Sur le modèle de son livre précédent consacré aux routiers,
le reporter de « La Croix » nous fait mieux connaître le monde des
bateliers.
« Le Pen-Duick entre au chausse-pied dans les
écluses au gabarit Freycinet. Aucune marge possible. Sa coque glisse très
lentement contre les bajoyers. Sur le pont, Jasmine joue les sémaphores pour
guider son mari. « Ses bras sont mes yeux » commente Guy, concentré
sur les indications de sa femme, qu’il traduit par de très légers correctifs
sur le macaron. »
Sur le Rhin, de Paris au Havre, nous partageons le quotidien
des gens « d’à bord » depuis huit embarcations impressionnantes,
entre deux avitaillements, une fois qu’ils se sont détachés des « Ducs
d’Albe » en bief, aux abords d’une écluse, dans les darses d’un port de
mer.
Si je me suis amusé à rassembler quelques termes du métier, les 280 pages sont limpides et ne s’attardent pas aux images de
« L’homme du Picardie » bien qu’avec le recours à Simenon ou Jean
Vigo, un univers spécifique soit poétiquement évoqué.
« Le regret du
délitement des anciennes entraides le dispute à l’éloge passionné de leur
singularité. »
A Conflans Saint Honorine et Saint Mammès des musées
perpétuent le souvenir d’un âge d’or alors qu’à Saint-Jean-de-Losne « capitale française de la plaisance
fluviale », la nostalgie n’a pas tué l’avenir.
Entre quelques chapitres où des anciens témoignent, de la
même façon que les platanes malades du canal du midi sont en voie d’être
remplacés, des déterminés appuyés par les pouvoirs publics dont l’Europe,
essayent de réparer les abandons, les erreurs stratégiques.
« Il faut que les
français se réapproprient leurs voies d’eau. Nos voisins du nord n’ont pas
déserté les leurs. Ils ont rebondi plus vite et mieux que nous ».
Et dire qu’au nom de l’écologie Dominique Voynet avait
renoncé au canal à grand gabarit Rhin Rhône, alors que le fluvial émet deux
fois et demie moins de CO2 que d’autres !
« En 2020 près de
22 millions de tonnes de marchandises, transportés par une moyenne de 900
bateaux, ont circulé sur le bassin de La Seine. Le transport fluvial a permis
d’éviter plus d’un million de camions sur les routes… »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire