Chronique poétique et drôle de l’arrivée dans un village au
Danemark de l’épouse d’un prof, elle n’arrive pas à obtenir
son permis de conduire et épuise les moniteurs.
Le sujet pourrait être ténu, il
l’est, mais le regard décalé de la jeune femme qui doit être invivable au
quotidien, est original.
Ses réponses au courrier des lecteurs qu’elle tient
dans une gazette locale sont empreintes d’un bon sens inattendu et rendent agréable
la lecture des 285 pages.
- « Ne te demande
pas avec qui tu veux te marier, mais plutôt de qui tu pourrais divorcer. »
- « La vie n’est
pas un évènement, mais un mouvement fugace et indifférent dans un espace
sombre. Toutefois la beauté peut advenir avec spontanéité. Un beau poème, une
peinture étrange, une vue qui vous coupe le souffle. »
- « Si tu es drôle,
ne cherche pas quelqu’un qui est aussi drôle mais quelqu’un qui a envie de
rire. Si tu es douée pour faire la cuisine, ne pourchasse pas un chef, mais
trouve quelqu’un qui a faim. »
Elle s’affronte parmi tant de personnes bienveillantes à
l’incommutabilité avec ses semblables, plus à l’aise à l’écrit que dans les
situations de tous les jours.
« Tu vas y
arriver, je me murmure à moi-même, tu es immobile et blanche comme une statue,
tu es une peinture avec un cadre doré dans la salle à manger de ta grand-mère,
tu es un cerf et des lacs forestiers, des nénuphars qui ondulent. Tu es IKEA,
un zoom paniqué sur des pétales de fleurs, des gouttes de rosée au soleil. Des
milliers de reproductions. Tu es si neutre que tu es accrochée partout dans les
chambres d’hôtel du monde entier, tu es la dernière chose que les gens voient
avant qu’ils sombrent dans la baignoire et se taillent les veines… »
Visions alcoolisées, loufoques et mélancoliques: Art
contemporain :
« Il a enregistré
le son de deux tranches de pain qui sautent d’un grille-pain et le mixe avec
l’enregistrement de sacs-poubelles tombant dans un vide-ordures. »
L’hiver approche :
« Quelqu’un
repoussera l’aspirateur dans un placard, essuiera les miettes sur les tables,
rangera les meubles du jardin dans la remise. Les volets claqueront, quelqu’un
fera un dernier tour, fermera les portes de chaque pièce, verra un reste de
toile d’araignée, mais n’aura pas la force de l’enlever. »
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