mardi 25 mars 2025

Que faire des juifs ? Joann Sfar.

 «Vouloir la paix, c’est accepter de causer avec quelqu’un qui ne pense pas comme vous ! Sinon ça s’appelle déjeuner avec un pote. »  
J’étais soulagé quand je suis arrivé au bout des 570 pages de ce pavé de papier vibrantes de dessins et de mots à la main saturant les planches. Le poids de la dernière production du prolifique dessinateur atteste de sa sincérité, de sa fiévreuse envie de convaincre et de vaincre son pessimisme. 
 Dans ce récit historique, travail de mémoire familial, il rencontre des amis, de belles amies, à Paris et à Tel-Aviv, un combattant de Tsahal et des journalistes d’Haaretz( « Le pays »), Flavius Joseph, Le roi David,  Georges Moustaki, Yasser Arafat, Romain Gary, Joseph Kessel,  Franz Kafka, sa grand- mère , son chat, Menahem Begin, Jacques Vergès … 
« Israël : 7, 2 millions de juifs sur une surface de 22 000 km2 
au milieu de la ligue arabe : 22 pays, 481 millions d’habitants. » 
Cette somme de renseignements parfois pour initiés, éclaire les ignorants comme moi. 
« Des juifs qui habitaient loin de la Palestine ont acheté à des arabes qui habitaient loin de la Palestine des terres pour que les juifs de Palestine aient le droit d’y vivre. »
L’anti sémitisme documenté abondamment est une face de la noirceur de l’âme humaine, de ses pulsions collectives qui ont perpétré des pogroms d’une violence aggravée par des procédés ignobles, innommables. 
« Cinq cent mille morts en Syrie, dont beaucoup de Palestiniens. 
As-tu entendu une plainte à ce sujet ? 
Quatre cent mille morts au Yémen, trois cent mille au Soudan, 
un million de morts en Afghanistan, 
quatre fois plus au Congo…
Et deux millions de Ouigours martyrisés ! 
La plupart de ces victimes sont musulmanes. Personne n’en parle.  
Parce que ça ne procure pas la même joie que de parler des juifs…
Et Netanyahou n’aurait pas tué trente mille Palestiniens,
la haine ne serait pas moins grande. » 
Dans cette somme tragique, désespérante, les décors, les visages, permettent d’aller jusqu’au au bout. 
« Vous le faites exprès, je vous demande d’arrêter d’être désolé. 
Se prendre un mur, on n’y peut rien. Mais évitons les lamentations ».

1 commentaire:

  1. "Vouloir la paix, c'est accepter de causer avec quelqu'un qui ne pense pas comme vous. Sinon, ça s'appelle déjeuner avec un pote."
    Vraiment ? C'est vraiment aussi simple que ça ?
    Je ne le crois pas. Mon expérience maintenant me dit que c'est loin d'être aussi simple. Je poserais d'autres questions : "Qu'avons-nous EN COMMUN ?", par exemple.
    "Qui est mon ami ?" "C'est quoi/qui, un ami ?"
    "Ai-je des ennemis ? Qui ? Que ferai-je de/avec mes ennemis ?"
    Beaucoup de questions.
    Que le statut de Juif dans notre civilisation soit un statut d'exception, je crois qu'on peut le voir. Quoi faire quand historiquement on sort du lot, et que ça ne s'effacera pas ?
    Beaucoup de questions, et pas de réponses, pour ce qui me concerne.

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