lundi 4 mars 2024

Madame de Sévigné. Isabelle Brocard.

Film classique : et alors ! Oui la langue est superbe et fine l’expression des sentiments, sans que les dialogues manquent de naturel. 
Les personnages sont habilement présentés et le rapport à l’écriture est évoqué sans plomber le cours des évènements où Karin Viard et Ana Girardot jouent avec légèreté un rapport mère fille passionné et excessif. 
Le siècle de Louis XIV est joliment évoqué dans des décors sans chichi, évitant les mises au balcon trop insistantes.
Marie de Sévigné veut que sa fille soit indépendante et l’enferme dans son amour : les voies de l’émancipation sortent des schémas simplistes.
Belle scène autour du Madrigal : « Il faut que je vous conte une petite historiette, qui est très-vraie, et qui vous divertira. » Et belle image des deux femmes au bord d’un plan d’eau où se reflète un feu d’artifice.
Nous avons droit à une partie de la fable du « Lion amoureux » de La Fontaine dédiée à mademoiselle de Sévigné « de qui les attraits servent aux Grâces de modèle »
La conclusion du moraliste qui a traversé lui aussi les siècles est surprenante.
Cette heure et demie passe « comme une lettre à la poste », comme on ne dit plus.

2 commentaires:

  1. Tu me donnes envie, là, merci.
    Je crois que nous avons beaucoup de préjugés sur l'époque de Louis XIV. Nous imaginons des gens minauder, etc, mais l'époque de Louis XIV fut une époque... très brutale, ce qui POURRAIT nous surprendre, si nous ne nous obstinions pas à minauder nous-mêmes derrière nos préjugés... qui se présentent avec moins d'exotisme qu'au XVII ème siècle POUR NOUS.
    Je n'aime pas la cour, même si les dames portent de très belles robes que j'aime regarder mais... que je n'aurais pas aimé porter, par exemple. S'il y a bel et bien un lieu où l'on n'a AUCUNE POSSIBILITE d'être libre, c'est à la cour.
    C'est un comble pour notre époque, où Monsieur/Madame Tout le Monde rêve d'être des aristocrates, sans s'en apercevoir la plupart du temps, et sans se l'admettre, que nous avons étendu le domaine de la cour jusque... dans nos maisons.
    Glauque.

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  2. Vu hier soir, et je partage ton enthousiasme. J'y ai bien trouvé la brutalité que j'imaginais... les passions, le ravage des sentiments entre une mère et sa fille, quand seul un homme permet d'instaurer un peu de distance salutaire. Oui, c'est difficile, le rapport au... même, si difficile, si passionnel. Il faut un ailleurs. Très bien joué, avec de beaux plans sur la nature, ce qui ne gâte rien à l'affaire. Merci pour la recommandation !

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