vendredi 24 janvier 2020

Tout ne va pas si mal. Oblik n° 3.

Le « mook » d’ « Alternatives économiques » est carrément original avec un tel titre qui annonce tout un tas d’informations surprenantes, à contre courant, carrément iconoclastes, tant le déclinisme, le pessimisme courent les rues.
Nous apprenons chaque jour des suicides de profs, de médecins, de policiers, de paysans … alors que depuis 40 ans le taux de suicide baisse (en 1985 il était de 32,9 pour 100 000 habitants, il est passé à 22 en 2015).
Les sources sont incontestables et la lecture de ces 144 pages très confortable avec des statistiques mises en images attractives.
Nous apprenons que les français ont plus de chance de dépasser les cents ans que leurs voisins européens et que la grande pauvreté recule dans le monde : 1,1 milliard de personnes ont échappé à l’extrême pauvreté en un quart de siècle.
Il y a moins de pauvres en France qu’ailleurs et ils le restent moins longtemps
(France : 2,4 %, Suède : 2,5%, Allemagne : 5, 5%).
Le nombre des homicides a été divisé par deux en trente ans :
«  On tolère d’autant moins la violence que son intensité diminue. »
En 2015 parmi les hommes de 35 à 45 ans, 27, 2 % d’entre eux et 39, 8 % des femmes ont connu une trajectoire de mobilité ascendante : l’ascenseur social n’est pas si coincé que ça, même si 15% et 11, 7% ont connu des trajectoires descendantes.
En vingt cinq ans, l’Europe a gagné l’équivalent de la Grèce en surface boisée.
Pour finir par où commence la  liste des bonnes nouvelles avec l’augmentation de 10 ans d’espérance de vie chez les africains en 10 ans passant de 50 à 60 ans, il vaut mieux laisser d’autres bonnes surprises aux lecteurs envers lesquels il ne convient pas de s’excuser de passer pour un béat benêt car d’autres rubriques hors du dossier ont de quoi nous faire retomber dans les affres : 26 % des espèces sont menacées en France et 38% des espaces naturels sont dans un état défavorable, 35% dans un mauvais état.
Et si la nouvelle de Gérard Mordillat est vraiment caricaturale, la mise en question pédagogique des « trente glorieuses » dans ce numéro est salutaire même si les fascinés de la décroissance auront du mal à expliquer que la multiplication des machines à laver ne fut pas un progrès incontestable.
La mise en images de la question : « les immigrés coûtent-ils trop chers » est également profitable.

1 commentaire:

  1. Bon...
    Tu sais que tu ne prêches pas à une convaincue, là, et même pas du tout.
    Je crois que je dois dire que l'idéal de faire vivre longtemps TOUT LE MONDE en dehors de la pauvreté PARAIT... à première vue comme étant totalement sans effets négatifs, mais, mais...
    Le monde dans lequel nous vivons est forcément, et nécessairement, obligatoirement, un monde où les avantages auront toujours leurs inconvénients, et où les conséquences des "choix" sociaux mettent parfois des siècles pour se déployer dans le temps, assurant même que nous ne puissions pas reconnaître que ce qui finit par apparaître comme des "maux" échappent à notre conscience en tant que conséquences de nos idéaux.
    Je vais prendre au hasard un des "idéaux", la (non)violence... en sachant qu'on peut faire pareil avec tous les autres idéaux.
    Oui, c'est un constat que la diminution de l'intensité de la violence amène à vouloir encore et toujours... MOINS de "violence". (Cette diminution de la violence résulte-t-elle du fait que nous nous rencontrons moins en tant que sujets singuliers en chair et en os dans nos vies charnelles, personnelles ? C'est possible. La vie moderne tend à s'organiser de cette manière.)
    C'est là qu'on va faire le constat d'un autre phénomène qui doit être pris en compte : le fait qu'il n'y ait pas une définition stable, et définitive du mot "violence", et que, conjugué à ton constat ci-dessus, "on" en vient à élargir de plus en plus le mot "violence" pour faire rentrer de plus en plus de comportements qui avant n'étaient pas forcément qualifiés de "violents". Ces comportements étaient.. chiants, agressifs, pas confortables, mais "on" ne les considérait pas comme "violents". On ne les criminalisait pas.
    Le fait d'élargir la définition des mots "violent/violence" met une pression faramineuse sur les personnes physiques singulières (que nous sommes...) et qui constituent le corps social. Cette pression pour écraser, effacer même toute forme d'agressivité dans nos sociétés pour l'autoriser seulement par écran interposé, et par identification avec des acteurs finit par... nous dévitaliser, et dévitaliser nos vies, à l'endroit où nous les vivons, en sachant qu'elle est la porte ouverte à des manifestations psychosomatiques de grandes ampleurs, et...à la longue risque de conduire de plus en plus de personnes... au suicide (que nous voulons éviter à tout prix).
    En fin de compte, tu sais que La Fontaine, Aesope, et même un illustre inconnu du Paléolithique avec le bon sens de reconnaître que... LE MIEUX EST TOUJOURS L'ENNEMI DU BIEN...
    Cette sagesse se trouve depuis que l'écriture existe chez nos poètes, chez nos littéraires, et rarement chez nos scientifiques, pour qui le... "progrès" nous conduira en ligne droite jusqu'au paradis terrestre.
    Fin de sermon pour aujourd'hui.
    Tu ne m'as pas convaincue..
    Mais le pessimisme n'est pas une maladie, et ce n'est pas une violence non plus, n'en déplaise à des personnes (pas forcément toi, d'ailleurs) qui voudraient profiter pour élargir encore un peu plus la catégorie... "violence"...

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