samedi 10 septembre 2022

Une vie sur l’eau. Jean-Claude Raspiengeas.

Sur le modèle de son livre précédent consacré aux routiers, le reporter de « La Croix » nous fait mieux connaître le monde des bateliers. 
« Le Pen-Duick entre au chausse-pied dans les écluses au gabarit Freycinet. Aucune marge possible. Sa coque glisse très lentement contre les bajoyers. Sur le pont, Jasmine joue les sémaphores pour guider son mari. «  Ses bras sont mes yeux » commente Guy, concentré sur les indications de sa femme, qu’il traduit par de très légers correctifs sur le macaron. »
Sur le Rhin, de Paris au Havre, nous partageons le quotidien des gens « d’à bord » depuis huit embarcations impressionnantes, entre deux avitaillements, une fois qu’ils se sont détachés des « Ducs d’Albe » en bief, aux abords d’une écluse, dans les darses d’un port de mer. 
Si je me suis amusé à rassembler quelques termes du métier, les 280 pages sont limpides et ne s’attardent pas aux images de « L’homme du Picardie » bien qu’avec le recours à Simenon ou Jean Vigo, un univers spécifique soit poétiquement évoqué.
« Le regret du délitement des anciennes entraides le dispute à l’éloge passionné de leur singularité. »
A Conflans Saint Honorine et Saint Mammès des musées perpétuent le souvenir d’un âge d’or alors qu’à Saint-Jean-de-Losne  « capitale française de la plaisance fluviale », la nostalgie n’a pas tué l’avenir.
Entre quelques chapitres où des anciens témoignent, de la même façon que les platanes malades du canal du midi sont en voie d’être remplacés, des déterminés appuyés par les pouvoirs publics dont l’Europe, essayent de réparer les abandons, les erreurs stratégiques. 
« Il faut que les français se réapproprient leurs voies d’eau. Nos voisins du nord n’ont pas déserté les leurs. Ils ont rebondi plus vite et mieux que nous ». 
Et dire qu’au nom de l’écologie Dominique Voynet avait renoncé au canal à grand gabarit Rhin Rhône, alors que le fluvial émet deux fois et demie moins de CO2 que d’autres ! 
« En 2020 près de 22 millions de tonnes de marchandises, transportés par une moyenne de 900 bateaux, ont circulé sur le bassin de La Seine. Le transport fluvial a permis d’éviter plus d’un million de camions sur les routes… » 

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