le conférencier devant les amis du musée de Grenoble
laissait entendre que la frontière entre amour et haine était ténue.
Cette fois, il finit par les mots de Sainte Beuve après avoir évoqué
quelques adversaires des cimaises :
- Au XIX° siècle la ligne s’oppose à la couleur, ainsi
le caricaturiste Bertall représente « Delacroix et Ingres en duel devant
l’Institut de France »
En 1827, lors du Salon de l’Académie des
beaux-arts, dans « L’Apothéose d’Homère », par Ingres, l’auteur grec pose en
majesté, l’Iliade et l’Odyssée à ses pieds, dans un « tableau de
plafond » parfaitement construit. Il se situe en face de « La
Mort de Sardanapale » par Delacroix à
la composition chaotique.
Pour l’exposition universelle de 1855, Ingres
présente 40 tableaux, Delacroix 35. Si l’auteur de « La grande Odalisque »
a empêché longtemps le romantique d’être élu à l’Institut de France, celui-ci
finira par y accéder. Tous deux, que Degas voulait conjuguer dans sa
peinture, ont laissé une empreinte magistrale dans l’histoire de l’art ; Cézanne
voyait l’auteur de « La liberté guidant la peuple » comme « le père de l’art moderne »
alors que Picasso
se référait souvent au maître néo-classique.- A Venise, au XVI° siècle, Le Tintoret, fils de teinturier, s’affirme
face au patricien, Le Titien, auquel le « Doge Andrea Gritti »
a passé commande, ainsi que le pape « Paul III ».Plus jeune de vingt ans, Le Tintoret dont l’ « Autoportrait »
révèle les tourments, intrigue pour obtenir de décorer la Scuola di San Rocco
en offrant à la congrégation « Saint Roch en gloire ». Le Titien a peint « Danaé et Cupidon »
puis dix ans après « Danaé recevant une pluie
d’or » en renouvelant la
légende par servante interposée. Le Tintoret donne sa version avec l’inévitable
Zeus venu, sous forme de pièces d’or, féconder la jeune femme recluse par son
père le roi d’Argos pour échapper à l’oracle prédisant qu’il sera tué par son
petit fils. Il ne pourra échapper à son destin.Arrivé de Vérone, Véronèse qui a dix ans de moins que Le Tintoret,
s’empare d’un autre sujet mythologique permettant de peindre des femmes
nues : « Léda et le cygne » avec cette fois le Dieu des
dieux en palmipède. Les trois rivaux s’influencent et s’inspirent.
- A Versailles, au XVII° siècle, « Charles le Brun (1619-1690) et Pierre Mignard (1612-1695), Premiers peintres du
Roi » pourtant réunis sur la même toile par Hyacinthe Rigaud, se détestent.
Le Brun, protégé de Colbert acquiert tout au long de sa
carrière tous les titres : premier
peintre du roi, directeur de l'Académie royale de peinture et de sculpture, et
de la Manufacture royale des Gobelins, que Mignard l’ami de « Molière » et
des dames
qui place le Roi soleil dans la lignée du
magnanime conquérant.
https://blog-de-guy.blogspot.com/2016/04/lart-du-portrait-au-xviii-siecle.htmlMignard reproduira à son tour la scène, alors
que sa « Vierge au raisin » ne doit son charme qu’à lui-même. - Sur la Côte d’Azur, au XX° siècle, Picasso émerveillé par La
chapelle Matisse
à Vence https://blog-de-guy.blogspot.com/2024/12/la-chapelle-matisse-marc-chauveau.html
décore « Le temple de la paix » devenu
un des ses musées à Vallauris.« La joie de vivre » de Picasso date de 1946, celle de Matisse
de 1906.
Les phares de l’art moderne s’éblouissent
mutuellement,
chacun s’offrant les plus mauvais tableaux de l’autre, mais « Au fond, il n’y a que Matisse » reconnait
le mari de Françoise Gillot
« Portrait de Françoise ». Derrière le talent des artistes dont les « destins croisés »
à travers les siècles ont été évoqués en quatre conférences, certaines de leurs
existences pourraient se retrouver dans ces mots de Maurice Béjart :
« Je n'en finis pas de commencer ma
vie.
Quand je pense qu'il y en a qui n'attendent
pas d'avoir vingt ans pour commencer leur mort ! »
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