samedi 18 janvier 2020

Les philosophes. Michel Desgranges.

J’ai attaqué pied au plancher la satire du monde contemporain que l’éditeur de Philippe Muray a concoctée. Le milieu de l’enseignement supérieur, ici passé à la moulinette, est tellement facile à caricaturer :
« Puis-je vous le dire ? J’ai établi que nous ne devons plus poser l’Etre comme un reflet de l’Un opposé à la pluralité vacillante du Multiple, mais comme l’état premier d’une métastructure du simplifié – simplifiant… »
Le politiquement correct prend des coups à chaque page avec vélos citoyens, rue de La Repentance, et « émincé d’okapi avec son coulis de rutabagas frotté de pointes d’asperges » au menu. Les titres de thèses aux intitulés abscons, source inépuisable de sourires, ne sont que la partie apparente d’un monde de l’entre-soi tenu par la servilité et la vacuité :
« Etre professeur… il aurait moins d’heures de cours, selon le principe républicain posant que plus un enseignant est officiellement savant moins il a de savoir à transmettre. »
Le tableau présenté est criblé de balles :
« Une loi votée selon les procédures habituelles : pour 521 voix, contre : 3 voix, présents : 11 »
« Tout était né de quelques touitts glapis par des associations bien en cours (collectifs de poétesses violées, ethnologues abusées et romancières harcelées) qui avaient observé que s'il était bien gentil d'élire désormais autant de femmes que d'hommes, quid du passé ? »
Mais fallait-il 219 pages pour cette diatribe ? Aurait-elle cédé à l’air du temps à se montrer plus alerte en étant plus ramassée?
Les personnages tel Anicet Broutard sont tellement porteurs des intentions ironiques de l’auteur qu’ils existent bien peu comme êtres littéraires et pourtant celui là est titulaire d’une chaire d’ontologie créative ( Wikipédia renseigne :« L'ontologie dans son sens le plus général s'interroge sur la signification du mot « être ». « Qu'est-ce que l'être ? », est une question considérée comme inaugurale… ») Leur existence sans affect reflète peut être l’époque, mais nous rend indifférent à leur devenir, la fugace révélation finale venant trop tard.

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