal est en voie d'épuisement chez les enseignants ? Où les intellectuels du terrain vont-ils aller pour happer des idées, des réflexions, des certitudes ?
Tragique impudence des mots quand nous employons le même terme « illettrisme » pour désigner les enfants dans le monde qui ne savent pas lire parce que leur pères achètent plus volontiers des armes que des crayons et pour les nôtres pour qui l’activité d’apprentissage est contrariante. Il faudra leur dire que le savoir est une arme. La corrélation entre le développement d’un pays et son taux d’alphabétisation n’est-elle pas assez évidente que le pourcentage d’enfants ne maîtrisant pas bien la lecture ne suscite pas plus d’indignation !
Pour notre zone hors les murs de la ville centre, le travail soutenu par les bibliothécaires assure une continuité entre l’école et ce pôle culturel du quartier. L’apprentissage du bon usage de la bibliothèque favorise les recherches personnelles, arase les différences sociales avec des animations inventives et riches, le suivi de prêts. Nous avons mené des défis lecture accélérateurs.
- Défi lecture : pendant une période de deux mois un lot d’une vingtaine de livres en double exemplaire est mis à la disposition des élèves séparés en deux équipes. Les compétiteurs doivent élaborer des questions pour leurs rivaux. Peut se jouer avec une classe parallèle, les correspondants…
Deux temps forts closent la période : l’un festif accompagné de sirop et bonbons présenté sous forme de jeu (« trivial pursuit », « question pour un champion »…) avec buzzer et applaudissements, les deux équipes s’affrontent collectivement en une mobilisation joyeuse.
L’autre dans les rites scolaires où s’évalue l’efficacité de lecture à travers quatre questions pour cinq livres (dont des B.D.). Chaque élève reçoit sa liasse de questions personnalisées.
La proximité de la bibliothèque intégrée à la maison d’école facilitait les demi-groupes propices à des entretiens individuels autour du livre que l’élève détenait pour l’heure dans son île.
- Chaque semaine amène son quatre pages de lecture silencieuse autour de thèmes liés au calendrier : rentrée des classes, Noël, 1er avril et 1er mai et des sujets abordés dans d’autres matières : les planètes, la poste, Napoléon, l’appareil photo… pour varier les types de textes : dialogues, recettes, documentaires, mode d’emploi, articles de journaux, récits qui engagent à des corrections tout au long de la semaine. Une corbeille reçoit tous les travaux exécutés dans un délai d’une semaine. Les questionnaires recueillis sont corrigés dès leur dépôt. Pour ceux qui ont attendu la dernière échéance et ceux qui n’ont pas apporté les réponses satisfaisantes : correction collective. Les autres bénéficient tranquillement d’un temps de lecture libre.
Des livres en lecture suivie s’étalent sur une quinzaine de jours voire un mois pour avancer au rythme de la classe : « L’œil du loup » de Pennac, l’inusable « Claudine de Lyon » de Marie Christine Helgerson captive toujours mes C.M. 2 : 1880 dure condition d’une petite fille de canuts, son désir d’école…
Quels livres pour les jeunes lecteurs ? :
Certes le marché regorge de produits à la recherche d’un créneau, leur style court après la dernière mode et se démode ainsi « hyper »vite : ces clips de papier ne mènent nulle part. Sûrement pas à la littérature, celle qui nous élève au-dessus de notre ombre, de nos soucis immédiats, qui nous donne les clefs pour comprendre le monde, enchanter nos jours. Heureusement il est de belles réussites sensibles, attractives, où l’auteur ne prête pas systématiquement aux enfants ses « à priori » d’adultes.
La semaine prochaine sur le blog une liste de livres pour les écoliers.
Il se paraît ainsi de tous les attraits.
Dans beaucoup de familles le même usage sévissait : il fallait avoir lu quelques classiques avant de dévorer en cachette le moindre Yan Fleming (c’était Bond).
Pour appâter le client, quelques rescapés de ces temps de frustrations et donc d’envies ont pensé mettre le polar à la portée des nourrissons.
Ces briseurs de tabous déjà morts, ces tueurs de fantômes de pimbêches moralisatrices d’un autre siècle, ont disposé en tête de gondole des romans prêts à penser : « ma sœur se drogue », « mon frère est homo », « mon père est ouvrier », « ma mère fait même la cuisine »,« mon grand-père est trotskiste »…
Ils ont été les premiers à souligner que Cendrillon participe à un conte cruel, et que le chaperon persiste en rouge mais ils n’ont jamais tant parlé de littérature enfantine que lorsqu’ils tentaient de l’assassiner.
Les modes d’emploi supplantent la poésie.
Les réponses arrivent avant les questions.
Les prescriptions trop précoces durcissent les consciences.
Si le paradis enfantin tourne parfois au vert, il ne se teint pas en noir total comme Yann Pavloff nous le décrit.
Lecture en CM2:quelques trucs, quelques tics, quelques traces :
- Donner un outil de repérage quantitatif des romans lus, cette liste est un moyen pour dialoguer avec l’élève, et mesure pour beaucoup le chemin parcouru. Il arrivait que des lecteurs en herbe dépassent une centaine d’ouvrages de plus de 100 pages dans une année scolaire. Le nombre de romans lus figurait sur le bilan trimestriel. Peuvent se relever, à part, sur un autre support, les titres des bandes dessinées découvertes. Cela concerne les livres de toute provenance (fond de classe, bibliothèque, maison…)
- A la fin de l’année scolaire dans la classe de CM1 qui passera en C.M. 2 à la rentrée, j’invitais à rédiger une fiche de lecture pour un roman, une sorte de devoir de vacances pour amorcer la liste de l’année à venir. J’exigeais un résumé en trois phrases maximum, différent de la quatrième de couverture, une argumentation pour justifier son choix.
« Comme un roman » de D. Pennac nous aide en donnant le droit de ne pas aimer un livre et de l’abandonner. Alors, il ne reste plus qu’à apprécier.
Il fut fort mal vu à une époque de lire des textes aux élèves et eux-mêmes se devaient de ne pas lire à haute voix. D’avoir traversé tant de modes qui se révélèrent ridicules, j’aurai tendance à cultiver le bon sens volontiers basique donc :
- lire des passages, des pages, des livres aux élèves.
Laissons pour les intervenants extérieurs d’autres taches que celle qui touche au cœur du métier. Nous sommes invités chaque jour à investir (cling !) des domaines nouveaux au rythme des engouements médiatiques d’un jour, et nous délaissons les bases. Tout floue le camp !
« Ah ! La brave petite chevrette, comme elle y allait de bon cœur ! Plus de dix fois, je ne mens pas, Gringoire, elle força le loup à reculer pour reprendre haleine. Pendant ces trêves d’une minute, la gourmande cueillait en hâte encore un brin de sa chère herbe ; puis elle retournait au combat, la bouche pleine… Cela dura toute la nuit. » A.Daudet
A quarante ans, nous sommes en mesure de juger par nous-même que madame Bovary peut accéder au titre de chef-d’œuvre alors que ce fut la bouche de Lagarde et Michard qui l’exprima à l’époque où il fallait émettre sur la question. La culture s‘édifie peu à peu, elle se constitue de beaucoup de reconnaissances, y compris de productions qui nous ont été indifférentes. J’écoute beaucoup mieux des musiques déjà entendues, proposées par des passeurs voire des repasseuses, professeurs à plein temps. Quel plaisir de s’appuyer sur des références, mesurer les évolutions ! Nos goûts présumés personnels se mitonnent avec les conformismes de l’heure.
De garder trop le nez dans les livres, « on se fait des films » où l’on se voit volontiers en tant que membre d’une caste en voie de disparition mais tellement distinguée. Si la fréquentation des librairies, des bibliothèques devient moins naturelle, nous perdrons de nos capacités à approfondir le temps, à peser subtilement nos connaissances des humains. Les brillances des écrans appellent la vitesse, les ricanements.
Dans des lieux dits d’expérimentations, les enfants apprenaient, disait-on, à cuire des gâteaux en classe alors que les parents étaient invités à installer l’apprentissage de la lecture après leurs heures de travail. Il leur était recommandé de montrer l’exemple de leur appétit de lecture. Est-ce que l’usage du livre, du journal est en voie d'épuisement chez les enseignants ? Où les intellectuels du terrain vont-ils aller pour happer des idées, des réflexions, des certitudes ?
Tragique impudence des mots quand nous employons le même terme « illettrisme » pour désigner les enfants dans le monde qui ne savent pas lire parce que leur pères achètent plus volontiers des armes que des crayons et pour les nôtres pour qui l’activité d’apprentissage est contrariante. Il faudra leur dire que le savoir est une arme. La corrélation entre le développement d’un pays et son taux d’alphabétisation n’est-elle pas assez évidente que le pourcentage d’enfants ne maîtrisant pas bien la lecture ne suscite pas plus d’indignation !
Pour notre zone hors les murs de la ville centre, le travail soutenu par les bibliothécaires assure une continuité entre l’école et ce pôle culturel du quartier. L’apprentissage du bon usage de la bibliothèque favorise les recherches personnelles, arase les différences sociales avec des animations inventives et riches, le suivi de prêts. Nous avons mené des défis lecture accélérateurs.
- Défi lecture : pendant une période de deux mois un lot d’une vingtaine de livres en double exemplaire est mis à la disposition des élèves séparés en deux équipes. Les compétiteurs doivent élaborer des questions pour leurs rivaux. Peut se jouer avec une classe parallèle, les correspondants…
Deux temps forts closent la période : l’un festif accompagné de sirop et bonbons présenté sous forme de jeu (« trivial pursuit », « question pour un champion »…) avec buzzer et applaudissements, les deux équipes s’affrontent collectivement en une mobilisation joyeuse.
L’autre dans les rites scolaires où s’évalue l’efficacité de lecture à travers quatre questions pour cinq livres (dont des B.D.). Chaque élève reçoit sa liasse de questions personnalisées.
La proximité de la bibliothèque intégrée à la maison d’école facilitait les demi-groupes propices à des entretiens individuels autour du livre que l’élève détenait pour l’heure dans son île.
- Chaque semaine amène son quatre pages de lecture silencieuse autour de thèmes liés au calendrier : rentrée des classes, Noël, 1er avril et 1er mai et des sujets abordés dans d’autres matières : les planètes, la poste, Napoléon, l’appareil photo… pour varier les types de textes : dialogues, recettes, documentaires, mode d’emploi, articles de journaux, récits qui engagent à des corrections tout au long de la semaine. Une corbeille reçoit tous les travaux exécutés dans un délai d’une semaine. Les questionnaires recueillis sont corrigés dès leur dépôt. Pour ceux qui ont attendu la dernière échéance et ceux qui n’ont pas apporté les réponses satisfaisantes : correction collective. Les autres bénéficient tranquillement d’un temps de lecture libre.
Des livres en lecture suivie s’étalent sur une quinzaine de jours voire un mois pour avancer au rythme de la classe : « L’œil du loup » de Pennac, l’inusable « Claudine de Lyon » de Marie Christine Helgerson captive toujours mes C.M. 2 : 1880 dure condition d’une petite fille de canuts, son désir d’école…
Quels livres pour les jeunes lecteurs ? :
Certes le marché regorge de produits à la recherche d’un créneau, leur style court après la dernière mode et se démode ainsi « hyper »vite : ces clips de papier ne mènent nulle part. Sûrement pas à la littérature, celle qui nous élève au-dessus de notre ombre, de nos soucis immédiats, qui nous donne les clefs pour comprendre le monde, enchanter nos jours. Heureusement il est de belles réussites sensibles, attractives, où l’auteur ne prête pas systématiquement aux enfants ses « à priori » d’adultes.
La semaine prochaine sur le blog une liste de livres pour les écoliers.
mardi 3 mars 2009
Derniers flocons
Les poètes ne sont pas pareils :
« Ah ! revienne l’automne, et revienne l’hiver
La mer déserte et grise
Avec ses îles nues
Et les nuages qui se déplacent
Dans un ciel sans éclat. » Louis Brauquier
A la recherche de poèmes sur l’hiver qui s’est bien fait et qui s’en va, la question :
« Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir?" est de François Coppée (Non, pas Jean François !)
Le saule sur la tombe de Musset n’a jamais vraiment pris, et les laboureurs ont disparu, pourtant ces disputes atmosphériques ont de l’allure :
« Du pauvre mois de mars il ne faut pas médire,
Bien que le laboureur le craigne justement :
L’univers y renaît ; il est vrai que le vent,
La pluie et le soleil s’y disputent l’empire.
Qu’y faire ? Au temps des fleurs, le monde est un enfant ;
C’est sa première larme et son premier sourire… »
Alfred de Musset
« Ah ! revienne l’automne, et revienne l’hiver
La mer déserte et grise
Avec ses îles nues
Et les nuages qui se déplacent
Dans un ciel sans éclat. » Louis Brauquier
A la recherche de poèmes sur l’hiver qui s’est bien fait et qui s’en va, la question :
« Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir?" est de François Coppée (Non, pas Jean François !)
Le saule sur la tombe de Musset n’a jamais vraiment pris, et les laboureurs ont disparu, pourtant ces disputes atmosphériques ont de l’allure :
« Du pauvre mois de mars il ne faut pas médire,
Bien que le laboureur le craigne justement :
L’univers y renaît ; il est vrai que le vent,
La pluie et le soleil s’y disputent l’empire.
Qu’y faire ? Au temps des fleurs, le monde est un enfant ;
C’est sa première larme et son premier sourire… »
Alfred de Musset
lundi 2 mars 2009
Combalimon
Le film de Mathié Raphaël va pâtir de la sortie récente de « la vie moderne » de Depardon, pourtant son reportage était visible un an avant celui du bourguignon au festival de Cannes. Un paysan de Corrèze a demandé au cinéaste de transmettre des images de son coin d’humanité qui meurt. Il avait bien essayé de sortir de sa solitude, et avait marié une camerounaise qui n’est pas restée. Chronique de la fin d’un monde. Des lumières, les chiens, et des questions éternelles au fil des saisons qui ne peuvent que tendre à l’économie de paroles.
dimanche 1 mars 2009
Cabrel : des roses et des orties.
Après le Souchon des villes, le Cabrel des champs.
Le meilleur vendeur français 2008 a livré un dernier album, bien accueilli, après quatre ans de maturation.
Quelques accents de flamenco, le troubadour gascon contente son public d’images simples :la vie est faite de roses et d’orties. A voir sur Daily motion, les clips de ses aficionados, type calendrier des postes où quand il est question de fruits, la corbeille est là, mon œil critique s’écarquille.
Et en même temps je m’en veux de ne pas me laisser aller à l’innocence des halos sur prairies fleuries.
« On est lourd, tremblant comme des flammes de bougies »
Je ne sais si je dois saluer la sincérité ou repérer la facilité.
La recherche de la rime peut amener à des tableaux enluminés, plus qu’à un réel qui risquerait d’être brutal
« Adossé à un chêne liège, je descendais quelques arpèges, par un après midi pluvieux ».
Humide et inconfortable, pourtant la mélodie vous embobine.
Nous avons besoin de ces accents nostalgiques où glisse « le manteau de l’enfance » même si l’image est mal ajustée. Ces « cardinaux en costume » indifférents au monde qui saigne, ce n’est pas nous, toutefois les illusions sont évanouies : « les chansons se fanent ».
« Les gens nous aiment et puis nous laissent
Et c’est sans doûte mieux »
Le meilleur vendeur français 2008 a livré un dernier album, bien accueilli, après quatre ans de maturation.
Quelques accents de flamenco, le troubadour gascon contente son public d’images simples :la vie est faite de roses et d’orties. A voir sur Daily motion, les clips de ses aficionados, type calendrier des postes où quand il est question de fruits, la corbeille est là, mon œil critique s’écarquille.
Et en même temps je m’en veux de ne pas me laisser aller à l’innocence des halos sur prairies fleuries.
« On est lourd, tremblant comme des flammes de bougies »
Je ne sais si je dois saluer la sincérité ou repérer la facilité.
La recherche de la rime peut amener à des tableaux enluminés, plus qu’à un réel qui risquerait d’être brutal
« Adossé à un chêne liège, je descendais quelques arpèges, par un après midi pluvieux ».
Humide et inconfortable, pourtant la mélodie vous embobine.
Nous avons besoin de ces accents nostalgiques où glisse « le manteau de l’enfance » même si l’image est mal ajustée. Ces « cardinaux en costume » indifférents au monde qui saigne, ce n’est pas nous, toutefois les illusions sont évanouies : « les chansons se fanent ».
« Les gens nous aiment et puis nous laissent
Et c’est sans doûte mieux »
samedi 28 février 2009
Main basse sur l’école.
Eddy Khaldi est venu présenter son livre écrit avec Muriel Fitoussi à l’amphithéâtre de l’IUFM à l’invitation du cercle laïque de l’agglomération grenobloise. Les cheveux blancs dominaient dans l’assistance, même si un des derniers jeunes professeurs des écoles stagiaires de retour de manif est venu préciser le sens de leur lutte en illustration de la gravité des attaques adressées à l’école publique.
Nous avons le tournis devant l’avalanche des réformes, mais c’est une stratégie qui vient de loin, pas de l’improvisation : une déconstruction cohérente du service public. Agir vite, pour échapper à la confrontation avec les enseignants tenus dans le plus grand mépris au plus haut de l’état (voir le Canard Enchaîné de cette semaine).
Sous le beau nom de « créateurs d’école » depuis 1991, la droite des héritiers du club de l’horloge, dans son identité la plus décomplexée, prépare la remise en cause de la carte scolaire.
La gauche, complexée, refuse le débat idéologique, et c’est ainsi que le seul thème de la présidentielle- même pas approfondi- concernant l’école a été : la carte scolaire.
L’école privée n’est plus une variable d’ajustement : dans notre région, autant de Lycées professionnels dans le public que dans le privé. Le modèle institutionnel du privé devient la référence. Où en parle-t-on ? L’état français finance un lycée Jean Paul II (ils osent tout) à Sartrouville alors que les lycées sont la prérogative des régions. Un exemple où l’état favorise ses concurrents. J’ai révisé quelques une de mes idées reçues, pensant que ce n’était plus un problème, les curetons se raréfiant, mais dans la galaxie des organisations qui ont préparé cette révolution, il y a l’Opus Dei. Il y a encore 500 communes avec une école privée et pas de publique, les effectifs dans le privé sont en général plus faibles et la taille des établissements plus petits. Alors que les établissements publics sont sommés d’être autonomes, le privé en réseau est réactif puisqu’il n’est pas soumis aux obligations du public. Certains vont offrir des préparations à la formation de professeur du public. On pourrait croire que les ultras libéraux baisseraient d’un ton dans la période, pas du tout, ils sont au cœur de l’état sarkozien, avec le secours des ultras conservateurs qui tiennent le discours vantant l’école d’antan.
L’ancien IA de l’Isère a été limogé, après avoir été déplacé. Tout est calme.
Nous avons le tournis devant l’avalanche des réformes, mais c’est une stratégie qui vient de loin, pas de l’improvisation : une déconstruction cohérente du service public. Agir vite, pour échapper à la confrontation avec les enseignants tenus dans le plus grand mépris au plus haut de l’état (voir le Canard Enchaîné de cette semaine).
Sous le beau nom de « créateurs d’école » depuis 1991, la droite des héritiers du club de l’horloge, dans son identité la plus décomplexée, prépare la remise en cause de la carte scolaire.
La gauche, complexée, refuse le débat idéologique, et c’est ainsi que le seul thème de la présidentielle- même pas approfondi- concernant l’école a été : la carte scolaire.
L’école privée n’est plus une variable d’ajustement : dans notre région, autant de Lycées professionnels dans le public que dans le privé. Le modèle institutionnel du privé devient la référence. Où en parle-t-on ? L’état français finance un lycée Jean Paul II (ils osent tout) à Sartrouville alors que les lycées sont la prérogative des régions. Un exemple où l’état favorise ses concurrents. J’ai révisé quelques une de mes idées reçues, pensant que ce n’était plus un problème, les curetons se raréfiant, mais dans la galaxie des organisations qui ont préparé cette révolution, il y a l’Opus Dei. Il y a encore 500 communes avec une école privée et pas de publique, les effectifs dans le privé sont en général plus faibles et la taille des établissements plus petits. Alors que les établissements publics sont sommés d’être autonomes, le privé en réseau est réactif puisqu’il n’est pas soumis aux obligations du public. Certains vont offrir des préparations à la formation de professeur du public. On pourrait croire que les ultras libéraux baisseraient d’un ton dans la période, pas du tout, ils sont au cœur de l’état sarkozien, avec le secours des ultras conservateurs qui tiennent le discours vantant l’école d’antan.
L’ancien IA de l’Isère a été limogé, après avoir été déplacé. Tout est calme.
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