samedi 2 mars 2024

Le diable au corps. Raymond Radiguet.

Lu dans une édition du livre de poche de 1971 dont le soleil des années a bruni le papier, comme pour confirmer le statut de balise dans la littérature française de ce roman paru en 1923.
Un adolescent vit une passion amoureuse avec une jeune femme dont le mari est au front pendant la première guerre mondiale.
Je n’ai pas vu le film avec Gérard Philippe qui est présent sur la plupart des images évoquant l’œuvre autobiographique du jeune romancier mort à l’âge de 20 ans dont se sont inspirés plusieurs films. Mais l’icône des années 50 semble effacer une dimension qui m’a parue essentielle : la précocité de l’amant, voire de l’écrivain. 
« Et mes camarades garderont de cette époque un souvenir qui n’est pas celui de leurs aînés. Que ceux qui déjà m’en veulent se représentent ce que fut la guerre pour tant de très jeunes garçons : quatre ans de grandes vacances. » 
Scandale et succès, sincérité et désinvolture, confusion et subtilité, le style dépouillé n’est pas daté et la recherche de la lucidité qui peut paraître surplombante, apporte un regard original sur les intermittences de l’amour, sous un titre fameux qui n’a pas volé sa réputation. 
« L'amour, qui est l'égoïsme à deux, sacrifie tout à soi, et vit de mensonges. »
Les anciens combattants s’étaient indignés, aujourd’hui on remarquera l’emprise de ce garçon sur sa maîtresse : 
« J’aime mieux, murmura-t-elle, être malheureuse avec toi qu’heureuse avec lui. » Voilà de ces mots d’amour qui ne veulent rien dire, et que l’on a honte de rapporter, mais qui, prononcés par la bouche aimée, vous enivrent. »

1 commentaire:

  1. Je suppose qu'il y en a qui estiment que quatre ans de grandes vacances seraient le paradis, mais ça fait longtemps que l'Homme sait que l'oisiveté le... débauche, et quel que soit son âge. Finalement, l'Homme est assez... confortable et reconnaissant que la société organise son temps... POUR lui, en dépit de ses protestations contre l'esclavage, la main sur le coeur, bien sûr...
    Tu m'as donné envie de (re ?) lire le roman, merci. Il pourrait raconter une éducation sentimentale bien plus intéressante que ce que nos gouvernants préconisent pour la jeunesse à l'heure actuelle. Ah... les fesses... sur les bancs de l'école, et maintenant devant les graphiques, à l'âge le plus tendre. Désolant.

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