Après les présentations de Van Eyck et Van Der Weyden qui à
la suite de Campin ont influencé tant d’autres peintres, le conférencier,
devant les amis du musée de Grenoble, clôturait un cycle consacré aux « primitifs
flamands ».
Les artistes, passant du Moyen-âge aux abords de la Renaissance,
ont développé la technique de la peinture à l’huile sur panneaux de bois,
rendant parfaitement les matières et les visages, conservant un tel état de
fraîcheur que leurs personnages nous regardent dans les yeux plus de cinq
siècles après leur réalisation.
Petrus Christus arrive à Bruges en 1435 en continuateur
de Van der Weyden.
Son « Orfèvre dans son échoppe »
reçoit deux jeunes gens richement habillés venus acheter un anneau, elle a posé
sur la table sa ceinture rouge couleur du mariage. Un miroir convexe d'inspiration eyckienne permet de voir
deux hommes à l’extérieur de la boutique dont l’un est accompagné d’un faucon
attribut de la noblesse.
Un grand soin est porté aux différentes matières figurant à
l’arrière plan dont un objet de monstration d’hosties surmonté d’un pélican
symbole du sacrifice. Deux dents de requin accrochées au mur devaient prévenir
de la présence de poison dans les aliments.
« La nativité » : derrière ses colonnes où deux
télamons supportent le poids du péché d’Adam et Eve, le petit enfant est posé
sur le manteau de sa maman comme l’avait vu sainte Brigitte. Bethléem, la ville
du blé, figure derrière l’étable délabrée. Le triangle de la charpente
représente Dieu et sur la branche sèche, l’ancien testament, pousse un rameau
nouveau, le christianisme.
Sur le même thème, « La madone à l’arbre mort »
est entourée de « A » première lettre de l’oraison « Ave Maria »
à répéter 15 fois qui renverse la cause de la damnation des Hommes : Eva
«(Eve) devient Ave.
La « Rencontre
de Jacob et de Rachel » est un des rares dessins de l’époque qui ait pu être attribué à Hugo van der Goes. Sa carrière à Gand fut très
courte et il ne sut rien de son influence.Le diptyque « La Chute et la
Rédemption de l'Homme » était
peint pour les dévotions privées : toute l’histoire religieuse est
là, en 34 X 22.
Quand ils ont vu l’explosion des couleurs derrière les portes en
grisaille du « Triptyque
Portinari », et la qualité de l’expression des humbles, Botticelli
et Ghirlandaio ont été saisis. Ce dernier peindra lui aussi une « Adoration
des bergers ».
Les influences se croisent, ainsi Enguerrand Quarton, de
l’école d’Avignon, où la trinité assure « Le couronnement de la vierge »,
est à comparer avec celle de Dirk Bouts, de Louvain,
A droite, le personnage agenouillé à côté de celui qui a ordonné le « Martyre
d’Hippolyte », converti par Saint Laurent qu’il devait surveiller
en prison, sera également écartelé. Hippolyte signifie celui qui aime les
chevaux.
« La Dernière Cène », panneau appartenant au retable
du Saint Sacrement, a demandé 4 ans de travail, à Bouts, chaque glacis
travaillé à plat requérant plus d’un mois de séchage.
Tani, banquier florentin, avait commandé à Hans Memling « Le jugement dernier ».
Il n’a été restitué au musée de Bruges que le
temps d’un anniversaire, depuis qu’il avait été intercepté par un pirate de
Dantzig (Gdansk) sur la route maritime entre la Belgique et Florence. Les
fracas des récits bibliques et l’histoire mouvementée de ce chef-d’œuvre ne
nous empêchent pas d’entrevoir les ressuscités se reflétant sur la cuirasse
dorée de Saint Michel : quelle virtuosité !
Il est facile d’établir encore une comparaison entre « Le
Christ bénissant » d’Hemling et celui d’ Antonello da Messina.
Il faut bien toutes les faces d’une « Châsse de sainte
Ursule » pour conter l’histoire
de la protectrice des jeunes filles qui fut massacrée à Cologne par les Huns avec
11 000 vierges qui l’avaient accompagnée à Rome avant d’accepter de se marier
avec un païen anglais.
Après la mort de
Charles le téméraire (1477), la Bourgogne avec laquelle la Flandre avait des
liens puissants passa sous le contrôle des Habsbourg. L’influence des grandes
cités se modifiait : Anvers au débouché de l’Escaut ouvrait sur le grand
large, alors que le canal de Gand à Bruges s’ensablait.Bruegel vint au monde vers 1525.
Je ne me lasse pas de regarder ces tableaux. Je crois qu'ils sont comme les chefs d'oeuvre de la musique. A force de regarder, ou d'écouter, de réécouter, de faire retour dans ces oeuvres, on voit de plus en plus de choses, on voit les oeuvres changer... avec nous, qui changeons, puisque rien ne peut rester identique à lui-même...
RépondreSupprimerMerci pour ce rayon de civilisation ce matin. Que l'Homme est capable de choses magnifiques, de véritable grandeur quand il ne se hait pas...