mardi 14 mai 2019

Le premier homme. Jacques Ferrandez.

« D’après l’œuvre d’Albert Camus » : le personnage principal de la B.D. appelé Jacques Cormery représente l’auteur de « L’étranger » évitant une mise en image anecdotique dans un récit qui réussit la gageure d’adapter un roman majeur du prix Nobel de littérature.
« Au lieu de la joie du succès, une immense peine d'enfant me tordait le cœur... Comme si je savais d'avance que je venais par ce succès d'être arraché au monde innocent et chaleureux des pauvres, où la misère tient lieu de famille et de solidarité, pour être jeté dans un monde inconnu... Et désormais apprendre, comprendre sans aide, à devenir un homme. »
L’inachèvement des écrits originaux publiés bien après la mort du natif de Solférino permet une liberté au dessinateur particulièrement heureux au bord de la Méditerranée.
« La Méditerranée sépare en moi deux univers, l'un où dans des espaces mesurés les souvenirs et les noms sont conservés, l'autre où le vent de sable efface les traces des hommes. »
183 pages de souvenirs d’enfance entre une grand-mère forte, une mère analphabète, à la recherche d’un père très tôt disparu, l’âpreté de l’Algérie et la violence, la modestie de ces petites gens, leur dignité, leur force : « un homme ça s’empêche », l’école, la plage et les parties de foot avec les copains, sont restitués dans toute leur tendresse originelle.
Des bonheurs d’écriture sur fond d’aquarelles ne figent pas, mais suggèrent, ensoleillant une prose humaniste d’une honnêteté  bien sûr lumineuse.
« Comment prêcher la justice, moi qui ne suis même pas arrivé à la faire régner dans ma vie. »


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