«… dans l’enfance
tous les livres sont des livres de divination.» Graham Greene.
Les citations sont bien entendu nombreuses dans ces 260
pages de l'écrivain dont j’ai voulu prendre des nouvelles, lui qui est passé de « La
cause du peuple » à « Etonnants voyageurs ».
On pourrait craindre un livre corporatiste trouvant
facilement son public parmi des lecteurs de la secte à laquelle je cotise
régulièrement, passionnément, désespérément : pas du tout.
Il en va bien sûr de ses admirations, depuis mère et
grand-mère, son maître d’école et ses auteurs révélés avec « La Guerre du
feu », Stevenson et toujours Hugo qu’il déclamait face à l’océan depuis
ses rochers bretons.
Lorsqu’il fait part de ses dilemmes : comment prendre
connaissance de tous les livres et comment les
ranger, on voit bien le colosse fabriquer les étagères, comme il nous a fait
partager son enfance misérable :
« Sans
électricité, bien sûr - nous avions failli l’avoir en 1954, si je m’en souviens
bien, mais alerté par un voisin bienveillant, la châtelaine accourue de Paris
pour nous l’interdire - pour qui nous prenions nous ? »
Il fait de beaux éloges des libraires chez qui l’ « on peut trouver ce que l’on ne
cherche pas », des éditeurs, des
poètes :
« Assiettes de
faïence usées
Dont s’en va le blanc,
Vous êtes venues
neuves
Chez nous.
Nous avons beaucoup
appris,
Pendant ce temps. »
Guillevic
Il nous rappelle que La Sorbonne fut créée par les
Dominicains inquisiteurs, réhabilite les romantiques, redonne souffle à 68,
tout en s’acharnant contre les structuralistes et les « idéologies
lourdes, si promptes à nous fournir des réponses sur tout, à la condition de ne
plus se poser de question sur rien »
ébranlé par ces écrivains de l’Est de l’Europe qui nous interrogeaient :
« Comment est-il
possible que notre cauchemar soit encore vos rêves ? »
Qu’il fait bon se frotter à ces gais savoirs, partager ces émotions bien enrobées, s’extirper des petites querelles, retrouver quelques
rêves et à l’heure des souffrances sur lesquelles s’ouvrent ce livre se sentir
plus sage :
« Ne reste plus
qu'à en finir avec ce que l'on nous a donné comme "modernité",
refermer la parenthèse du siècle des totalitarismes, pour retrouver le chant
profond qui a traversé l'histoire de l'humanité, a créé, porté des
civilisations, fait que des hommes, il y a des millénaires, dressaient leurs
poèmes de pierre, ornaient les grottes de dessins. »
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