Dans le débat jamais fini de la distinction entre écrivain
et auteur, ce roman sincère, impudique, révèle un créateur passionnant et un
individu insupportable.
« C'est bien. Et
ce que je trouve surtout bien, c'est que tu parles de ton grand-père, de ton
histoire à toi. Tu n'es pas seulement venu prendre notre malheur à nous, tu as
apporté le tien. Ça, ça me plait. »
Au prétexte de la révélation du destin honteux de son
grand-père, il va chercher dans une ville russe les traces d’un hongrois
interné là bas pendant plus de cinquante ans après la fin de la seconde guerre mondiale.
«On ne peut pas
vivre ici, et pourtant on y vit. »
Il tourne un film où se développent les questionnements
autour de la création, de l’authenticité.
« Honte d’être
pauvres, paumés, poivrots et peur d’être montrés tels. »
Entre temps, il entretient une relation torride, avec une
femme qu’il aime et qu’il méprise, jouet de ses fantasmes exprimés par l’écriture
d’une nouvelle dans « Le Monde ».
«… un mélange de
forfanterie sexuelle et de perte de contrôle qui, sans laisser indifférent, met
plutôt mal à l’aise.»
Dans une intrication de toutes ces palpitantes histoires
personnelles, tant de mots fervents à l’égard de sa mère, de sa compagne, nous touchent,
entre malaise et intérêt durant 397 pages:
« Il fallait que les gens
soient un peu ridicules pour que ressorte combien nous étions, elle et moi,
intelligents, cultivés, ironiques, en un mot supérieurs. »
Je suis très ambivalente pour Emmanuel Carrère... Mais le fait de se révéler tant m'interroge, moi qui tend à me révéler... beaucoup ? trop ?
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