Si des durées de plus de deux heures deviennent habituelles,
les plateaux avec onze acteurs se raréfient.
Les comédiens, celui qui joue Vania en tête, sont
parfaitement au service du metteur en scène qui a adossé « L’homme des
bois » à la célèbre pièce titre, même si tous ne correspondent pas à
l’idée que je me faisais de leur âge. Je ne voyais pas non plus une exposition
des sentiments aussi soulignée d’autant plus qu’amours et amitiés sont chahutés,
mais rien ne semble grave dans cette tragédie traitée parfois de burlesque
façon, jusqu’à la fin des rêves.
La vie du groupe réuni à la campagne comporte des scènes
très enlevées, sans les ambigüités que j’imagine
chez l’auteur, mais il est vrai que l’alcool
tient sa place et l’outrance slave ne contredit pas forcément les subtilités.
Lacascade qui avait déjà monté du Gorki ici http://blog-de-guy.blogspot.fr/2011/06/les-estivants-de-maxime-gorki-eric.html
dit : « pour Tchekhov existe un
combat permanent entre une intériorité et une extériorité, entre le fond et la
forme»
Nous attendons l’arrivée des invités comme les premiers acteurs
qui patientent, et si la musique accompagnant cette réunion à la campagne de
familles recomposées a des accents mélancoliques, la vigueur des verres qui
s’entrechoquent nous donne soif. Le discours qu’on dirait écologiste du médecin
est époustouflant, la pièce a été écrite en 1897. Faut-il se réjouir de sa
modernité, car le constat n’a fait que s’aggraver ?
Et de toutes façons : « Que faire ? Il faut vivre ! Nous vivrons, oncle Vania ! Nous
vivrons une longue série de jours, de longues soirées. Nous supporterons
patiemment les épreuves que nous enverra le destin […] Et quand notre heure
viendra, nous mourrons soumis. Et là-bas, au-delà du tombeau, nous dirons
combien nous avons souffert, pleuré, combien nous étions tristes […] Nous nous
en réjouirons, et nous rappellerons avec une humilité souriante nos malheurs
d’à présent. Et nous nous reposerons. »
Les lumières sont magnifiques.
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