et le livre de Sorj Chalandon
Dans tous les cas, j’ai eu le sentiment d’être face à une
tragédie antique universelle malgré un enracinement en Irlande qui vous trempe
jusqu’aux os.
Les mots de l’écrivain qui rédige la préface sont d’une
force égale à ceux du roman:
« J’ai plongé
dans le sac de pierres qu’est la trahison et je lui en ai offert une. Bien
grosse, lourde, acérée. Cadeau empoisonné. »
J’aurai préféré la première page qu’il présente dans le
making-off : une vitre couverte de pluie, mais l’absence de personnage,
contrevenant aux codes de la bande dessinée, fut jugée trop littéraire.
Toujours est-il que les 142 pages sont occupées littéralement par des bandes et
non quadrillées par le gaufrier habituel. Elles ont tamisé les mots que les
silhouettes des personnages ne viennent pas contrarier. Des pages
dactylographiées de l’interrogatoire de Tyrone Meehan, le traître à la cause
républicaine, par le conseil de l’IRA aèrent et renforcent le récit.
A revenir sur toutes ces versions, ressort le contraste
entre la violence qui régnait alors en Irlande où les prisonniers mouraient les
uns après les autres après des grèves de la faim dans leurs cellules
barbouillées de merde, la force des foules, et l’atelier d’Antoine, luthier solitaire
à Paris.
« Voilà l'Irlande
et sa terrible beauté. Rien ne manque à l'injustice et à la colère. Rien ne
manque à la sidération du trahi. Voilà l'histoire de cet ami, ce frère et ce
traître pourtant... »
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