Après Simon Vouet inspiré par l’Italie
et Philippe de Champaigne par les peintres du Nord,
le conférencier devant les amis du musée de Grenoble
présentait la figure tutélaire des peintres du grand siècle qui ambitionnait d’assurer
la synthèse dans le domaine de la peinture et aussi de la décoration.
Le portrait de Lebrun en majesté par Nicolas de Largillierre le
présente parmi des sculptures antiques, objets alors de crêpage de
perruques : auraient-elles été dépassées par les modernes d’après Perrault
ou étaient-elles indépassables comme le pensait Boileau ?
Une première version présentait le professeur, peintre du
roi, en possession d’une Boîte à portrait, joyau offert par
Louis XIV composé de 92 diamants.
Né en 1619 d’une mère issue d’une famille d’écrivains et
d’un père sculpteur dont il a effectué le Portrait, sa vocation précoce ne fut
nullement contrariée.
Sûr de son talent, il s’ennuie à broyer des couleurs chez
ses maîtres successifs et réalise bien vite des modèles pour des estampes
illustrant des thèses : Jésus amabilis.
Les différents âges de L’enfance sont charmants, lumineux.
En 1640, déjà reconnu, il reçoit commande de grands décors représentant
des cycles allégoriques comme ce vigoureux Hercule terrassant Diomède pour le
palais-cardinal de Armand Jean du Plessis dit Richelieu.
Son Horatius défendant le pont Sublicius,
exemple de sacrifice pour le bien commun, passe pour un Poussin avec lequel il
a fait le voyage en Italie.
A la fin de son séjour romain, il peint La mort de Caton qui ne
voulait pas survivre à la profanation de la République par César. Désormais les commandes affluent.
Il livre La crucifixion de saint André où les
anges arrivent au milieu d’un chaos lumineux contrastant avec l’immobilité du
gouverneur qui l’a condamné. Ce retable avait été commandé par la corporation
des orfèvres pour la cathédrale Notre-Dame de Paris à l’occasion du
« grand may », en offrande à la vierge Marie.
Le sommeil de l’enfant Jésus,au cadrage serré, ouvert sur le
lointain, est éloquent dans l’expression des passions, le chat ajoute à
l’intimité de la scène où l’enfant est en confiance, Jean Baptiste a un
mouvement de tendresse : chut !
Le chancelier Séguier fut son protecteur, rival de Fouquet, il
a dit au moment de l’arrestation du surintendant : « Fouquet voulait les sceaux,
il les a. » Dans les tons mordorés, le
faste et la solennité sont intemporels.
L’architecte Le Vau lui confia la décoration
de la galerie d’Hercule de l’hôtel Lambert appartenant désormais au Qatar et
ravagé en partie par un incendie en 2013.
A Vaux-le-Vicomte, s’il n’eut pas le
temps de réaliser le « Palais du Soleil » pour Fouquet, Le triomphe de la fidélité,
dans le salon des muses annonce les splendeurs du palais du « Roi Soleil »
à Versailles. Il travailla pour Colbert à Sceaux à la décoration du Pavillon de
l'Aurore, devint directeur des Gobelins et chancelier de l’Académie.
La tente de Darius est
un manifeste pictural. Les femmes implorantes ou admiratives pourront
témoigner de la magnanimité d’Alexandre auprès duquel la famille de Darius
implore le pardon. Leurs expressions marquées s’inscrivent dans une recherche
qui sous le nom de « physiognomonie » se voulut un
système.
Le ravissement où de la bouche entrouverte s’échappent quelques
« vapeurs de l’âme » est plus subtil que les planches qui rapprochent
figures humaines et animales.
Pour la Galerie des glaces démultipliant les images sur 73 m de longueur, il
n’est plus question de filtre mythologique ni de métaphore avec Apollon ou
Hercule : Louis XIV est le héros.
Le roi donne ses ordres pour attaquer en
même temps quatre places fortes de Hollande.
Le Repas chez Simon le Pharisien avec
Marie-Madeleine aux pieds du Christ
désormais à Venise a été échangé contre un Véronèse
alors que Marie-Madeleine
à la grotte de la Sainte-Baume est à Grenoble.
Ce tableau était le
pendant de Marie Madeleine renonçant aux vanités du monde dans
l’exposition de 2016 au Louvre Lens comme dans leur première accroche dans le Carmel de l'Incarnation du
faubourg Saint-Jacques.
Après avoir consacré trente ans de sa vie à
Versailles, il mourut en 1690.
Il est inhumé en
l’église Saint Nicolas du Chardonnet où figure son puissant
Martyre de saint
Jean l'Évangéliste à la porte Latine.
Merci pour ces belles images d'un grand peintre que je connaissais, mais pas tant que ça.
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