mercredi 5 février 2025

Phèdre. Jean Racine Matthieu Cruciani.

J’accorde souvent une importance déterminante aux en-têtes de films, de livres, et ce soir une
première image de flèches et d’une cible, laissant pressentir drames et fulgurances, m’a mis dans de bonnes dispositions.  
« Le dessein en est pris, je pars, cher Théramène,
Et quitte le séjour de l'aimable Trézène. » 
Après une phase d’adaptation à la métrique alexandrine et malgré quelques références oubliées, l’excellente actrice Hélène Vivès dans le rôle titre nous acclimate aux passions démesurées auxquelles les dieux ajoutent leur grain de sel.
 « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler,
Je sentis tout mon corps et transir brûler.
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D'un sang qu'elle poursuit, tourments inévitables. » 
Dans le cadre de mes repentances de potache plutôt amateur de San Antonio, j’ai apprécié cette pièce de 1677 pour laquelle le metteur en scène a évité tout « dépoussiérage » genre semelles compensées et panonceau contre la réforme des retraites : sobriété, clarté, respect. La puissance du récit se suffit à elle même lors de la mort d’Hippolyte : 
« J'ai vu, Seigneur, j'ai vu votre malheureux fils
Traîné par les chevaux que sa main a nourris.
Il veut les rappeler, et sa voix les effraie.
Ils courent. Tout son corps n'est bientôt qu'une plaie.
De nos cris douloureux la plaine retentit. »
Bien sûr des commentateurs.es après #MeToo ne voient les femmes qu’en victimes, alors que l’incestueuse Phèdre se montre toxique et que les jugements de Thésée ont quand même été manipulés par la gent féminine qui avait déjà quelque pouvoir #HeToo.  

1 commentaire:

  1. Merci. Je pense que c'était à MC2... et nous boudons la culture en ville le soir maintenant. Mais ça avait l'air bien, et je t'envie ton plaisir rare, là. Sans apologétisme, sans tentative de rendre la pièce "accessibleauplusgrandnombre", mais quel plaisir...

    RépondreSupprimer