dimanche 5 juin 2022

Phèdre ! Jean Racine, François Gremaud.

L’imprimé qui accueille les spectateurs nous dit l’essentiel : le point d’exclamation s’appelait du temps de Racine « point d’admiration » que l’acteur Romain Daroles va magnifiquement illustrer pendant une heure quarante.
La passion de l’auteur pour la tragédie passe parfaitement auprès des spectateurs comme ce fut le cas au festival d’Avignon : 
« Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire ». 
Il faut bien au conférencier toute sa joviale énergie pour resituer la généalogie mythologique forcément compliquée des personnages, « Colchide dans les prés, c’est la fin de Médée », et un sens pédagogique certain pour expliquer en alexandrins la poésie du texte «  Alexandrin, Alexandrie, Alexandra… ».
L’humour qui prend ses distances avec tant de ténébreuses affaires met en valeur les tirades les plus sombres à l’émotion renouvelée : 
« C’est moi qui sur ce fils, chaste et respectueux,
Osai jeter un œil profane, incestueux.
Le ciel mit dans mon sein une flamme funeste ».
 
Nous repartons avec le livret qui contient le texte intégral (!) seul accessoire sur scène ayant permis de convoquer Phèdre sous sa couronne ou Théramène derrière sa barbe, au côté de la méridionale Œnone, face au viril Thésée.
Pour avoir si souvent été rétif aux mises à jour prétentieuses du répertoire ancien,
cette revigorante conférence figure pour moi comme un des meilleurs moments de théâtre de cette saison.  

1 commentaire:

  1. C'est le propre (!!) des gens de notre époque souvent très.. prétentieuse tout en se prenant pour démocrate ou du côté du peuple quand même, de fustiger la prétention chez les autres, sans se douter ? que d'autres portent sur nous leurs canons. On pourrait dire : on est toujours le prétentieux de quelqu'un. Cela ne manque pas quand le plus COMMUN dénominateur du "peuple" (aussi insaisissable et soluble que le sucre dans l'eau) est la mesure de tout et de tous. Affligeant, de mon point de vue. Et pendant que nous nous félicitons de notre ouverture, de notre tolérance, de notre manque de prétention...notre culture coule.
    Je préfère toujours voir INCARNEE la grande tragédie, et à plusieurs. Finalement... je ne suis pas aussi MONOTHEISTE que d'autres, il faut croire.

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