vendredi 17 janvier 2020

Vérités.

Le titre « Les Misérables » vient de resservir et un autre film « La vérité » fait Deneuve avec du vieux d’il y a 60 ans quand Bardot jouait.
A mon tour après la « Démocratie » et la « Liberté »,  je m’entête avec les grands mots.
Oui Cioran :
« Nous n'avons le choix qu'entre des vérités irrespirables et des supercheries salutaires. »
Je ne hasarderai pas à choisir qui dit vrai dans le dossier des retraites où les simulateurs pédalent et le peloton des usagers aussi. Sachant que « L’histoire » comme disait Napoléon, un connaisseur, « est une suite de mensonges sur lesquels on est d’accord ».
Dans la version Facebook du Monde.fr qui vise sans doute de nouveaux clients, le lecteur s’accrochant à un journal de référence ne pourra plus faire l’affaire, lorsqu’il lit : 
« On peut être noir mais aussi conservateur, homophobe, machiste, intolérant… »
Quelle découverte ! Mettre cette phrase d’une chercheuse en exergue a valu quelques ricanements sur le réseau, ce type de réflexion confirmant l’état lamentable du paysage intellectuel. Les posteurs de tels scoops-toujours-prêts sont au niveau des trolls qui vibrionnent autour de leurs titres racoleurs estimant que tous ceux qui ne sont pas de leur avis sont « payés par Macron ». Quelle vision du monde a ce syndicaliste se ridiculisant en pensant que  tout le pays serait en colère face à une poignée de ministres? Ce serait tout aussi hasardeux de mettre en regard 66 millions de français qui ne manifestent pas, face au million de manifestants, dans un grand jour, quand la comptabilité de la CGT, multipliant par 7 les estimations du cabinet Occurrence missionné par Les Echos, Médiapart ... Qui sait encore que l’organe du PC soviétique s’appelait, s’appelle la «Pravda » ( la Vérité) ?
Quand le Président de la République constate « la mort cérébrale de l’OTAN » ou que «  Quand des pays ont encore 7 ou 8 enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’€uros vous ne stabiliserez rien » et trouve encore de virulents contradicteurs, c’est que la vérité est vraiment farouche.
Les maîtres d’école ont atteint l’obsolescence, ce sont les influenceurs, de préférence mineurs, qui occupent l’espace virtuel et prennent les têtes adolescentes.
Nous nous préparons d’accablants lendemains si désormais bébé ne sourit plus à sa maman mais à son téléphone. « Like » et cœurs se bousculent, les stéréotypes joufflus remplacent l’écrit, et les cris deviennent inaudibles. Cette infantilisation de la vie sociale ne pourra rien contre toutes les violences qui accompagnent ces marques d’amour factices.
Version pessimiste qui vient contredire la vision d’une France dont le monde entier envie la prospérité : la « startup nation » est plus créative que les « Obstinés » revêtus de chasubles voyantes.
J’aurai bien mérité le mème «  Ok ! boomer ! »  après avoir regretté que le « Boxing day » succède au « Black Friday » quand ce n’est pas seulement notre langue qui est en solde.
.................
Gaspard Proust, humoriste d’origine slovène, parle de La France :
«  un pays qui se méprise à ce point-là, qui s'incline devant tout n'est plus attirant »,
et se demande :
« Quel intérêt du coup de devenir français, si, de toute façon, on me fait l'éloge de pouvoir tout le temps la ramener avec mes origines ? »
.................
Laurent Joffrin ("Libération") à propos de l'Iran:
"... dans les pays de liberté, la démocratie est souvent une déception ; dans les pays sans liberté, elle reste un espoir brûlant. Au passage, on constate une nouvelle fois que les droits humains ne sont pas une invention trompeuse des «hommes blancs» destinés à masquer leurs turpitudes, comme on l’entend parfois en France dans certains cercles militants, mais bien une aspiration universelle, en Iran comme ailleurs..."
.................

.........
Le tableau "La vérité sortant du puits" est d'Edouard Debat- Ponsan.

1 commentaire:

  1. Hier soir, avec mon mari et des amis nous étions plongés dans notre réflexion sur "Le Marchand de Venise" de mon cher William. Les deux premiers mots de la première scène sont "In sooth", proférés par Antonio, le marchand du titre de la pièce. Dans la deuxième scène, les trois premiers mots, proférés par son double féminin sont "By my troth". Les deux personnages souffrent d'un mal similaire, dont l'action de la pièce va les guérir.
    "In sooth" dans la bouche du personnage masculin peut se traduire par "à vrai dire", et ouvre l'univers de.. la vérité... "By my troth" dans la bouche du personnage féminin, (la femme) ouvre l'univers de... la foi engagée.
    Shakespeare semble construire une énorme allégorie, qui est plus forte encore qu'une allégorie, pour explorer comment le problème de la vérité (philosophique, car il s'agit de "know thyself", le but de la philo grecque) se tisse dans la foi (et je ne parle pas de la religion ici, mais l'engagement donné).
    Une vision de la vérité qui la... réduit à détruire toute forme d'illusion (projet platonique ?) est une vision qui détruit l'Homme en détruisant son imagination intelligente. Depuis combien de temps croulons-nous sous cette entreprise de destruction massive, maintenant ??
    Cette idée destructrice de la vérité se fonde sur... l'illusion qu'un monde NEUTRE, un monde révélé par l'OBJECTIF de l'appareil photographique est la réalité... brute, et originelle et que nous, pauvre créatures de chair que nous sommes, nous pouvons y accéder. (En passant... quel colossal hubris)
    Mais... c'est un mythe, tout cela ! Un mythe destructeur, mais un mythe.
    Qui plus est, c'est un mythe qui manque la grâce, la beauté de nos mythes grecques, ET de nos "constructions" religieuses pour rendre compte de notre place du monde, notre sens.
    Bon, pour la place de la France dans l'Occident, en tout cas, il ne faudrait pas trop revêtir la chemise de bure pour jouir de sa propre flagellation. Je ne vois aucune société de l'Homme en ce moment qui s'en tire bien devant l'industrialisation moderne.
    Le problème : qu'allons-nous faire de l'industrialisation qui nous éloigne de nous-même à si grande échelle ??
    Oui, je veux bien être dynamique, Guy. Je vais acheter une partie de mon épicerie sur le marché bio jeudi, en vrac...

    RépondreSupprimer