Le récent remue
ménage politique était en route depuis un moment. Mais ancré
dans le vieux monde, vieux moi-même, j’ai beau me réjouir des ébranlements présents, il faut
avoir le cœur bien accroché lorsque c’est la droite qui en vient à défendre les
petits. La gauche les avait déjà tant méprisés.
Après que le mot « changement » s’en fut allé,
usé, c’est le mot « Révolution » titre du livre d’E. Macron qui est
à prendre au sérieux. Ce ne sont pas seulement les partis qui implosent, mais
de bac en trains, de codes en droits, tout bouge, tant tremblent, tant
espèrent. « Le plan loup fait hurler pro et anti » : la vérité
ne doit être pas loin. Le chômage régresse et Hollande n’y est pas étranger…
J’éviterai les paroles définitives à propos de domaines que
je méconnais comme la santé, la justice et serai prudent dans un domaine qui
m’est familier mais qui a tant évolué : l’école.
La situation que je regrette concernant les rythmes
scolaires est significative d’un rapport de force qui s’est inversé quand la
voix des parents qui avait été trop longtemps ignorée est devenue
prépondérante. Les quatre jours font passer les loisirs avant les
apprentissages. Les profs ont privilégié leur condition de parents avant leur
mission de profs. Les instits parisiens qui n’habitent plus dans les écoles ont
gagné une matinée de garde d’enfants, du temps de transport vers la banlieue et
les journalistes divorcés se sont facilité la garde alternée : l’opinion
était faite.
L’affaire a été réglée dans un domaine où on s’est gardé de
différencier les besoins d’un enfant de 3 ans et ceux d’un enfant de 11 ans. Le
samedi en maternelle n’avait plus guère de sens mais aux yeux de quelques
ringards dont je suis, la matinée du samedi avait du prix en primaire, celui du
temps apaisé, de la disponibilité.
Alain Bentolila soulignant à partir d’un rapport récent, le
drame absolu quand trop d’enfants ne comprennent pas ce qu’ils lisent, ramasse
quelques mots chargés :
« C’est
justement parce qu’elle est incertaine que la compréhension exige autant
d’obéissance qu’elle propose de liberté interprétative ; on en accepte les
devoirs, on y exerce des droits »
Et je ne résiste pas à citer plus amplement son article
de l’Express:
« Parce que
l’école laïque substitue à la révélation messianique la quête libre et
rigoureuse du vrai, elle doit placer au cœur de son combat le respect d’un
équilibre entre droits et devoirs intellectuels : droit d’exprimer sa
pensée, mais obligation de la soumettre à une critique sans complaisance ;
faire valoir ses convictions, mais interdire de manipuler le plus
vulnérable ; affirmer ce que l’on croit, mais en rechercher la
pertinence ; questionner ce que l’on apprend, mais reconnaître la
légitimité du maître ; enfin et surtout, interpréter et critiquer les
textes, mais respecter la volonté et les espoirs de l’auteur en son
lecteur »
Ce ne serait donc plus si évident qu’il faille rappeler ces
conditions d’une démarche qui associerait respect et liberté !
Une cure de luminothérapie ne suffirait sans doute pas à
m’éloigner d’une déploration de plus, quand de doctes penseurs refusent
d’admettre l’apport des neurosciences. Il ne s’agit pourtant pas d’abolir la
part qui revient à la sociologie afin de développer des pédagogies plus
efficaces. Le corporatisme que j’ai longtemps combattu a encore de la vigueur.
J’ai de romantiques attaches avec les vieilleries, mais ce vieux monde
binaire, exclusif, se refusant à toute évolution, m’insupporte. Exemple de bébé
pas jeté avec l’eau du bain : j’avais conservé des maths modernes qui
furent promptement abandonnées après avoir connu quelque ferveur, une pincée de
séances abordant des bases différentes de la décimale qui permettaient de mieux
la comprendre, la décimale. Le « en même temps » ne date pas de ce
jour, celui là remonte aux années 70. Sylvie était la plus belle pour aller
danser. Aujourd’hui Mnouchkine parle comme hier :
« J’aimerais que
nous arrivions à avoir des assemblées où la confiance serait telle qu’on
pourrait converser. Où l’on s’écouterait vraiment, où on ne se jugerait pas
avant même le complément d’objet direct, où on ne serait pas en train de
préparer la réponse pendant que l’autre parle, où l’on admettrait qu’il faut
parfois un silence… »
…………..
super article! de tout coeur avec toi!
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