L’imprimé qui accueille les spectateurs nous dit
l’essentiel : le point d’exclamation s’appelait du temps de Racine « point
d’admiration » que l’acteur Romain Daroles va magnifiquement illustrer
pendant une heure quarante.
La passion de l’auteur pour la tragédie passe parfaitement
auprès des spectateurs comme ce fut le cas au festival d’Avignon :
« Tout m’afflige
et me nuit et conspire à me nuire ».
Il faut bien au conférencier toute sa joviale énergie pour
resituer la généalogie mythologique forcément compliquée des personnages, « Colchide dans les prés, c’est la fin de
Médée », et un sens pédagogique certain pour expliquer en
alexandrins la poésie du texte « Alexandrin,
Alexandrie, Alexandra… ».
L’humour qui prend ses distances avec tant de
ténébreuses affaires met en valeur les tirades les plus sombres à l’émotion
renouvelée :
« C’est moi qui
sur ce fils, chaste et respectueux,
Osai jeter un œil profane, incestueux.
Le ciel mit dans mon sein une flamme funeste ».
Osai jeter un œil profane, incestueux.
Le ciel mit dans mon sein une flamme funeste ».
Nous repartons avec le livret qui contient le texte
intégral (!) seul accessoire sur scène ayant permis de convoquer Phèdre
sous sa couronne ou Théramène derrière sa barbe, au côté de la méridionale
Œnone, face au viril Thésée.
Pour avoir si souvent été rétif aux mises à jour
prétentieuses du répertoire ancien,
cette revigorante conférence figure pour moi comme un des
meilleurs moments de théâtre de cette saison.
C'est le propre (!!) des gens de notre époque souvent très.. prétentieuse tout en se prenant pour démocrate ou du côté du peuple quand même, de fustiger la prétention chez les autres, sans se douter ? que d'autres portent sur nous leurs canons. On pourrait dire : on est toujours le prétentieux de quelqu'un. Cela ne manque pas quand le plus COMMUN dénominateur du "peuple" (aussi insaisissable et soluble que le sucre dans l'eau) est la mesure de tout et de tous. Affligeant, de mon point de vue. Et pendant que nous nous félicitons de notre ouverture, de notre tolérance, de notre manque de prétention...notre culture coule.
RépondreSupprimerJe préfère toujours voir INCARNEE la grande tragédie, et à plusieurs. Finalement... je ne suis pas aussi MONOTHEISTE que d'autres, il faut croire.