dimanche 12 décembre 2021

The personal element/azoth. Alonzo king.

Comme nous n’en sommes pas encore réduits à n’apprécier que des produits (culturels) en circuit court, la compagnie venue d’Outre-Atlantique avec une réputation flatteuse semblait attractive. D’autant plus que ça fait un bail que nous n’avons pas vu de chaussons sur le plateau de la MC2. L’ambition affichée devait réunir tradition et modernité, mais ce propos commence à dater entre rafraichissement, dépoussiérage qui finissent par évacuer toute émotion.
J’ai eu l’impression, avec des postures impeccables des belles danseuses, de voir projetées des lettres enluminées lors de la première partie mais jamais réunies en mots. Les hommes en sont réduits à un rôle de porteur sur une musique qui plaque ses notes dont toute mélodie est évitée. La deuxième partie est aussi bien éclairée et cette fois les gestes isolés se rejoignent mais bien tard quand le saxo apporte un peu de chaleur. De beaux tableaux, des gestes inédits, des positions inusitées mais trop parcimonieuses ponctuent un ensemble  longtemps discordant dans un décor sobre mettant en valeur des corps épanouis mais qui n’entrainent pas.
 

1 commentaire:

  1. Sur "lesamis", il y a un écrit de Guy Debord que je recommande. Celui qui a écrit "la société du spectacle", ou quelque chose dans ce genre ; je ne me souviens pas du titre exact, sauf pour dire que c'est un livre culte.
    Ses propos sont assez convaincants, séduisants, même, mais j'ai mes doutes, avec le temps.
    Je n'ai pas vu le spectacle de MC2 que tu décris, là, mais je me demande si ce qui est à incriminer ne vient pas d'une trop grande conscience de soi, en anglais "self consciousness". Il ne s'agit pas d'être conscient de soi, mais plutôt de se regarder en train de faire. Il s'agit d'un état de conscience où on s'observe, où on est spectateur de soi-même en train de faire.
    Un tel état de conscience est douloureux. Il va à l'encontre d'une impression de fraîcheur, de spontanéité qui sont désirables pour nous en tant qu'êtres vivants.
    Un tel état de conscience tend à apparaître avec la vieillesse, fatalement, mais il n'est pas forcément synonyme. Après tout, quand on est marié à la même personne depuis plus de 40 ans, qu'on a fait l'amour tellement de fois qu'on ne peut plus les compter... comment fait-on pour que ça reste.. frais, et nous avec ?
    Et si ça ne reste pas frais... c'est quoi, l'alternative, et qu'est-ce qu'on peut encore ATTENDRE DE LA VIE ?...
    Des fois je me demande combien pèse ce regard là sur le.. spectacle du monde à l'heure actuelle ?
    Mais moi aussi, je vois parfois une systématisation dans les effets recherchés dans les spectacles qui gâche mon plaisir, et m'envoie plutôt vers les vieux films, les vieux documents, où il me semble que ce regard (mais il vient d'où, en fin de compte ?...) est moins palpable, moins corrosif.

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