En pénétrant dans la cour, nous ne pouvons manquer la statue dominatrice de Napoléon que le sculpteur a bien avantagé; si la tête est reconnaissable sans ambiguïté, le corps musclé et nu dont la « virilité est à peine contenue sous la feuille de vigne » conviendrait mieux à Hercule qu’au petit corse.
Nous regardons au rez-de-chaussée les salles d’expositions des Beaux- Arts et sommes sensibles à la poésie de certaines œuvres comme par exemple :
- les papillons découpés qui s’échappent d’un livre en y
laissant leur silhouette évidée
- ou les oiseaux
décalés du mur éclairés pour que leur
ombre les double.
Il faut grimper un étage conséquent par l’escalier
monumental extérieur pour parvenir au musée.
Nous faisons une orgie de Madone à
l’enfant, de Crucifixion, de
peintures religieuses du XV° et XVI° siècle
dont le célèbre et surprenant
« Christ mort » de
Mantegna
et la « Cène
à Emmaus » du Caravage(XVII°).
Moins religieux, le célèbre tableau de
Pelizza da Volpedo, « Fiumana »
(fleuve en crue, 1895-96) l’une des œuvres préparatoires de « Il quarto stato », se découvre dans
toute sa grandeur et sa force dès le pas de la porte.
Le « triste pressentimento » de Gerolamo
Indono témoigne du mode de vie d’une époque, modestie et nostalgie,
« l’enterrement d’une vierge » se
distingue à peine dans son camaïeu de
bruns au coucher du soleil. Bien sûr, une salle est dédiée à Canaletto, Guardi
et quelques maîtres de Venise.
Un atelier de restauration et un entrepôt de toiles se
laissent voir derrière des vitres. Dans une des salles, une jeune femme
s’applique à retoucher ou à nettoyer un grand tableau sans qu’il soit décroché
à l’aide de petits carrés en pointillés lumineux projetés sur les endroits
problématiques.
Nous avons ainsi déambulé
2h loin des foules et au frais.
Pour terminer notre journée à Milan, nous prévoyons de
passer par le musée Triennale design
Museum implanté dans le parc Sempione. Mais avant, une petite pause à la
terrasse du café du musée s’impose ; c’est bien agréable face à des œuvres
d’art, les « Mystérieux baigneurs »
de Chirico par exemple.
Comme il ne nous reste pas beaucoup de temps, nous nous
contenterons de l’histoire du design italien, à redécouvrir à travers des
objets familiers classés
chronologiquement : fauteuils, vespas, poufs, Olivetti, Fiat Isetta
…. dans une muséographie sympa :
les œuvres reposent sur une longue
estrade légèrement sinueuse, telle un fleuve que nous longeons par la droite.
Sur la « rive » deux touristes se sont endormis au frais dans une
semi pénombre
La 2ème nous plait nettement
plus car elle fait appel à un esprit plus enfantin, plus poétique avec son
piano à peluches, ses petites voitures rangées sur trois files telles des
chenilles processionnaires, ses crayons de couleurs assemblées comme des fleurs
de pivoines, ses hosties délicatement décorées de fourmis. M. Charlemagne
Palestine (J’apprendrai plus tard qu’il s’agit d’un artiste multimédia
américain principalement reconnu en tant
que musicien minimaliste et plasticien) et une vénérable dame aux cheveux gris
nattés sur le côté se mettent à la disposition du public pour commenter les
œuvres. Ainsi cette dame, 2ème rencontre féminine à forte
personnalité de la journée, bavarde, passionnée et originale, nous explique en
détail la démarche du groupe d’artistes le « Porto Franco », (port
franc), mené par son mari Franco Toselli. Nous devons l’interrompre à cause de l’heure après l’avoir remerciée
car il nous faut rentrer retrouver notre amie délaissée.
D’abord le métro
jusqu’à la gare Garibaldi puis nous
traversons la piazza Aulenti embellie encore par la lumière de fin
d’après-midi.
Les gens y flânent, les enfants en maillot de bain profitent de
l’espace avec jets d’eau rafraîchissants qui font leur bonheur. Guy
photographie. Nous n’avons cette fois aucune difficulté à retrouver notre voiture
et sommes agréablement surpris par le prix à payer : 10 €.
La route de retour est rapide, coup de pot, nous pouvons
nous garer devant la maison.
J. nous a prévu une bonne salade et nous raconte
sa journée, nous la nôtre.
Il pleut.
Je retiens, n'ayant pas su que ce bijou se situe si près de nous.
RépondreSupprimerJe ne retournerai probablement pas aux Offices, ni aux musées de Florence, même si cela me coûte. Mais un moment au frais, et au calme dans un cadre comme ici pourrait me tenter encore.
Merci de me l'avoir fait connaître.