vendredi 26 décembre 2014

Noël est un bloc.

Comme Clémenceau le disait de la révolution française : « la Révolution est un bloc, un bloc dont on ne peut rien distraire car la réalité historique ne le permet pas », il me prend de penser qu’il peut en être ainsi de Noël et ce ne serait pas qu’un bloc de foie gras.
En étant rendu à mon âge, sur la question de l’alter ego du Père Fouettard, j’ai eu le temps de superposer quelques sentiments depuis l’émerveillement enfantin jusqu’à un vif retour à l’âge de père et de grand père, en étant passé par la phase adolescente du mépris pour cette foire consumériste.
Aujourd’hui sous la houppelande rouge sponsorisée par Coca cola, je comprends les cadeaux, les faux pères Noël, et même s’il y a du navrant à revendre sur le site du Bon Coin au lendemain des fêtes.
Moi l’athée, j’ai installé une crèche sous le sapin pour partager une culture avec mes tout petits, comme le dit l’élémentaire Maurice Carême
« La terre est noire ;
L’église, blanche.
Que cache-t-elle
Pour être ainsi
Tellement belle
Dans l’air noirci ?
Rien qu’un enfant
Qui vient de naître
Entre deux bêtes
Si ingénues
Que, dans leur  l’ombre,
Il tient le monde
Dans son poing nu. »
La promesse renouvelée de l’homme qui vient au monde. Depuis la pauvreté la plus sévère, l’espoir.
Ces mots sont usés et sonnent souvent tellement creux dans les églises en voie de désaffection, mais peuvent consoler quand se déchainent les haines, quand progresse l’obscurantisme. 
Oui, autour de la table, on peut prévoir ce qui se dira, quand inévitablement du vin tombera sur la nappe : « il faut mettre du sel ! » comme le rappellent des listes rigolotes sur «  Ce que vous entendrez à Noël ». Et il est à prévoir, que parmi le top 3 des cadeaux les plus redoutés listés par les magazines, je sois sur le podium avec du gel douche et des livres !
Au secours  Jacques Brel dont les bourgeois devenaient si cons en devenant si vieux : je crains avoir pris la place du tonton pontifiant qui me saoulait tant jadis.
Tant de ricaneurs disent aimer la fête, mais surtout un autre jour : ils refusent de se mêler à leurs semblables, s’illusionnant sur leur liberté alors qu’ils sacrifient à l’individualisme du siècle et récoltent la solitude. Celle-ci n’est pas toujours choisie, mais résulte d’un arasement de toute solidarité, de toute tolérance qui consentirait à parler avec ses semblables du temps qu’il fait, en sortant de ses cercles habituels. Le conformisme est toujours celui des autres.
"On refuse d'admettre le fait-même de la diversité culturelle; on préfère rejeter hors de la culture,dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit" Lévi-Strauss
Sous d’autres cieux, je me souviens d’avoir trouvé émouvante la cérémonie des rameaux avec de grandes palmes par les pistes en latérite, alors que le buis de nos contrées me laissait de bois. Nous pouvons sans déchoir, participer à nos rites au cœur de l’hiver, même s’il n’y a plus  guère de saison.

2 commentaires:

  1. Bonjour Guy
    ça se discute....sauf pour la crèche!!!! s'émerveiller de tout avec les petits ,oui,mais dehors,avec des yeux de voyageurs, l'installer chez soi c'est se solidariser,le faire sien.

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  2. Je comprends tes sentiments, dix ans après que tu aies écrit ceci.
    Pour ma part, je suis devenue... le vieux père de Dom Juan, le ricaneur, qui finit... BIEN comme il finit. Oui, je vois que mes enfants croient que je pontifie, mais je crois qu'ils se laissent séduire par des sirènes. Et même si j'essaie de mettre beaucoup d'eau dans mon vin, il n'empêche que je fais toujours partie de la génération d'AVANT, celle qui insupporte une jeunesse trentenaire qui roule les mécaniques, et comme Dom Juan, veut hériter vite fait et bien fait, sans mesurer tout le poids de l'héritage qu'il faudra ensuite... PORTER.
    Où est partie la patience ? Je me dis qu'elle est partie avec toutes ces femmes qui refusent de tricoter, un acte qui nécessite beaucoup de patience, et un autre rapport au temps, pas dans l'immédiateté.
    Rien à faire : quand les précieuses ridicules veulent singer les hommes, le monde va mal....Bien sûr, on peut trouver mille justifications pour défendre les "pauvres femmes", mais en tant que femme, je ne suis pas dupe.

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