Lu dans une édition du livre de poche de 1971 dont le soleil
des années a bruni le papier, comme pour confirmer le statut de balise dans la
littérature française de ce roman paru en 1923.
Un adolescent vit une passion amoureuse avec une jeune femme
dont le mari est au front pendant la première guerre mondiale.
Je n’ai pas vu le film avec Gérard Philippe qui est présent
sur la plupart des images évoquant l’œuvre autobiographique du jeune romancier
mort à l’âge de 20 ans dont se sont inspirés plusieurs films. Mais l’icône des
années 50 semble effacer une dimension qui m’a parue essentielle : la
précocité de l’amant, voire de l’écrivain.
« Et mes camarades garderont de cette époque un souvenir qui n’est
pas celui de leurs aînés. Que ceux qui déjà m’en veulent se représentent ce que
fut la guerre pour tant de très jeunes garçons : quatre ans de grandes
vacances. »
Scandale et succès, sincérité et
désinvolture, confusion et subtilité, le style dépouillé n’est pas daté et la recherche
de la lucidité qui peut paraître surplombante, apporte un regard original sur
les intermittences de l’amour, sous un titre fameux qui n’a pas volé sa
réputation.
« L'amour, qui est l'égoïsme à deux, sacrifie
tout à soi, et vit de mensonges. »
Les anciens combattants s’étaient
indignés, aujourd’hui on remarquera l’emprise de ce garçon sur sa
maîtresse :
« J’aime mieux,
murmura-t-elle, être malheureuse avec toi qu’heureuse avec lui. » Voilà de ces
mots d’amour qui ne veulent rien dire, et que l’on a honte de rapporter, mais
qui, prononcés par la bouche aimée, vous enivrent. »
Je suppose qu'il y en a qui estiment que quatre ans de grandes vacances seraient le paradis, mais ça fait longtemps que l'Homme sait que l'oisiveté le... débauche, et quel que soit son âge. Finalement, l'Homme est assez... confortable et reconnaissant que la société organise son temps... POUR lui, en dépit de ses protestations contre l'esclavage, la main sur le coeur, bien sûr...
RépondreSupprimerTu m'as donné envie de (re ?) lire le roman, merci. Il pourrait raconter une éducation sentimentale bien plus intéressante que ce que nos gouvernants préconisent pour la jeunesse à l'heure actuelle. Ah... les fesses... sur les bancs de l'école, et maintenant devant les graphiques, à l'âge le plus tendre. Désolant.