samedi 25 janvier 2020

Dieu et nous seuls pouvons. Michel Folco.

« - Comment tu ne connais pas ? » s’étonnait une de mes amies des plus lectrices en me prêtant  son édition de France Loisir.
« - Hé non ! » Honte sur moi, mais plaisir d’une découverte palpitante.
L’histoire de huit générations de bourreaux s’étend de 1683 à 1914 dans l’Aveyron.
« La prison n’était pas un châtiment en soi mais un simple lieu de détention provisoire où les prévenus attendaient leur procès, puis l’exécution de la sentence. »
Ces « exécuteurs des hautes œuvres » ont exercé un métier que personne ne voulait faire, mais qui attirait les foules autour des estrades. L’opprobre et les privilèges ont accompagné la famille des Pibrac de Bellerocaille.
« Menez à la ville un chien de ferme, le premier qu’il mordra sera un paysan. »
Il est question de mort et de vie, de justice. Nous sommes renseignés, histoire et littérature, surtout sur les enjeux politiques et sociaux avec le premier de la dynastie au nez de bois, enfant trouvé, et avec le petit dernier pour lequel une solide transmission avait été entreprise, alors qu’Adolphe Crémieux avait réformé la peine capitale et supprimé les exécuteurs provinciaux en 1870.
Sur 315 pages nous sommes emportés d’abord dans un XVII° siècle remarquablement rendu avec force expressions archaïques, humour noir, personnages pittoresques et fil narratif qui ne vous lâche pas, jusqu’à la veille de la grande guerre.
Au dernier chapitre l’ancêtre doit résoudre un mot croisé :
« On peut le mettre en boîte sans le vexer ».
La solution est le dernier mot du livre : « cadavre »
La maison de famille, l’oustal, à l’orée du village est devenu un musée et d’autres bourels ont contribué à l’exposition d’une multitude de moyens de torture ou de mort :
« Malgré la distance et l’encombrement de l’objet, le garrotteur de Madrid avait apporté un magnifique banc d’étirement en noyer du XVI° siècle en parfait état de marche et portant de nombreuses traces d’usage. L’ancien exécuteur du Périgord offrit une douzaine de poires d’angoisse en argent du XII° siècle finement ciselées ainsi qu’un rarissime arrache-seins à quatre pointes utilisé jadis sur les sorcières et les filles-mères coupables d’avortement. »

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