lundi 29 septembre 2025

Le Guépard . Luchino Visconti.

Les films vieillissent eux aussi, mais pas ce chef d’œuvre. 
Programmé à la télévision après la mort de Claudia Cardinale, les lumières, les cadrages, les décors, supportent la réduction des dimensions.   
La Palme d’or de 1963 par sa durée de 3 heures a précédé les formats contemporains.
La beauté de C.C. , la belle brune désormais disparue, fanera aux murs des mausolées que sont devenues nos chambres d’adolescents.
Même si des gestes de certains acteurs paraissent outrés, les frétillements de Delon soulignent bien l’impatience d’un monde qui advenait au moment du Risorgimento .
La gravité de Lancaster, personnage central, figure la transformation d’un ordre social coïncidant avec son vieillissement à lui : une dernière valse plutôt qu’une mazurka.
L’acteur américain doublé par une belle voix en français atteint la dimension d’un mythe indestructible en incarnant un Sicilien à la farouche identité.
Depuis 1957, date de parution de l’unique roman (Il Gattopardo) de Giuseppe Tomasi di Lampedusa qui a inspiré le film, la réplique usée, « Il faut que tout change pour que rien ne change » peut se lire aussi comme une exhortation magique face aux bouleversements. 
Il faudra quitter le bal où le temps étouffe même les plus puissants dans les voltes des robes magnifiques et des musiques étourdissantes.

1 commentaire:

  1. Je reconnais que le film est beau. Je l'ai vu il y a longtemps. Il a de quoi faire rêver.
    Mais, mais...
    Le film de Visconti est un non sens par rapport au roman, qui explore la mémoire. Le film de Visconti trahit le roman de Lampedusa. Oui. Désolée de devoir le dire, mais c'est ce que je crois. Après, on peut estimer qu'il est beau, et l'aimer pour son propre compte, mais il trahit de manière irréparable le roman. Et je ne vais pas nuancer, là, en soulignant la banalité de dire que les traductions sont des trahisons de toute façon. Non. Il y a des trahisons qui sont plus impardonnables que d'autres. Visconti.. aurait du s'abstenir ici, tout grand cinéaste qu'il fut. Par respect pour l'oeuvre de Lampedusa. C'est un chef d'oeuvre qui mérite d'être lu et longuement médité.
    Je crois que dans la dernière scène du roman, la fille du "patron" amène son vieux manteau mité dehors, et le jette sur un amas de detritus, si mon souvenir est bon.
    Terrible.

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