Bonne révision de moments inoubliables dans cette ville à
laquelle ce blog a consacré plusieurs articles http://blog-de-guy.blogspot.fr/search?q=Ispahan+J+9
L’exposé du conférencier préparant une prochaine visite de
ce joyau de l’humanité devant les amis du musée de Grenoble a commencé par un
tableau d’ Antoine
Coypel : Louis XIV reçoit l'Ambassadeur de Perse en
1715, dernière mise en scène brillante d’un roi en putréfaction.
Watteau avait peint Mohammed Reza Bey, l’ambassadeur, et des
personnages de sa suite qui étonnèrent la cour.
Il était envoyé par le sultan Hossein, le dernier des Séfévides
ou Safavides qui régnèrent depuis le XVIe siècle sur l’Iran et au-delà sur
une partie du Béloutchistan, Turkménistan, de l’Irak, de la Georgie, de l’Arménie,
touchant à l’empire Ottoman et à l’Arabie heureuse (Yémen). Carte de Pieter Van der Keere 1610.
Le berceau de la dynastie fut à Ardabil
où se trouve le mausolée du fondateur Cheikh Safi al-Din, un soufi.
Sur la route de la soie, ces ascètes vêtus de laine avaient fait vœu de
pauvreté, le mot « derviche » désignait un pauvre.
Dans le mausolée Harun Velayat datant de
1513, le prophète entouré de ses fils est représenté voilé. Les Sunnites seront
fidèles à la tradition, les chiites à la famille de Mohamed. Ismail 1° se fait couronner Shah et déclare le chiisme
religion d'État.
Nous sommes au XVI° siècle, Soliman le magnifique
domine alors la région, mais lorsqu’il meurt, son fils Selim, l’ivrogne, n’est
pas à la hauteur.
En 1598, Chah Abbās Ier a déplacé sa
capitale à Ispahan au centre de son
empire pour mieux se protéger des appétits ottomans.
La ville avait pourtant
connu le massacre de 70 000 personnes par Tamerlan venu de
Samarkand deux cents ans auparavant.
Le cinquième de la dynastie développe la ville autour de
l’axe Chahar bagh (les quatre jardins) la première avenue du
monde.
Il s’allie avec le grand Moghol souverain de l’Inde
dont il reçoit l’ambassadeur un verre de vin à la main.
La rivière Zayandeh, (la rivière féconde) enjambée de ponts
vieux de plus de cinq siècles traverse la ville qui se considère comme
« la moitié du monde ».
La place Royale (Maydān-e Chāh), une
des plus grandes du monde, devenue place de l’Iman, dessinée sur cette estampe
par Pascal
Coste, mesure plus de 500
m de long sur 160 m de large. Là se déroulaient des parties
de polo, invention persane. Elle est bordée de boutiques à arcades où « Les miniatures représentant des
oiseaux sont plus chères que des oiseaux ».
Sur les côtés, la mosquée de l'Imam, celle du Cheykh
Lotfollah, dont les pishtaks, portes monumentales alvéolées
ne donnent pas directement sur la salle de prière pour respecter l’orientation du
mihrab (niche) en direction de la Mecque.
Quatre iwans, arcs de maçonnerie en
saillie, s'ouvrent sur une cour avec bassin à ablutions et conduisent à l’une
des deux madrasas (écoles).
Depuis les briques et les stucs, les mosaïques et les
carreaux de céramique (1/2 million sur la mosquée de l’Imam), les bandeaux
épigraphiques, les calligraphies ascensionnelles, rinceaux et pampres,
arbres de vie, le bleu et les ocres clairs que l‘on retrouve sur les tapis d’Ispahan,
l’architecture persane multiplie les symboles autour du paradis dont
l’étymologie vient de l’avestique langue des mages Zoroastriens (jardin fermé) : on voit le
reflet d’Eden dans l’eau des bassins. Le Taj Mahal a été influencé par ce
style.
Le bazar immense ville dans la ville où le travail du métal
était confié à des chrétiens nestoriens et le palais d’Ali Qapu témoignent de
cette splendeur mise à mal par les afghans
au XVIIIe siècle.
Robert Shirley, peint par Van Dyck, partit d’Angleterre jusqu’en Perse et revint en Europe en ambassadeur d’ Abbas Ier le Grand.
Le palais Hacht-Behecht ou celui de Chehel Sotoun, aux « quarante
colonnes » en comptant leur reflet, comportent des fresques magnifiques d’une
liberté inattendue.
Esther, la belle juive, dont Rembrandt peignit le festin
décisif, sauva son peuple du massacre, elle est célébrée lors de la fête de Pourim.
Son mausolée est à Hamadan, la ville du philosophe Avicenne.
Une communauté israélite, l’une des plus importante en terre d’islam, peut
pratiquer sa religion, mais les difficultés sont grandes.
Des fresques concernant « Le Jugement dernier »,
« La Passion » sont en évidence entre les murs de la Cathédrale
Saint-Sauveur dans le quartier
arménien de Jolfa.
Dans ce pays où 50 % de la population a moins de 30
ans, espérons que les ponts de la troisième ville d’Iran avec son million et
demi d’habitants ne soient pas qu’une métaphore.
Merci pour ce petit tour virtuel, Guy.
RépondreSupprimerMême le nom d'Ispahan fait rêver...