Et c’est très bien
ici, dans des salles reconfigurées qui ouvrent, au premier coup d’œil, une
perspective sur des réalisations anciennes et nouvelles.
Pas besoin d’ordre chronologique, tant l’artiste est revenu
sur ses ouvrages, tant le temps est d’une autre dimension, qui emprisonne des
mains en fonte dans les lignes des arbres, ou un visage se devinant dans une
feuille enserrée par le lierre.
Retraité infiltré à la suite de professeur Brunet qui
présentait l’exposition à d’autres professeurs, j’ai apprécié une nouvelle fois
son souci de laisser un espace aux élèves pour leur propre interprétation tout en apportant des informations décisives.
Penone, le benjamin du groupe « Arte Povera » où
chacun poursuit une démarche singulière, a commencé par accompagner son grand
père qui savait si une branche allait porter des fruits ou des feuilles.
Devenu un artiste majeur, faisant ressurgir l’arbre depuis la
poutre, comme Zadkine devinait « Le
prophète » à venir dans un morceau de bois, il nous fait partager
désormais un regard, on ne peut plus urgent, quant à notre rapport à la nature.
Sur un délicat papier de soie, des cernes de croissance se
forment autour de l’empreinte d’un doigt. Intitulée « Propagation », cette trace humaine au cœur de l’arbre
primordial, poussée par le temps, prend des proportions monumentales.
Nous sommes bien au XXI° siècle quand la dimension
religieuse s’invite. Un tronc doré, évidé, recueille de la sève, en un « Ecrin » sur un fond en peau
qui joue de l’ambigüité des mondes minéraux, animaux, végétaux.
Comme dans la salle suivante, où du cuir
recouvre des souches à côté de troncs en marbre de Carrare, hyper réalistes et
cependant blancs comme l’antique.
Le sexagénaire engage son corps intensément : sa
silhouette apparait sur un drap frotté à la chlorophylle, accroché à différentes
écorces dans le « Vert du
bois ». Ses mots sont poétiques : ainsi « Respirer l’ombre » dont un mur de feuilles contenues derrière
des grillages évoque l’échange chimique entre l’homme et la nature. Dans un
hommage à la poterie ancienne, il rend palpable l’immatériel « Souffle » vital aux allures
matricielles.
Ses rencontres entre branches aux feuilles de bronze
reviennent aussi vers l’histoire et les mythes au temps des grotesques et des
jardins maniéristes.
Comme un tapis qui se déroulerait en une temporalité
géologique, un cylindre en marbre aux veines sculptées en relief appose son « Sceau » au pied de « Peau de graphite - Reflet
d’ambre».
Il convient de jouer également du rapprochement et de
l’éloignement pour découvrir une bouche
immense composée de milliers d’épines d’acacia en face d’un puissant panneau sombre.
« Répéter la
forêt » est planté dans le patio.
Depuis la poutre inerte (la
culture), retour à l’arbre et à ses flux (la nature).
En sortant de ce lieu … de culture, par l’allée centrale, des
traces de peau agrandies sur 50
m, réalisées en
collaboration avec des étudiants des beaux arts, prennent de décoratives
allures abstraites.
Ne pas oublier en salle 42, deux gros cailloux, appartenant
au musée de Grenoble, dont la présence peut sembler absurde sans explications.
L’un est ramassé dans un fleuve et l’autre en est une réplique dans la même
roche avec les traces du temps taillées au burin : « Etre fleuve ».
Sur les murs, figurent les traces laissées par le cerveau
humain aux parois de la boite crânienne, reproduites à la sanguine, telles des
paysages ou des « Feuilles ».
Ça a l'air intéressant, merci.
RépondreSupprimerJe trouve pourtant un peu éculée l'opposition entre "nature" et "culture"...