J’accorde souvent une importance déterminante aux en-têtes de films, de livres, et ce soir une première image de flèches et
d’une cible, laissant pressentir drames et fulgurances, m’a mis
dans de bonnes dispositions.
« Le dessein en est pris, je pars, cher
Théramène,
Et quitte le séjour de
l'aimable Trézène. »
Après une phase d’adaptation à la métrique
alexandrine et malgré quelques références oubliées, l’excellente actrice Hélène
Vivès dans le rôle titre nous acclimate aux passions démesurées auxquelles les
dieux ajoutent leur grain de sel.
« Je le vis, je
rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s'éleva
dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient
plus, je ne pouvais parler,
Je sentis tout mon
corps et transir brûler.
Je reconnus Vénus et
ses feux redoutables,
D'un sang qu'elle
poursuit, tourments inévitables. »
Dans le cadre de mes repentances de potache plutôt amateur de San
Antonio, j’ai apprécié cette pièce de 1677 pour laquelle le metteur en scène a
évité tout « dépoussiérage » genre semelles compensées et panonceau
contre la réforme des retraites : sobriété, clarté, respect. La puissance du récit
se suffit à elle même lors de la mort d’Hippolyte :
« J'ai vu,
Seigneur, j'ai vu votre malheureux fils
Traîné par les chevaux
que sa main a nourris.
Il veut les rappeler,
et sa voix les effraie.
Ils courent. Tout son
corps n'est bientôt qu'une plaie.
De nos cris douloureux
la plaine retentit. »
Bien sûr des commentateurs.es après #MeToo ne
voient les femmes qu’en victimes, alors que l’incestueuse Phèdre se montre
toxique et que les jugements de Thésée ont quand même été manipulés par la gent
féminine qui avait déjà quelque pouvoir #HeToo.
Merci. Je pense que c'était à MC2... et nous boudons la culture en ville le soir maintenant. Mais ça avait l'air bien, et je t'envie ton plaisir rare, là. Sans apologétisme, sans tentative de rendre la pièce "accessibleauplusgrandnombre", mais quel plaisir...
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