« Au lieu de la
joie du succès, une immense peine d'enfant me tordait le cœur... Comme si je
savais d'avance que je venais par ce succès d'être arraché au monde innocent et
chaleureux des pauvres, où la misère tient lieu de famille et de solidarité,
pour être jeté dans un monde inconnu... Et désormais apprendre, comprendre sans
aide, à devenir un homme. »
L’inachèvement des écrits originaux publiés bien après la
mort du natif de Solférino permet une liberté au dessinateur particulièrement
heureux au bord de la Méditerranée.
« La Méditerranée
sépare en moi deux univers, l'un où dans des espaces mesurés les souvenirs et
les noms sont conservés, l'autre où le vent de sable efface les traces des
hommes. »
183 pages de souvenirs d’enfance entre une grand-mère forte,
une mère analphabète, à la recherche d’un père très tôt disparu, l’âpreté de
l’Algérie et la violence, la modestie de ces petites gens, leur dignité, leur
force : « un homme ça
s’empêche », l’école, la plage et les parties de foot avec les
copains, sont restitués dans toute leur tendresse originelle.
Des bonheurs d’écriture sur fond d’aquarelles ne figent pas,
mais suggèrent, ensoleillant une prose humaniste d’une honnêteté bien sûr lumineuse.
« Comment prêcher
la justice, moi qui ne suis même pas arrivé à la faire régner dans ma
vie. »
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