jeudi 2 décembre 2021

Ateliers en Flandre au XV° siècle. Gilbert Croué.

Après les présentations de Van Eyck et Van Der Weyden qui à la suite de Campin ont influencé tant d’autres peintres, le conférencier, devant les amis du musée de Grenoble, clôturait un cycle consacré aux « primitifs flamands ».
Les artistes, passant du Moyen-âge aux abords de la Renaissance, ont développé la technique de la peinture à l’huile sur panneaux de bois, rendant parfaitement les matières et les visages, conservant un tel état de fraîcheur que leurs personnages nous regardent dans les yeux plus de cinq siècles après leur réalisation.
Petrus Christus arrive à Bruges en 1435 en continuateur de Van der Weyden.
Son « Orfèvre dans son échoppe » reçoit deux jeunes gens richement habillés venus acheter un anneau, elle a posé sur la table sa ceinture rouge couleur du mariage.
Un miroir convexe d'inspiration eyckienne permet de voir deux hommes à l’extérieur de la boutique dont l’un est accompagné d’un faucon attribut de la noblesse.
Un grand soin est porté aux différentes matières figurant à l’arrière plan dont un objet de monstration d’hosties surmonté d’un pélican symbole du sacrifice. Deux dents de requin accrochées au mur devaient prévenir de la présence de poison dans les aliments.
« La nativité »
 : derrière ses colonnes où deux télamons supportent le poids du péché d’Adam et Eve, le petit enfant est posé sur le manteau de sa maman comme l’avait vu sainte Brigitte. Bethléem, la ville du blé, figure derrière l’étable délabrée. Le triangle de la charpente représente Dieu et sur la branche sèche, l’ancien testament, pousse un rameau nouveau, le christianisme.
Sur le même thème, « La madone à l’arbre mort » est entourée de « A » première lettre de l’oraison «  Ave Maria » à répéter 15 fois qui renverse la cause de la damnation des Hommes : Eva «(Eve) devient Ave.
La « Rencontre de Jacob et de Rachel » est un des rares dessins de l’époque qui ait pu être attribué à  Hugo van der Goes. Sa carrière à Gand fut très courte et il ne sut rien de son influence.
Le diptyque « La Chute et la Rédemption de l'Homme » était  peint pour les dévotions privées : toute l’histoire religieuse est là, en  34 X 22.
Quand ils ont vu l’explosion des couleurs derrière les portes en grisaille  du « Triptyque Portinari », et la qualité de l’expression des humbles, Botticelli et Ghirlandaio ont été saisis.
Ce dernier peindra lui aussi une « Adoration des bergers ».
Les influences se croisent, ainsi Enguerrand Quarton, de l’école d’Avignon, où la trinité assure « Le couronnement de la vierge »,
est à comparer avec celle de Dirk Bouts, de Louvain,
comme son Ressuscité avec  « Le christ bénissant »  du castillan Fernando Gallego.
A droite, le personnage agenouillé à côté de celui qui a ordonné le « Martyre d’Hippolyte », converti par Saint Laurent qu’il devait surveiller en prison, sera également écartelé. Hippolyte signifie celui qui aime les chevaux.
« La Dernière Cène », panneau appartenant au retable du Saint Sacrement, a demandé 4 ans de travail, à Bouts, chaque glacis travaillé à plat requérant plus d’un mois de séchage.
Tani, banquier florentin,  avait commandé à Hans Memling « Le jugement dernier »
Il n’a été restitué au musée de Bruges que le temps d’un anniversaire, depuis qu’il avait été intercepté par un pirate de Dantzig (Gdansk) sur la route maritime entre la Belgique et Florence.
Les fracas des récits bibliques et l’histoire mouvementée de ce chef-d’œuvre ne nous empêchent pas d’entrevoir les ressuscités se reflétant sur la cuirasse dorée de Saint Michel : quelle virtuosité ! 
Il est facile d’établir encore une comparaison entre « Le Christ bénissant » d’Hemling  et celui d’ Antonello da Messina.
Le polyptyque de la « Vanité terrestre et de la Rédemption céleste » parle de lui-même.
Il faut bien toutes les faces d’une « Châsse de sainte Ursule » pour conter l’histoire de la protectrice des jeunes filles qui fut massacrée à Cologne par les Huns avec 11 000 vierges qui l’avaient accompagnée à Rome avant d’accepter de se marier avec un païen anglais.
Après la mort de Charles le téméraire (1477), la Bourgogne avec laquelle la Flandre avait des liens puissants passa sous le contrôle des Habsbourg. L’influence des grandes cités se modifiait : Anvers au débouché de l’Escaut ouvrait sur le grand large, alors que le canal de Gand à Bruges s’ensablait.
Bruegel vint au monde vers
1525.

1 commentaire:

  1. Je ne me lasse pas de regarder ces tableaux. Je crois qu'ils sont comme les chefs d'oeuvre de la musique. A force de regarder, ou d'écouter, de réécouter, de faire retour dans ces oeuvres, on voit de plus en plus de choses, on voit les oeuvres changer... avec nous, qui changeons, puisque rien ne peut rester identique à lui-même...
    Merci pour ce rayon de civilisation ce matin. Que l'Homme est capable de choses magnifiques, de véritable grandeur quand il ne se hait pas...

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