vendredi 6 mai 2022

Capitonné.

Il y a vingt ans, Chevènement avait l’intention de faire « turbuler » le système, ça branle encore.
Non seulement les étiquettes politiques ont valsé, et le mot « système » est devenu tellement général que tout le monde l’emploie pour le désigner comme l’ennemi vers lequel on adresse pourtant toutes les requêtes.
Le mot essentialisation qui visait à dénoncer la réduction d’un individu, d’un concept, à une seule de ses dimensions est devenu moins fréquent, et les tendances à la simplification empirent.
L’extrême droite est dédiabolisée et le Président devient l’incarnation du diable, affublé du terme infamant de « néolibéral », bien que l’état soit intervenu massivement avec le « quoi qu’il en coûte ! »
Depuis mon emplacement capitonné, je vois se ternir encore le mot de politique qui jadis valait aux grands hommes la reconnaissance de la République ; Julien Bayou (qui est-ce ?) et Olivier Faure( c’est qui ?) n’avaient pas l’ombre d’une âme à négocier en échange d’un plat de lentilles bio. Ils en ont oublié toute circonspection pour une circonscription. Fruits d’une classe politique déconsidérée, ils aggravent la défiance envers les politiques, quand ce n’est pas le maire de Grenoble, en apnée, qui ramène le burkini.
Les contempteurs de la constitution regrettent la personnalisation des fonctions alors que ne cessent les critiques de forme, les attaques intimes, flattant les ressentiments, suscitant les malveillances, substituant les postures, aux propositions.
Les commentateurs ne distinguent plus élections présidentielles et législatives. Le résultat des européennes avaient été différents des municipales et pour justifier davantage de proportionnelle certains rabattent abusivement les résultats d’avril sur ceux à venir en juin.
J’avais cru comprendre avec l’amenuisement du cumul des mandats que les députés allaient se consacrer essentiellement à l’élaboration de la loi. Alors que les écrans s’interposent entre citoyens et élus et que le respect se perd, les demandes d’assistance sociale se font plus insistantes, induisant quelques facilités clientélistes. Le populisme, la démagogie qui découlent de cette proximité figurent d’une façon tellement apparente que plus grand monde ne veut plus les voir. La conviction de Roussel concernant les centrales nucléaires a duré une semaine.
Les arrangements d’appareils ne se camouflent même plus sous des valeurs et c’est bien ! Cela devrait tarir toute leçon qui évoquerait le mot trahison. Peut on imaginer des politiques pragmatiques, transparents, indifférents au tempo médiatique, ils partageraient la souplesse macronienne, sa hardiesse? Quant au courage ce n’est pas dans leur logiciel. Les identités se dissolvent dans les sueurs des défaites jamais reconnues, mais ce « sauve qui peut » pour quelques investitures accrédite l’idée détestable du « tous à la soupe! ». Quand on a joué du signe égal entre Le Pen et Macron, il ne faudra pas s’étonner qu’après les bras tombés, il ne reste plus aux anciens croyants que des yeux pour pleurer.
En me positionnant ainsi dès le début de la semaine et sans avoir eu connaissance d’un argumentaire quelconque désigné désormais sous le terme «  éléments de langage », je ne peux dire que le sort de la gauche me soit définitivement devenu indifférent.  
LREM ferait mieux de travailler ses alliances que de commenter celles des autres et laisser venir à eux ceux qui ne sont pas dans le déni des crises énergétiques et civilisationnelles, nucléaire et défense de l’Europe.
 «  Je m’inquiète quand je vois le populisme en Europe progresser, l’extrémisme et la contestation de ce qui est le fondement même de la République. » François Hollande.
 

2 commentaires:

  1. Je te recommande fortement le livre de Claudia Moatti, "Res publica, histoire romaine de la chose publique". En le lisant, je conçois l'hypothèse que les Romains qui avaient leur propre vision de "res publica", les affaires publiques, se sont fait colonisés, petit à petit par... la langue grecque et les hypothèses qu'elle comporte sur les affaires publiques, de par sa structure, sa grammaire, sa syntaxe, et son lexique. Les crises répétées du premier siècle avant Jésus Christ ont lieu sur fond d'interroger la DEFINITION de la fonction d'un magistrat, par exemple. Cet engouement pour le... système... et les idées émane du grec, et de la manière grecque de voir le monde, et de l'organiser.
    C'est pour ça que je m'interroge grandement sur notre... confusion pour pouvoir différencier "politeaie", qui est mieux traduit par "La démocratie", que par "La République", et "res publica".
    Plus le temps passe, moins j'affectionne la démocratie. Maintenant je parle de "pulsion démocratique". Il s'agit d'une fâcheuse tendance à jouir quand on prononce le mot "démocratie", ou quand on l'entend. Il s'agit de se comporter comme un chien dans une cage de laboratoire qu'on... réduit à UN comportement qui lui procure une satisfaction ? qui lui évite un désagrément ? et qu'il répète de manière... automatique tant son environnement est réduit au strict minimum. Il ne lui reste que répéter automatiquement, en s'exilant de lui-même.
    Je soupçonne que "nous" fonctionnons ainsi en ce moment : avec le désir de réduire notre environnement au strict minimum.
    Je soupçonne aussi que l'église n'est pas loin. La nouvelle église, pas l'ancienne.
    Il se pourrait que le désir de l'Homme de pouvoir se mettre en marche pour aller tous dans la même direction, au même pas, et sous les auspices du même leader soit un désir... très puissant.

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  2. Pour Emmanuel Macron, je ne sais pas qui il est. Sait-il qui il est ? Agit-il par pur opportunisme, ou... marche-t-il dans les pas de l'autre Emmanuel, il y a si longtemps ?
    Se pourrait-il qu'il ignore la signification du prénom qu'il porte ? Se pourrait-il qu'il ignore QUI était l'autre Emmanuel ?
    Je ne le crois pas.
    Ce que je trouve plus significatif que tout ce que FAIT Emmanuel Macron est la configuration dans laquelle il a été élu.. par "le peuple" (et quel peuple...)
    Un homme de moins de 40 ans, PAS PERE, pas senatus, sans une place préalable au sein d'un parti politique traditionnel. Un homme qui a constitué son propre parti de... disciples ?
    Un homme qui n'est pas passé à la place de père reste à la place de fils...comment peut-il faire autrement ?
    D'autres sont restés à la place de fils.
    Faut-il rappeler qu'Adolf Hitler n'est pas passé à la place de père non plus ?
    Cet héritage est lourd en Occident.
    Il serait regrettable de faire comme si cela n'avait aucune importance par ignorance, ou par désir insatiable du "nouveau" à tout prix.
    Pour le signe "égal" entre Macron et Le Pen, je ne sais pas quoi penser non plus. Si je parle de choisir entre la peste et le choléra, cela ne veut pas dire que je trouve que la peste est EGALE à la choléra.
    Mais je me demande si Marine Le Pen serait aussi... hardie ? pour oser imposer le passe sanitaire, et le QR code à la population entière, à exiger 11 vaccinations aux titous accédant à la collectivité/école/crèche, à étendre le contrôle social au nom de la sécurité. Si elle avait été élue, aurait-elle insisté pour IMPOSER dans l'urgence ces importantes restrictions de liberté au nom de la sacrosainte sécurité ? Je ne le sais pas.
    Quand je pense à la République en marche (république... démocratie ?), je pense... aux Horaces. Pourvu qu'on n'arrive pas aux Horaces, tout de même... (Dirais-tu le contraire, toi ?) Jusqu'où pouvons-nous... régresser dans le climat actuel ? Difficile à dire. Je ne suis pas optimiste...
    Pour la citation de Hollande, je dis... tout irait bien si nous vivions dans un monde où la République restait... identique ? à elle-même, mais ce n'est point le cas. Macron l'a dit : la République est en marche. Macron incarne... la République en marche...Personnellement, j'aurais préféré qu'elle le soit moins...
    Il serait une erreur de penser que la République elle-même est incapable de se radicaliser, et que cette chose mystérieuse qu'on appelle la majorité est incapable de se radicaliser aussi. Ce n'est pas parce qu'on est dans la majorité qu'on a raison.
    Dans le monde dans lequel JE VEUX VIVRE.

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