samedi 17 mars 2018

La Fontaine. Erik Orsenna.


Le souriant académicien ramène nos regards vers un phare de notre culture dont je crains qu’il ne clignote en ces temps. L'ouvrage a donné lieu à une série d’émissions sur France Inter.
Le voyage est plaisant avec ce qu’il faut de retrouvailles et de découvertes : les fables et les contes.
« Du palais d’un jeune Lapin
Dame Belette un beau matin
S’empara ; c’est une rusée. »
Orsenna, le prolifique, ne se contente pas de citer ses sources en fin de course, mais rend hommage aux nombreux auteurs qui l’ont précédé dans le récit d’une vie modeste où le maître des Eaux et Forêts de Château Thierry a payé sa fidélité au réprouvé Fouquet. 
Après une biographie enjouée à l’image du personnage qui voulait passer pour paresseux, Orsenna choisit pour le dernier chapitre quelques fables délicieuses dont il n’a pas besoin de souligner la simplicité, l’efficacité, la beauté du style : il suffit de les publier.
En bon pédagogue, http://blog-de-guy.blogspot.fr/2009/01/grammaire-faire-classe-16.html il nous simplifie quelques contes, car à être sevré de belles paroles, il nous est parfois difficile de lire sans peine des vers aux allusions antiques bien lointaines. Le dévoilement n’en a que plus de prix et nous   fait apprécier des audaces qu’il dût renier au prix d’un cilice, « chemise de fer qui entaille la peau » découvert sous ses habits le jour de sa mort.
Parmi 70 contes: un jeune garçon s’était introduit dans un couvent. Il est mis à nu parmi les nonnes que la mère supérieure inspecte pour découvrir l’intrus, celui-ci va user d’un stratagème rapidement découvert :
« Il est facile à présent qu'on devine
Ce que lia notre jeune imprudent ;
C'est ce surplus, ce reste de machine,
Bout de lacet aux hommes excédant.
D'un brin de fil il l'attacha de sorte
Que tout semblait aussi plat qu'aux nonnains »
[…]
« Fermes tétons, et semblables ressorts
Eurent bientôt fait jouer la machine.
Elle échappa, rompit le fil d'un coup,
Comme un coursier qui romprait son licou,
Et sauta droit au nez de la prieure,
Faisant voler lunettes tout à l’heure
Jusqu'au plancher. »
Le sous titre de l’ouvrage « une école buissonnière » manque à mon avis d’originalité puisqu’un film concernant des braconniers vient de paraître sous cette appellation qui avait servi également il y a longtemps pour un film à propos de Freinet, le libre pédagogue.
Peut-on en ces temps dévots, les nôtres, apprécier des dames «  gentilles de corsage » ?
« Plus d’amour, partant plus de joie »

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