samedi 4 septembre 2021

Zadig. N° 10.

Les années qui passent m’ont valu ce beau cadeau d'un abonnement pour ce trimestriel 
où «  toutes les France racontent la France », en témoigne une carte allant des champignons de Noailhac à la vallée de la Roya qui panse ses plaies après la catastrophe du 2 octobre 2020.
Le président de la République a le temps de parler de sa France dans un long entretien  nous éloignant des punch lines.
Le dossier consacré au complotisme évite les idées simples : ainsi après enquête à Villeneuve d’Ascq, il s’avère que des lycéens sont moins influencés que certains adultes. Les cartes de Le Bras montre la répartition des procès en sorcellerie au XVI° siècle. La mise en relation des cas de rougeole avec la présence de la fraternité intégriste Saint Pie X sont étonnantes. Pourtant aujourd’hui : 
« Les régions les moins crédules correspondent à celles où le catholicisme reste le plus pratiqué ». 
Les craintes des chantres du « grand remplacement » sont abordées, et nous faisons connaissance d’une député anti masque, d’un Youtubeur covido-sceptique et comprenons comment naissent les rumeurs à la Réunion par le « ledi-lafé », « il l’a dit il l’a fait ».
Un sociologue essaie de sortir de cette catégorie fourre-tout en relevant les traumatismes antérieurs de complotistes tout en adoptant des postures critiques.
Des universitaires ont de l’espace pour développer leur pensée :
Gérald Bronner : «  La radicalité pousse au conspirationnisme »  et inversement.
Jean de Kervasdroué, économiste, met le doigt sur la centralisation et le corporatisme qui ont mis la santé publique en déroute.
Benjamin Stora a tiré des leçons du livre d’Henry Rousso « Le syndrome de Vichy » où les vagues mémorielles passent de l’épuration à l’amnistie, du mythe au refoulement, de la France résistante au « Chagrin et la pitié », de Pétain à Klarsfeld.
Des auteurs posent un regard tendre comme Leïla Slimani : « Les enfants le dimanche » ou nostalgique avec Daniel Rondeau autour d’une pierre néolithique abimée par un tracteur dans sa champagne natale. 
Danièle Sallenave plaide pour la maîtrise de la langue : 
« Et que la rigueur de la langue écrite accueille et soutienne toutes les puissances d’une oralité dévastée par les avilissements marchands d’une novlangue numérisée »
Lola Lafon a écrit une nouvelle, et Mathieu Sapin a livré une BD.
Un reporter présent avec une équipe de pompiers affrontés aux violences, aux malaises, retranscrit un quotidien où l’on peut voir de l’héroïsme ne passant pas forcément par des actes exceptionnels.
Le retour sur le scandale de la mort d’un maire qui voulait empêcher une décharge sauvage, permet au journaliste de dresser un portrait haut en couleurs de Jeannot, mais aussi de sa région autour du Massif de la Sainte Baume et des pratiques politiques où se croisent envie de démocratie collective et passe-droits individuels.

1 commentaire:

  1. Oui, pour la langue écrite. Le fait de passer du temps à formuler un écrit, à le construire, permet de structurer la pensée.
    Il est bien plus facile de structurer un écrit que de structurer une réponse, ou une présentation orale, sur le vif.
    Mais j'ai bien peur qu'ici, l'école ait démissionné. Déjà du temps où mes enfants étaient au collège, je me suis aperçu, avec consternation, qu'ils n'apprenaient pas à écrire, à structurer un écrit.
    Peut-être que les effectifs des classes étaient trop importants pour permettre aux enseignants de faire travailler tous les enfants comme il se doit, pour former à l'écriture ?
    Il faut.. ECRIRE pour apprendre à écrire, et il faut que l'enseignant puisse corriger les écrits des élèves pour qu'ils apprennent à écrire.
    J'ai donc appris à mes enfants à écrire. C'était il y a une vingtaine d'années.
    L'écrit a l'avantage, quand il est bien pratiqué, de favoriser un certain rapport avec le temps. On apprend à.. gommer, à réécrire. En dehors de ces pratiques, j'ai envie de dire, peu de salut pour la pensée critique.
    Mais quelqu'un qui a la capacité de faire appel à son sens d'observation, son expérience peut cultiver son esprit critique. La démarche scientifique est basée là dessus, de toute façon.
    Pour la langue, il y a un autre facteur très important : je crois que nous sommes en face de l'émergence d'une structure manifeste, et non occulte, d'empire. Cela se voit dans le fait qu'un ersatz de ma langue maternelle s'impose pour faire affaire partout sur la planète, y compris en Chine.
    J'ai envie de dire qu'on voit l'empire... dans la généralisation de cette langue qui tend à devenir universelle.
    En conséquence, le français, et d'autres langues sont attaqués dans leur manière d'organiser nos consciences, nos rapports avec le temps, notre place dans le monde par rapport à tout ce qui est dedans. Une langue matérialise et construit, à sa manière, un ensemble de relations, et d'implicites sur notre place dans le monde. Et, en français, nous sommes menacés par cet ersatz de nouvelle langue universelle.
    Cela créé... une souffrance terrible, car nous perdons pied.. dans notre monde. Il est très difficile d'apercevoir ceci en l'absence d'une autre langue de référence. Les Français sont rarement bilingues.. et ainsi, ils manquent de repères pour les aider avec ces problèmes.
    On peut voir tout cela dans l'incompréhension qui est notre lot quotidien en parlant les uns avec les autres. La dimension de la langue comme bien fondamental.. COMMUN, rassemblant les personnes est attaquée.

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