mercredi 8 octobre 2008
« Entre les murs » : au-delà.
Quelques mots encore autour du film de Laurent Cantet qui a déjà apporté quelques pièces rares au paysage cinématographique français (« Ressources humaines »).
Le personnage du principal me plaît bien, avec sa façon de parler toujours maîtrisée. Le regard qu’il porte sur sa communauté éducative n’est dénué ni de lucidité ni d’humour. Quant à sa position vis-à-vis des élèves, s’il n’a pas les oripeaux de la branchitude, il a plus de respect à leur égard que bien des démagogues, cependant rares dans ces portraits. Je suis volontiers le professeur d’histoire géo qui se veut plus cadrant au départ pour éviter les débordements qui se fracassent au bout des renoncements. Il préfère prévenir que sévir trop tard.
Le film aurait pu titrer : « malentendus » tant les mots font barrage entre tous les partenaires de l’école. « Ma mère s’excuse en mon nom » traduit l’élève exclu. Médiateurs, traducteurs, les mots à qui sont-ils ?
Cette affaire de tchatche me taraude depuis nos revendications de lycéens en 68. Nous avions demandé un bac à l’oral le déguisant ainsi de vertus démocratiques alors que ceux qui avaient l’aisance du verbe, le devaient plus à leur assurance de classe sociale qu'à leur travail dans des classes surchargées. Plus tard, les mots des praticiens des mouvements pédagogiques, une fois récupérés par ceux qui allaient s’abstraire du brouhaha des classes, ont perdu bien du sens en route. Ce qui était le fruit de libres démarches a tourné au pathétique bureaucratique quand le conformisme s’en empara. Lorsque la norme « papa cool » s’est imposée auprès des pères arrivant du bled, ceux-ci privés de leur ceinturon en ont perdu leur dignité. Les mots - ces pétasses - n’échappent pas à leur contexte.
lundi 6 octobre 2008
« Entre les murs » : vrai de vrai.
J’avais aimé la vérité du livre (dans mes archives au mois de mai). D’emblée je m’oblige à réviser une de mes opinions quasiment inaltérable qui consiste à trouver un film forcément moins profond que le roman : c’est un plaisir différent, mais j’ai vraiment apprécié la sincérité du film. Et pourtant ce n’était pas gagné ! La saturation médiatique m’avait fait reculer jusque là.La prof honoraire avec qui j’ai partagé ces bons moments d’émotion avait plutôt envie de rempiler à la sortie tant les situations appellent l’empathie, voire des corrections de certaines maladresses. Reprendre l’éternelle cape qui nous permet de croire que nous pouvons agir sur le cours des choses, voire du cours… tout court. Essayer de s’y prendre autrement : bien malin qui pourrait mieux faire. Je parle d’un autre temps, d’autres lieux, mais j’étais plus exigeant avec mes CM2 dans leur expression écrite que ce prof avec ses quatrièmes. Parmi les nombreux articles consacrés au film, la phrase de Montessori « Il faut se mettre à la portée des élèves, pas à leur niveau » me paraît vraiment juste. Mais le bon mot « entre quatre planches » s’il convient à décrire le sort réservé à l’école par Sarkos, ne peut s’appliquer au collège Dolto vivement décrit dans ce film. C’est tout le contraire la vie, l ’énergie, les promesses de la jeunesse qui débordent ! Bel hommage aux professeurs, comme dans « Etre et avoir », ils ne sont pas parfaits mais humains, pas caricaturés ni idéalisés : des travailleurs qui font au mieux, loin des démagogies. Inutile de citer les meilleures scènes ; le mieux c’est d’aller voir. Mais si…une: le défilé des parents, très juste. « Entre les murs » pourrait signifier une étanchéité au monde ; en quelques plans, les murs de la classe ne sont plus : le monde et sa misère déboulent, avec ses faux espoirs, ses contradictions, ses incompréhensions. Il a toujours été là. Bégaudeau a cessé d’être prof, ma copine avait envie d’assurer le remplacement. Le temps d’un film.
Forum de Libé : Vivement l’année prochaine
Je viens de terminer la mise en blog de dix comptes-rendus des débats du forum Libération. Privilège de la retraite : trois jours pleins à écouter de belles machines intellectuelles qui ont du temps pour développer leurs pensées. Si ça pouvait être contagieux ! Même si l’excitation d’être à proximité de l’endroit où se fabrique l’information (studios de France Culture, Inter, Isère) a réveillé le badaud qui ne sommeillait pas en moi, à qui l’on souffle : « t’as vu, y a Jack Lang qui se fait prendre en photo». Ce n’est plus la ronde des petites phrases, mais des cohérences qui se frottent, et ce n’est pas rien quand Edgar Morin, plus en forme que l’an dernier, déploie ses grands bras : de la pensée, du temps, de la politique incarnés. Des occasions de voir se rencontrer ceux qui ne sont pas d’accord : la démocratie, c’est le débat. Cette année, l’actualité venait accélérer l’urgence d’une pensée qui dépasse le paradoxe d’une société de plus en plus balkanisée, émiettée, enfermée par les marqueurs religieux, ethniques, en guise de résistance à l’homogénéisation. Le message D’Edgar Morin pour clore ces journées tiendrait sur une assiette décorative à poser au dessus de nos cheminées :
« ajouter de la vie à nos jours, plutôt que des jours à notre vie ». Son exposé avait les mots de l’optimisme, mais je n’ai pu me défaire d’un sentiment de mélancolie dans ses voeux destinés à la gauche qui devrait plus énoncer que dénoncer ; quand je pense que Nombril 1er avait saisi le terme de Morin, « une politique de civilisation », le temps d’un discours. Non ce n’était pas devant le MEDEF ; je ne me souviens plus. Des apprentis qui viennent de siffler son nom, sont oublieux aussi.
Pour conclure avec un peu d’amplitude et faire mine de convaincre des amis dévoreurs de livres que ces journées ne sont pas si vaines : dans ses échanges avec Houellebecq, Bernard Henry Lévy va chercher Haïm de Volozine qui a écrit « l'Ame de la vie » qui dit en substance : « à quoi servent, non pas exactement les livres, mais le Livre ? à quoi bon ces siècles passés, dans les maisons d’études, à pinailler sur des points d interprétation de la Loi dont nul n'aura le dernier mot ? à empêcher que le monde ne s’écroule ; à éviter qu'il ne tombe en ruine et en poussière ; car Dieu a créé le monde , mais aussitôt, il s'en est retiré , il l'a abandonné à lui-même et à ses forces d'autodestruction ; en sorte que seule l'Etude, seules ses lettres de feu projetées en colonnes vers le ciel peuvent l'empêcher de se dé créer et faire qu'il reste debout - les Commentaires, en d'autres termes, ne sont pas les reflets mais les piliers d'un monde qui, sans cela, retournerait au néant ; les livres sont, non le miroir, mais les poutres de l’ univers ; et c est pourquoi il est si important que subsistent des écrivains. »
samedi 4 octobre 2008
Mondialisation et repli identitaire.
Les crises financières, écologiques, guerrières, en s’aggravant accélèrent elles une renaissance ? Il faudra, au forum de Libé, plus d’un artiste aussi profond soit-il (Bilal) et plus qu’un philosophe aussi brillant (P.Viveret) pour que de la larve surgisse le papillon. Le dessinateur tragique entre en résonance avec le théoricien dont la cohérence force l’admiration. Nous révisons, lors de ce dernier débat à la MC2, l’analyse transactionnelle qui repère les messages guerriers jusqu’à l’intime (« dépêche toi, sois fort, fais des efforts ») et les prescriptions (« sois parfait, fais plaisir »). Le capitalisme autoritaire (DCD) comme Dérégulation, Compétition, Délocalisation, est en train de mourir. La refondation d’une mondialisation dérégulée en une mondialité ne sera pas suffisante, pas plus que la qualification de nos dirigeants au cynisme destructeur, en grands malades du pouvoir. L’économie de marché est sortie de son lit et la société s’est marchandisée à outrance. Développement local et coopération combinés peuvent être des réponses. Mais quand les captateurs de sens allument leurs cierges, les lumières des résistants créateurs me semblent bien ténues à côté !
« Afterschool » Antonio Campos
Quand les images ont mangé les mots. Film d’un réalisateur de 24 ans, dérangeant donc important. Bien sûr c’est du cinéma, du bon d’ailleurs mais je m’en veux de ma candeur quand j’en suis à découvrir encore un degré de plus dans la gravité de la crise de notre société. Comme si des fonds pourris (hedge fund) des subprimes étaient entrés aussi dans le coeur de notre jeunesse. Dans une école de la côte Est des Etats Unis, la mort de jeunes filles survient, moins explosive que dans « Eléphant »( massacre de Columbine) mais au bout d’un ennui paresseux : overdose. L’école privée nuit gravement à la vérité : comment l’hypocrisie dans cet univers confortable constitue le vernis d’une société minée de l’intérieur avec sa jeunesse sans espoir. Une réflexion efficace sur le cinéma et le montage, sur le flux des images par internet où la pendaison D’Hussein se confond avec des scènes pornos, ou des rigolades. Triste monde où il ne reste que les pirouettes des artistes pour avaler les potions amères. A voir.
jeudi 2 octobre 2008
La religion du progrès
Tel était le titre alléchant du débat de Libé opposant Michel Taubmann qui jouait au nostalgique du temps où les hommes s’émerveillaient de marcher sur la lune, face à Alain Gras, bedeau de la religion de la décroissance. Il faudra éviter de dire que le combat fut prométhéen, car celui qui vola le feu aux dieux est mis à l’index, comme les lumières qui qualifièrent un siècle. Sale temps pour les rationalistes où la pensée scientifique est jetée par-dessus bord avec l’eau nauséabonde des dégâts d’un progrès marchandisé. Les tarots dépassent des manches de celui qui parle du pétrole comme « le sang du diable », quand il appelle la poésie au secours d’une dénonciation fondamentale de la place même de l’homme dans la nature. Le choix des énergies fossiles (le feu) pour une société ivre de pouvoir est funeste pour ceux qui poussent la modestie à considérer l’homme à peine mieux qu’une blatte, et la machine à laver comme bien peu indispensable. Le confort acquis grâce aux techniques, les avancées pour soigner nos corps ne conduisent même pas à la nuance les prêcheurs appelant à une sobriété drastique : les monstres peuplant leurs imagiers sont tellement plus expressifs. La passion contre la raison, la nature contre la culture. « Back to the trees » : j’en ai frôlé ce matin là, ils dénoncent sans répit les lobbies, mais imposent leurs thématiques. Ils gagneraient en crédibilité, à se montrer moins volontiers punitifs, mais leur pureté serait en péril. Une croissance « autolimitée » serait plus atteignable qui conserverait le monde autant qu’elle le transformerait.
mercredi 1 octobre 2008
Matériel (« Faire classe » # 4)
Service de table pour 24 convives :
- chaque écolier possède plusieurs porte-vues pour insérer des quatre pages (un A3 recto verso plié en deux) : un pour la lecture, un autre pour la géométrie, un pour le vocabulaire. Les feuillets baladeurs se raréfient. Ils séjournent provisoirement dans la pochette qui voyage dans le cartable, de l’école à la maison, afin de révisions.
Une mode pédagogique voulait à une époque qu’un livret d’orthographe par exemple suive l’apprenant tout au long d’un cycle pour assurer une cohérence, mais au bout d’un an il se sent parfois un peu chiffon. Je crois plus à l’impulsion d’un état de grâce qui se renouvelle chaque année avec le cahier aux pages vierges et les bonnes intentions à neuf.
- Un classeur classique reçoit les quatre pages en histoire, géo, sciences, éducation civique.
- Le bloc sténo pour les tâtonnements évite le gaspillage de belles feuilles.
- Correction quotidienne d’un cahier de maths, de français qui recueillent les exercices rédigés. Première page customisée par chaque élève qui s’approprie ainsi son outil de travail. Il n’y a plus de photocopies ici qui entreraient dans la composition d’un super Big Mac de papier.
Je mettais un point d’honneur à ce que les documents distribués par ailleurs aux élèves ne comportent pas cette marge noire qui trahit « l’occupationnel » de coin de table. Le soin apporté à la préparation engendrera le soin de ceux à qui sont destinés tous ces exercices les plus variés possibles qui puisent à des manuels hétéroclites, aux sites les plus divers pour éviter la modélisation, le formalisme, la routine, la réponse mécanique.
- Les livrets thématiques de facture soignée peuvent être complétés rapidement de quelques terminaisons, barbouillées au surligneur ou complétées de croix, de flèches et de liens afin d’aguerrir les apprentis en leurs exercices d’entraînement rapides.
Des recueils de poèmes, de contes complètent cette petite bibliothèque usinée par les années. Ces livrets d’entraînement construisent une face speed des apprentissages avant la lenteur des inscriptions appliquées.
Ils ne constituent pas une individualisation pure et dure du travail mais ménagent, ce qui fut un slogan de France Inter, les pleins et les déliés.
Lorsque j’ai pu mettre à la disposition des enfants suffisamment de matériel (livres, fichiers, magazines, objets renouvelés dans le musée de la classe, apports de la maison, jeux…) accessibles quand le travail obligatoire est fini, j’ai gagné en sérénité dans la gestion de la classe. Quoi de plus fort que ces moments où chacun est à son œuvre ! Les véloces ne sont plus vacants, les lents s’activent.
Les programmations pensées à l’avance peuvent accueillir l'imprévu, l’ordre rassurant des mécaniques bien huilées permet de goûter la liberté ; les limites du collectif laissent dire les timidités individuelles.
Les contraintes m’ont libéré, moi qui étais naguère plus soumis à l’improvisation au gré des intérêts, que je percevais, des enfants. Elles m’ont permis d’équilibrer les matières, de respecter ce qui est prévu pour vivre la variété, multiplier les entrées en réussite.
Dans une journée : un poème de Jacques Charpentreau passe, les fractions s’éclairent, le passé composé se met en ordre, la bibliothèque s’ouvre dans le bâtiment voisin, nous corrigeons un extrait de « la guerre des boutons », nous rangeons la salle de peinture. Beau métier.
Ces dispositifs décrivent le temps.
En ce qui concerne l’espace, des architectes nous ont gâtés. Même s’ils n’ont pas retenu toutes nos suggestions concernant un mûrier à planter pour les vers à soie, le rêve d’un atelier où l’on puisse faire du bruit, laisser des copeaux et de la poussière, ou nos remarques basiques pour des toilettes extérieures.
Nous avons échappé aux couloirs sans imagination pour bénéficier dans une école neuve de coursives lumineuses propices aux affichages renouvelés, de jolies salles bien insonorisées, avec vue sur l’étang, et la diminution des effectifs venant, de nombreuses salles à vocation spécifique : - ainsi un hall avant l’entrée en classe pour les portemanteaux, des affichages encore, un lavabo, des ordinateurs, la caisse des ballons et des jeux de cour ou d’intérieur, de grandes tables pour les travaux en devenir,
- une salle de peinture, travaux manuels,
- la salle de sciences, d’anglais, musique et pour les séances solennelles où des débats plus longs doivent se dérouler, tables disposées en U,
- petite salle audio-visuelle sans chaise ni table, à deux pas.
Tout se joue dans les détails pour parodier les tics du langage sportif et ajouter un sourire que font naître des mots trop amples décrivant une histoire de pantoufles. On quitte ses chaussures au seuil de la classe, elles sont rangées dans des casiers tout propres, comme l’ont suggéré les femmes de ménage. Ainsi fut fait et nous pouvions voir comme un rite qui imiterait la mosquée où se laissent au dehors les soucis qui vous collent aux semelles : carrément le sanctuaire laïque.
- chaque écolier possède plusieurs porte-vues pour insérer des quatre pages (un A3 recto verso plié en deux) : un pour la lecture, un autre pour la géométrie, un pour le vocabulaire. Les feuillets baladeurs se raréfient. Ils séjournent provisoirement dans la pochette qui voyage dans le cartable, de l’école à la maison, afin de révisions.
Une mode pédagogique voulait à une époque qu’un livret d’orthographe par exemple suive l’apprenant tout au long d’un cycle pour assurer une cohérence, mais au bout d’un an il se sent parfois un peu chiffon. Je crois plus à l’impulsion d’un état de grâce qui se renouvelle chaque année avec le cahier aux pages vierges et les bonnes intentions à neuf.
- Un classeur classique reçoit les quatre pages en histoire, géo, sciences, éducation civique.
- Le bloc sténo pour les tâtonnements évite le gaspillage de belles feuilles.
- Correction quotidienne d’un cahier de maths, de français qui recueillent les exercices rédigés. Première page customisée par chaque élève qui s’approprie ainsi son outil de travail. Il n’y a plus de photocopies ici qui entreraient dans la composition d’un super Big Mac de papier.
Je mettais un point d’honneur à ce que les documents distribués par ailleurs aux élèves ne comportent pas cette marge noire qui trahit « l’occupationnel » de coin de table. Le soin apporté à la préparation engendrera le soin de ceux à qui sont destinés tous ces exercices les plus variés possibles qui puisent à des manuels hétéroclites, aux sites les plus divers pour éviter la modélisation, le formalisme, la routine, la réponse mécanique.
- Les livrets thématiques de facture soignée peuvent être complétés rapidement de quelques terminaisons, barbouillées au surligneur ou complétées de croix, de flèches et de liens afin d’aguerrir les apprentis en leurs exercices d’entraînement rapides.
Des recueils de poèmes, de contes complètent cette petite bibliothèque usinée par les années. Ces livrets d’entraînement construisent une face speed des apprentissages avant la lenteur des inscriptions appliquées.
Ils ne constituent pas une individualisation pure et dure du travail mais ménagent, ce qui fut un slogan de France Inter, les pleins et les déliés.
Lorsque j’ai pu mettre à la disposition des enfants suffisamment de matériel (livres, fichiers, magazines, objets renouvelés dans le musée de la classe, apports de la maison, jeux…) accessibles quand le travail obligatoire est fini, j’ai gagné en sérénité dans la gestion de la classe. Quoi de plus fort que ces moments où chacun est à son œuvre ! Les véloces ne sont plus vacants, les lents s’activent.
Les programmations pensées à l’avance peuvent accueillir l'imprévu, l’ordre rassurant des mécaniques bien huilées permet de goûter la liberté ; les limites du collectif laissent dire les timidités individuelles.
Les contraintes m’ont libéré, moi qui étais naguère plus soumis à l’improvisation au gré des intérêts, que je percevais, des enfants. Elles m’ont permis d’équilibrer les matières, de respecter ce qui est prévu pour vivre la variété, multiplier les entrées en réussite.
Dans une journée : un poème de Jacques Charpentreau passe, les fractions s’éclairent, le passé composé se met en ordre, la bibliothèque s’ouvre dans le bâtiment voisin, nous corrigeons un extrait de « la guerre des boutons », nous rangeons la salle de peinture. Beau métier.
Ces dispositifs décrivent le temps.
En ce qui concerne l’espace, des architectes nous ont gâtés. Même s’ils n’ont pas retenu toutes nos suggestions concernant un mûrier à planter pour les vers à soie, le rêve d’un atelier où l’on puisse faire du bruit, laisser des copeaux et de la poussière, ou nos remarques basiques pour des toilettes extérieures.
Nous avons échappé aux couloirs sans imagination pour bénéficier dans une école neuve de coursives lumineuses propices aux affichages renouvelés, de jolies salles bien insonorisées, avec vue sur l’étang, et la diminution des effectifs venant, de nombreuses salles à vocation spécifique : - ainsi un hall avant l’entrée en classe pour les portemanteaux, des affichages encore, un lavabo, des ordinateurs, la caisse des ballons et des jeux de cour ou d’intérieur, de grandes tables pour les travaux en devenir,
- une salle de peinture, travaux manuels,
- la salle de sciences, d’anglais, musique et pour les séances solennelles où des débats plus longs doivent se dérouler, tables disposées en U,
- petite salle audio-visuelle sans chaise ni table, à deux pas.
Tout se joue dans les détails pour parodier les tics du langage sportif et ajouter un sourire que font naître des mots trop amples décrivant une histoire de pantoufles. On quitte ses chaussures au seuil de la classe, elles sont rangées dans des casiers tout propres, comme l’ont suggéré les femmes de ménage. Ainsi fut fait et nous pouvions voir comme un rite qui imiterait la mosquée où se laissent au dehors les soucis qui vous collent aux semelles : carrément le sanctuaire laïque.
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