Les motifs
d’accablement ne manquent pas et l’on pourrait être reconnaissants aux
écologistes de nous distraire de tant de noirceur.
Après sapin de Noël, Tour de
France et foie gras, voilà piscine à proscrire et cabane pour gilets jaunes et
ses bacs à fleurs, cadeau de M. Piolle. S’il faut dans un premier temps se
retenir de rire, il me semble que cette affaire témoigne au-delà d’une démagogie
habituelle, d’un positionnement problématique à l’égard de la démocratie.
«Dans le rugby, y a
pas que des cons, mais tous les cons y sont» Jean-Pierre Rives.
En ce qui concerne « les Gilets Jaunes » je
souscris à la règle d’essayer de ne pas « essentialiser » et précise,
comme on faisait dans le temps, d’où je parle.
Le regard critique que je porte sur leur mouvement
est débarrassé de toute condescendance puisque je suis de ce
pays des « gens de peu ». Je n’ai pas besoin de me documenter pour « aller au
peuple », j’en viens, et je sais intimement le mépris pour l’avoir subi en
tant que « pagu » (paysan). Je ne partageais pas, en leur temps, les
sourires que suscitaient les Deschiens, ils ressemblaient tellement aux miens.
Les occupations de ronds points ont été un révélateur des
fractures de notre pays.
Mais l’accumulation de leurs revendications portait trop de
contradictions : « moins d’impôts et plus de services », et leurs
méthodes violentes pouvaient susciter des désaccords profonds.
Qu’un élu de la République qui a prétendu la diriger le
temps d’une tournée des plateaux, apporte une aide à ceux qui ont rêvé de
mettre à bas « La gueuse » est atterrant.
Ils n’ont cessé de
remettre en cause la démocratie représentative dévorant dans la même
effervescence leurs propres leaders. Ils criaient à la dictature alors qu’ils
étaient enclins à se tourner vers des solutions autoritaires. Et au bout, ont
connu de bien faibles scores lorsqu’ils se sont présentés devant le peuple.
Si le mouvement qui a émergé en s’opposant aux taxes sur le
diésel et aux limitations de vitesse à 80 km/h se trouve conforté par les ennemis de
l’automobile c’est qu’il y a d’autres convergences de fond qui ont permis de
passer par-dessus de telles contradictions.
Et c’est bien la remise en cause de l’état de droit qui est
posée dans ce défi à Paris.
Une étape est franchie, depuis que les communaux des villes
dirigées par les communistes venaient grossir en autocars les rangs des manifs
de la CGT, avec ce coup de main à un mouvement en perte de vitesse. Les rituels du jeu social ont été rendus obsolètes et sont validés
les coups de force permanents débutés avec le refus de déclarer préalablement
les manifestations. Les Black Blocks cherchaient les CRS et les ont trouvés.
Eau et électricité avaient déjà été alloués par la
collectivité locale grenobloise à « Nuit debout » devant la MC 2
devenue un temps base activiste quelque peu éloignée du « flower
power ». Comme sont reniés les libertaires sous les injonctions permanentes, les interdictions quotidiennes des nouveaux pères et mères fouettard.e.s.
Les salles de réunions ne manquent pas, la Bourse du travail
est pimpante et les sièges des partis politiques ne demandent qu’à être garnis.
Cette alternative folklorique sous pergola ravit les candides qui remercient
les élus de leurs bonnes œuvres mais peuvent inquiéter sur la nature de ce
pouvoir municipal minant les pouvoirs élus pour mieux asseoir le sien.
« La démocratie,
c'est beaucoup plus que la pratique des élections et le gouvernement de la
majorité : c'est un type de mœurs, de vertu, de scrupule, de sens civique, de
respect de l'adversaire; c'est un code moral. » Pierre Mendès France
Je suis heureuse de lire tes prises de position ici.
RépondreSupprimerJe vois l'origine de nos maux un peu plus loin, Guy.
Internet prétend nos unir partout sur la planète maintenant. Internet rend possible un ersatz de... fraternité, je crois que le mot fera l'affaire. Internet va de pair avec notre nouvelle religion du numérique.
Internet rend possible au moins l'illusion d'une gouvernance mondiale, en temps réel, en même temps qu'un soulèvement du peuple qui refuse cette gouvernance.
Gouvernance mondiale par qui ? J'ai déjà dit ici et ailleurs que je ne sais pas vraiment où est le pouvoir en ce moment. Est-il logé surtout dans une classe... managériale qui se contente de prendre les décisions pour gérer les capitaux du secteur financier si indispensable pour financer les retraites de la génération des baby boomers, qui arrive massivement à l'âge de la retraite, et sort du monde des "actifs" pour devenir... pour la comptabilité, bien entendu, des... "passifs" ?
Hier, je discutais avec des amis. Je dis que je suis issue de parvenus. Sans jugement négatif. Etre issue de parvenus, c'est le cas de la plupart d'entre nous que je connais, car nos parents ont surfé sur le gros BOUM de l'après guerre, et ce qu'il a apporté de richesse, de confort, de facilité dans nos vies. Peu d'entre nous réalisent vraiment le prix qui a été payé pour que nous accédions au gros boum, en Europe, mais le prix... en sacrifice, a été colossal.
J'ai commencé à me dire il y a quelque temps que la société repose sur un sacrifice fondateur. Il faut... un sacrifice pour faire société. Je me dis que ce sacrifice si lourd, si terrible qui a été acquitté... pour nos faire renaître des cendres, pour refaire société, est à renouveler maintenant. On ne peut pas surfer sur la valeur acquise indéfiniment. Surtout au moment où les derniers survivants, en chair et en os, disparaissent. Je vois qu'on ne sait pas vraiment ce qu'est la chair maintenant, ni ce qui fait... son poids, mais je crois qu'elle pèse lourd dans notre présent.
J'espère que je me trompe sur cette analyse, mais je ne crois pas.
Je rappelle la phrase qui a fait BOUM il y a longtemps maintenant, mais qu'on n'entend que très vaguement : "il serait bon qu'un homme meure POUR LE PEUPLE".
Il s'agit... d'une élection. De sortir quelqu'un du lot pour qu'il RE-PRESENTE le peuple, en le refondant en tant que peuple.
Ainsi va le monde... de ma perspective.