jeudi 9 mai 2019

Les confréries à Venise. Fabrice Conan.

Commençant avec le tableau de Canaletto représentant une procession lors de la « Fête de Saint-Roch », le conférencier, devant les amis du musée de Grenoble, a décrit le rôle des « Scuole » à Venise. Ne pas traduire par « école » mais comprendre plutôt confrérie, corporation : 7 « scuole grandi » et 338 « picole » étaient présentes à Venise dans un but d’entraide et de dévotion envers un Saint particulier. Saint Roch avait supplanté Saint Sébastien pour éloigner de la peste après que ses reliques eurent été amenées depuis Montpellier.
Dès l’époque médiévale les « battuti » (flagellants) furent les premiers à se regrouper en l’église Santa Maria della Carita sur laquelle est construite aujourd’hui la Gallerie dell'Accademia,
vue depuis « La Cour du tailleur de pierre » de Canaletto.
« La Présentation de Marie au Temple » du Titien, architecturée, adaptée aux lieux est restée en place bien que la fonction de ceux-ci ait évolué.
Bonaparte a mis fin à ces associations, mais pendant 500 ans, leur rôle social fut important, et les donateurs généreux pour construire de beaux édifices et se faire valoir dans les commandes d’œuvres d’art. La « Sérénissime » rendait le faste indispensable.
Pour la Scuola degli Albanesi, les regroupements s’effectuant aussi par pays d’origine,
Carpaccio peint « La Naissance de la Vierge » sur toile, car les fresques souffraient de l’humidité. Le style est encore archaïsant mais une certaine fraîcheur laisse deviner les élans de la Renaissance.
La Scuola di San Giorgio degli Schiavoni, « slavons » originaires du Monténégro, n’avait pas été fermée par le Corse qui gouverna une partie de l’Europe. Tiens, à ce propos, l’expression universelle « Ciao » vient de sciavo (esclave) ; en dialecte vénitien « je suis votre esclave » se dit lorsqu’une affaire est conclue.
Parmi d’autres Saints, Jérôme et Tryphon, « Saint Georges et le Dragon ».
La Confrérie des Saints Stigmates de Saint François est encore en activité.
La Scuola Grande dei Carmini est un palais où les peintures en grisaille de Bambini
dont « L’espérance » sont remarquables.
L’escalier comporte quelques vertus théologales, ainsi « La Charité » par Sante Piatti est lumineuse,
et à l’étage la « Foi, Espérance, Charité » de Tiepolo nous soulèvent,
alors que « L'ange qui sauve un garçon qui tombe d'un échafaudage » nous semble plus familier que le tableau central :
« Notre-Dame-du-Mont-Carmel apparaissant au bienheureux Simon Stock, et lui remettant le scapulaire » en lui disant « Quiconque mourra revêtu de cet habit sera préservé des flammes éternelles ».
Gentile Bellini décrit avec précision une « Procession place Saint-Marc »
et nous sommes bien dans la cité des Doges quand survient le « Miracle de la Croix au pont San Lorenzo ».
La plus riche, la Scuola Grande di San Rocco, comporte deux étages, grandioses.
Pour gagner le concours Le Tintoret offrit la « Glorification de Saint-Roch », il fournira ensuite  65 tableaux pour une somme modique, renouvelée cependant jusqu’à sa mort.
« La Cène » sort des sentiers battus,
la lumière de « L’adoration des bergers » est surnaturelle
et grandiose sa « Crucifixion » (536 × 1224 cm) où pas loin du centre de l’œuvre, se joue aux dés la tunique du christ.
Est-ce que dans d’autres versions de « L’annonciation » la vierge est aussi surprise ? Il est vrai que l’irruption des anges à sang chaud est fracassante, l’archange fulgurant.
Pourtant Joseph ne se doute de rien.

1 commentaire:

  1. Merci. Un très bon réveil pour moi...
    Bonaparte a mis fin aux "scuolas" dans sa fonction de propagateur de la Révolution Française ? (!...)
    J'apprends avec délectation l'origine du mot "ciao". LOGIQUE. Ne le dis pas trop fort, quand même, les murs ont des oreilles...
    J'ai un faible pour le Tintoret. Un de mes peintres préférés, et cette bâtisse y est pour beaucoup.

    RépondreSupprimer