Les spectateurs, casque sur les oreilles, divisés en trois
groupes sont invités à s’asseoir à tour de rôle face à des prismes vitrés dans
lesquels oeuvrent deux imprimantes en relief pendant que se projettent des
images et des dialogues avec des ordinateurs programmés en« agent conversationnel », lors de « chatbot ».
Le dernier pôle où nous devons nous diriger se
situe devant un bras articulé qui pose différentes pièces sur une table
dont les silhouettes ont été rencontrées sur les deux stands précédents :
chien qui hurle à la lune, un arbre, homme et femme figurants d’un monologue
shakespearien. Le bras robotique secoue un Tupperware rempli de sucre mimant de
la neige après avoir été programmé à hésiter et à agir lentement pour accentuer
une allure plus proche de l’humain.
« Que devient le
blanc quand la neige a fondu ? »
L’esthétique rétro futuriste fait penser aux années soixante
qui portaient alors des rêves optimistes. La musique accentue une atmosphère
mystérieuse.
Ces dispositifs inhabituels se closent par une discussion
avec le metteur en scène et c’est alors que le public revenu dans ses gradins
habituels applaudit. Il faut dire que la voix séraphique qui nous avait
accompagnés pendant 50 minutes nous avait, gentiment, malmenés, ne serait
ce qu’en nous laissant décider de nous lever. Cette conclusion, où les
humains se retrouvent avait une saveur différente des discussions habituelles à
l’issue d’un spectacle, elle m’a semblé partie intégrante d’une interrogation
sur notre place face aux machines et notre disparition, la place du théâtre. Le
mot « robot » est apparu pour
la première fois dans une pièce de science fiction tchèque. L’« artefact »
est un objet fabriqué par l’homme, pas naturel. Tout se redéfini.
D’avoir navigué sur un plateau de théâtre de la MC2 sous les voyants
rouges clignotants et les lumières bleues chirurgicales, frôlé les cornières
d’aluminium et les rotules de fonte, dans l’intimité d’un casque qui arrivera
bientôt pour notre confort dans des salles de spectacles où nous réglerons le
son à notre guise comme déjà des guides en usent dans les musées, j’ai retrouvé
avec plaisir mes frères humains bavards, contents d’eux, si pathétiquement
imparfaits et découvert la compagnie «Haut
et court » novatrice et stimulante.
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