Après des salles qui l’an dernier tardaient à s’éteindre au
début d’une pièce de théâtre, l’absence de lumière jusque sur le plateau
devient tendance.
Ainsi nous ne voyons rien de la première scène où deux
scientifiques sont réfugiés dans les sous sols de l’université qui les
accueille lors d’un colloque.
Nous sommes intrigués, et les surprises ne manqueront pas
tout au long de ces 2h 20 d’interrogations souriantes.
Même si on ne comprend pas tout de la conférence gesticulée
qui suit pour nous expliquer ce qu’est
l’ADN, nous pouvons saisir les enjeux du travail d’une équipe de paléogénéticiens
chargés de trouver « du vivant dans des trucs morts ». Toutes les compositions amoureuses sont possibles dans ce
groupe burlesque, pathétique, émouvant, qui croise thèmes de recherche et vie privée de tranquillité quand il est
question de filiation, de mémoire. Les acteurs sont excellents, la mise en
scène au poil.
L’homo sapiens a-t-il rencontré le néandertalien ? Y
a-t-il urgence à se procurer des os de 30 000 ans d’âge alors que des
cadavres sont à reconstituer du côté de Srebrenica ?
Y a-t-il un gène juif ? Qui était le premier occupant de
Jérusalem ? Quand ai-vu pour la dernière fois une étoile filante ?
Ces interrogations ouvrant vers l’infini du temps et de l’espace se traitent
poétiquement à coup de balais essayant de débarrasser la terre du plateau, car
tant de malheur sont arrivés depuis que « Dieu a été planté dans la terre ».
L’assassinat du premier ministre Yitzhak Rabin rappelé
encore ce soir parait une fois de plus comme un évènement déterminant empêchant
une quelconque résolution de la question éternelle des frontières au pays du
Livre.
Pleinement dans l’actualité, sans prêchi-prêcha, nous sommes
contents d’avoir résisté au découragement qui peut nous guetter après d’autres
spectacles ignorant ou méprisant le spectateur. Le théâtre peut faire acte de
bienfaisance.
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