vendredi 23 septembre 2022

Le Postillon. N° 65. Eté 22.

Mon avis partagé comme souvent entre approbation et divergence se matérialise dans un cahier consacré à la montagne faisant part de la complexité des enjeux inséré dans la liasse habituelle, partisane, répétitive et sans nuances. 
Le berger qui a détruit un drone qui effrayait son troupeau a tout le temps de s’exprimer : 
« Tout écolo n’est pas nécessairement végan collapsologue, 
tout berger pas militant anti-loup syndiqué à la FNSEA, 
tout randonneur pas touriste consommateur. » 
Il sait de quoi il parle quand il est question de la protection des espèces, du surpâturage, des chiens de protection, de l’invasion des touristes.
Une page parodique, toujours percutante, invente un service de sherpas intitulé « Deligreloo »,
« qui pourra même vous emporter sur son dos, pour optimiser le plaisir de votre moment montagne. » 
Le témoignage d’une mémé qui a vécu sans eau ni électricité à Saint-Christophe-en-Oisans rejoint l'aversion des rédacteurs anonymes de toutes « les prothèses technologiques » et leur appréciation défavorable à un tracé pour vélo électrique, « loisir sans saveur », par l’ancienne voie du tram entre Seyssinet et Saint Nizier. 
Ils ont le chic pour faire ressortir les faux semblants des langages managériaux : 
lorsque « Montain Wilderness » se retrouve aux Etats généraux organisés par « Montain Planet », des doutes s’installent sur les perspectives d’une transition du tourisme en montagne acceptée par tous.
La présentation d’un livre « Histoire d’une montagne », Le Néron, le « noiraud », est bien faite.
Les femmes ne veulent plus subir la condescendance des « mâles des montagnes »,
alors que les charbonnières, « charbon pour le moral » dans le Trièves et le Vercors fédèrent néo et autochtones autour de meules fumantes. 
Est-ce bon pour le CO2 ? On ne saura pas, par contre l’usage de l’eau des employeurs des techs de Crolles les interpelle.
Immergés chez « Grelive » ils s’étonnent de rencontrer à la fois des hippies et des nazis, des cathos intégristes sur fond de reggae, gilets jaunes et antivax. 
Ils ont choisi leur camp avec leur portrait caricatural d’un critique des complotistes. 
Moi aussi : 
« Le conspirationnisme ne propose aucune alternative, aucun modèle de société concurrent, à part détruire les mécanismes du pouvoir et le type de société que nous connaissons actuellement. » 
Leur ironie est davantage tournée contre « Les jeunes avec Macron »
Le portrait de Mehdi animateur de la page facebook « Saccage Grenoble » est totalement à charge : c’est qu’il dénonce les tags, la saleté de la ville, il avait eu droit à une dédicace à la bombe à peinture : 
« Bon facho, sale PD ».
Le recours à un coach pour préparer des élèves à des examens oraux aurait été envisagé dans un lycée : ça ce n’est pas réalisé… mais que fait l’école ?! La mouche du coach !
La réhabilitation des cabines téléphoniques, le recyclage des panneaux signalant les travaux financés par la région sont anecdotiques et relativisent les informations concernant les trottinettes sous perfusion d’argent public ou le fiasco des bus électriques. 
Leurs partis pris récurrents fragilisent les témoignages à propos d’associations, parait-il, défavorisées par la municipalité de Grenoble au bénéfice de la MDH (Maison de Habitants).

2 commentaires:

  1. Je ne suis pas sûre que ceux que tu appelles (tu cites qui ici, stp ?) les "conspirationnistes" n'aient aucun projet alternatif de société. D'après ce que je vois, de toute façon la vie qui était la nôtre n'est plus à l'ordre du jour, conspirationnistes ou pas. Bon nombre de personnes s'accrochent à d'anciennes idéologies ? catégories ? pour comprendre une réalité sociale qui n'en est plus là. (Exemple : cette fâcheuse tendance à voir l'extrême droite partout, quand on ne comprend pas ce qui est dans la tête de son interlocuteur.) Notre modèle social n'a pas vraiment le vent en poupe. Avant le Covid, j'avais déjà un certain nombre d'amis de mon milieu dont les enfants avaient laissé tomber un travail régulier, bien payé, dans des bureaux pour tenter l'aventure, en s'occupant de chevaux, par exemple.Des gens qui ont choisi moins de confort, financier, mais pas que, pour avoir un travail qui les passionnait. Avant l'épisode Covid, il y avait déjà un mal être à l'idée de travailler... comme papa et maman ont pu travaillé ?, et un sentiment que le travail dans un bureau, derrière un ordinatueur ? ne donnait pas suffisamment de sens à une vie... de travail. Pas plus qu'un travail industriel fait d'un nombre infini de... répétitions.
    Pour la répétition... tout le monde se répète, et je crois que l'Homme est condamné à se répéter. Peut-être qu'Il se répète d'autant plus insidieusement qu'Il rejette la répétition ? (Mais... pas n'importe laquelle, tout de même.)
    Et puis, et puis... je ne vois pas de désir d'écoute ou de nuance dans l'espace public à l'heure actuelle. Nulle part. (Et oui.. c'est sans nuance.) Je ne vois pas la capacité d'écouter, pas plus que je vois la capacité de lire attentivement et restituer ce qui est lu. C'est même effarant, et cela rend humble, et... inquiet. Cela fait prendre conscience que nous sommes bien plus... agis que nous ne sommes des acteurs.
    Plus encore, pendant des années, sur le divan d'un psychanalyste je me flagellais en me disant que je.. péchais par mon incapacité de dialogue, mais l'expérience m'a appris que je n'étais pas pire que les autres que je créditais avec un esprit d'ouverture.
    La vraie ouverture, la vraie écoute sont aussi rares qu'un aperçu du sommet du Mont Blanc par temps maussade, comme je le répète ici très souvent. Et certainement pas pour l'espace public et la chose politique.
    (suite)

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  2. Je pense... que le recours répétitif à des racines grecques pour mettre en mot ce que nous vivons à quelques effets inattendus : dans le mot "pandémie", comme dans le mot "panique", il y a "pan". On peut dire que c'est le grec pour dire "tout", mais Pan est aussi un dieu grec, et pas n'importe lequel. C'est un dieu qui a un rapport avec la nature, et si mes souvenirs sont bons, un rapport orgiaque ? à la nature. Depuis longtemps, les désirs orgiaques sommeillent en l'Homme. (Pour mémoire, il faut être plus de deux pour faire orgie. L'orgie est une expérience COLLECTIVE.) Depuis très longtemps, ces désirs ont été réprimés, et pour ma part, cela ne me dérange pas. Mais... la vie de l'Homme est faite de répétitions...
    Les Illuminés, en percevant déjà les ravages de la ruine de leurs idéaux préconisaient d'aller cultiver son jardin. Ce n'était pas un mauvais conseil, et pas mal pour passer son temps. Gratifiant, même.
    Pour ma part, je partage le... désespoir des auteurs du Postillon à chaque fois que je suis condamnée à emprunter l'autoroute en direction de Sisteron dans l'agglo. L'ampleur de ces travaux dans une ville... en transition me coupe le souffle, ainsi que le déploiement brut (et surtout brutal) de la force humaine pour rouler les mécaniques. Il y a de quoi terrasser mon sentiment de vivant fragile devant tant de folie des grandeurs qui m'anéantit. Je suis certaine que mes concitoyens sont capables de ressentir à quel point l'application technologique des idées scientifiques réduit l'Homme à un électron, et non plus un atome. Un particule anonyme d'un vaste flux indifférencié. Qu'on puisse se révolter... aveuglément ? contre ce sentiment et ce qui le suscite ne me surprend pas du tout.
    Fin de réplique pour aujourd'hui.

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