samedi 18 décembre 2021

Mon mari. Maud Ventura.

Le titre légèrement désuet donne le ton et ne ment pas, il remonte au vent face aux bourrasques du temps, avec jubilation.
Le second degré, l’humour, devenus rares, sont au service d’une profondeur inattendue dans un domaine conjugal tellement précaire où foisonnent en général les clichés.
L’amour absolu, l’amour fou, débouche sur son impérieux contraire quand l’attention devient excessive, alors que l’imagination, l’invention de l’autre se rappellent à nous comme pigments de la vie.
Ces 350 pages lues d’un trait se chapitrent suivant les jours d’une semaine : 
« Le mardi est un jour belliqueux. Pas besoin de chercher des explications compliquées : sa couleur est le noir et son étymologie latine nous apprend que c’est le jour de Mars, le dieu de la Guerre. La prise de la Bastille a eu lieu un mardi. Le 11 septembre 2001 aussi. Le mardi est toujours un jour dangereux. » 
Alors que le lundi est le jour bleu, celui des débuts :
«  Dans un livre j’ai toujours préféré les premiers chapitres. Dans un film les quinze premières minutes ». Moi, pareil. 
A la recherche de l’expression la plus juste dans son métier de traductrice, elle est méticuleuse, honnête, quoique, mais sa lucidité ne l’empêche pas d’être « trop ». Ses attentions bienveillantes vont se retourner à partir d’un épisode anodin, comme toujours, après un jeu entre amis, sorte de portrait chinois : 
« Mon mari considère donc que son meilleur ami est marié à un ananas, tandis qu'il a épousé une clémentine. Il vit avec un fruit d'hiver, un fruit banal et pas cher. Un petit fruit ordinaire qui n'a ni la gourmandise de l'orange, ni l'originalité du pamplemousse. Un fruit ordonné en quartiers, pratique et facile à manger, prédécoupé, prêt à l'emploi, fourni dans son emballage. »
 Souvent les livres à offrir sont lourds, celui-ci ravira ceux et celles qui aiment les sourires, la vie, les surprises, l’autre, les autres, la légèreté et la complexité.

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