samedi 25 mai 2019

Pour l’amour des livres. Michel Le Bris.

Mes petits enfants qui passent du déchiffrage à la maîtrise de la lecture se préparent de belles heures et pas besoin de leur mettre de côté quelques mots ramassés ici qui disent bien le bonheur, le pouvoir des livres, ils vont le vivre :
«… dans l’enfance tous les livres sont des livres de divination.» Graham Greene.
Les citations sont bien entendu nombreuses dans ces 260 pages de l'écrivain dont j’ai voulu prendre des nouvelles, lui qui est passé de « La cause du peuple » à « Etonnants voyageurs ».
On pourrait craindre un livre corporatiste trouvant facilement son public parmi des lecteurs de la secte à laquelle je cotise régulièrement, passionnément, désespérément : pas du tout.  
Il en va bien sûr de ses admirations, depuis mère et grand-mère, son maître d’école et ses auteurs révélés avec « La Guerre du feu », Stevenson et toujours Hugo qu’il déclamait face à l’océan depuis ses rochers bretons.
Lorsqu’il fait part de ses dilemmes : comment prendre connaissance de tous les livres et comment les ranger, on voit bien le colosse fabriquer les étagères, comme il nous a fait partager son enfance misérable :
« Sans électricité, bien sûr - nous avions failli l’avoir en 1954, si je m’en souviens bien, mais alerté par un voisin bienveillant, la châtelaine accourue de Paris pour nous l’interdire - pour qui nous prenions nous ? »
Il fait de beaux éloges des libraires chez qui l’ « on peut trouver ce que l’on ne cherche pas », des éditeurs, des poètes :
«  Assiettes de faïence usées
Dont s’en va le blanc,
Vous êtes venues neuves
Chez nous.
Nous avons beaucoup appris,
Pendant ce temps. » Guillevic
Il nous rappelle que La Sorbonne fut créée par les Dominicains inquisiteurs, réhabilite les romantiques, redonne souffle à 68, tout en s’acharnant contre les structuralistes et les « idéologies lourdes, si promptes à nous fournir des réponses sur tout, à la condition de ne plus se poser de question sur rien »
ébranlé par ces écrivains de l’Est de l’Europe qui nous interrogeaient :
«  Comment est-il possible que notre cauchemar soit encore vos rêves ? »
Qu’il fait bon se frotter à ces gais savoirs, partager ces émotions bien enrobées, s’extirper des petites querelles, retrouver quelques rêves et à l’heure des souffrances sur lesquelles s’ouvrent ce livre se sentir plus sage :
« Ne reste plus qu'à en finir avec ce que l'on nous a donné comme "modernité", refermer la parenthèse du siècle des totalitarismes, pour retrouver le chant profond qui a traversé l'histoire de l'humanité, a créé, porté des civilisations, fait que des hommes, il y a des millénaires, dressaient leurs poèmes de pierre, ornaient les grottes de dessins. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire