samedi 24 septembre 2022

Histoire du repos. Alain Corbin.

La critique risque d'être cossarde concernant -  j'ose -  un « livre paresseux », qui me convient bien, puisque j’ai tout compris de ces 150 pages qui embrassent plaisamment le sujet.
En milieu rural : 
« L’ardeur, l’acharnement au travail, le mépris de l’oisiveté, la détestation des paresseux, des « fainéants », des « bons à rien » étaient autant de marqueurs de l’estime de soi et des autres ; et cela ne pouvait que conduire à une certaine stigmatisation du repos. »  
L’historien précise que le Sabbat des origines n’est pas un moment de détente pour un Dieu fatigué mais le jour de l’alliance consacré à Yahvé, et que : 
« Les théologiens, les prédicateurs, les moines, les pasteurs de toute catégories n’ont cessé de répéter que, la vie ici bas, n’était que peu de chose et que l’essentiel résidait dans le salut, c'est-à-dire en l’accès à un repos paradisiaque... » 
Charles Quint régnant sur l'empire « sur lequel le soleil ne se couche jamais » se retira dans un monastère.
 Pascal disait pourtant :  
« Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application »
Et bien que les références littéraires soient filtrées, La Bruyère apporte la contradiction, au moment où le contraire du repos n’était pas la fatigue mais l’agitation:  
« Le meilleur de tous les biens pour l’homme, c’est le repos, la retraite et un endroit qui soit son domaine ». 
Avant que le loisir ne remplace le repos à partir du milieu du XX° siècle, au XIX° en lutte contre la tuberculose avec sanatoriums en bord de mer et en montagne, « Le repos se situe au plus profond de la culture […] Il participe de la réflexion sur les fléaux sociaux. Il envahit le champ de la morale. »

1 commentaire:

  1. Ah... voilà un sujet passionnant, je trouve.
    Je viens de lire que bon nombre des dialogues de Platon présentent des hommes dont le sel de la vie réside dans le fait d'avoir du loisir pour penser, et dialoguer, pour acquérir de la connaissance ? des connaissances ? de la sagesse ? Par exemple. Chaque fois que je dis cela, un quidam moderne me regarde avec dédain, et me rétorque que ces gens avaient des esclaves. A quoi je rétorque que nous aussi nous avons nos.. esclaves, avec les machines qui font notre travail pour nous, par exemple...et le problème d'avoir quelqu'un/quelque chose qui vous décharge d'un contact... terre à terre avec les aspects matériels de l'existence charrie un certain nombre d'inconvénients qui nous confronte à grande échelle maintenant.
    Pour le Shabbat, j'ai réalisé il y a quelque temps qu'il a l'avantage d'instaurer une... trêve dans un quotidien qui peut vite devenir une succession inlassable des mêmes choses, et les mêmes activités, surtout commerciales.
    Sans doute, le Temps est la vraie richesse, et non pas l'argent...
    Encore faut-il avoir des ressources (et pas forcément financières) pour pouvoir l'employer à son... profit.

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