jeudi 3 octobre 2019

Mantegna et Bellini. Fabrice Conan.

Ou Bellini et Mantegna, les deux peintres, réunis en ce moment à Berlin lors d’une exposition, ont pu être confondus tant leurs deux ateliers ont travaillé de façon proche.
Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble a souligné leur singularité et leurs apports communs à l’histoire de la peinture.
Andrea Mantegna (M) peintre et graveur est né vers 1423 à Mantoue second foyer artistique après Florence. Il sera ici question de Giovanni Bellini (B) (1425 ou 1530 -1516)  fils de Iacopo et frère de Gentile et Nicolosia qui épousera Andrea Mantegna. Celui-ci apportera à son beau-frère né à Venise, toute la rigueur venue de l’antiquité, alors que lui, amènera plus de poésie, de moelleux dans ses œuvres.
« Saint Jérôme au désert » (B), retirera l’épine de la patte du lion, et sera réinterprété 40 ans plus tard. Il a gagné en plasticité, les rochers en vérité, le paysage en clarté.
Parmi les trois représentations du martyr de « Saint Sébastien (de Vienne)» (M), un cavalier figure dans un nuage derrière l’icône gay qui devait protéger de la peste avant que Saint Roch ne le fît. 
Une fois les flèches enlevées, restait une cicatrice semblable aux bubons.
Dans « Le sang du rédempteur » (B) le Christ, athlétique, est placé devant l’image de Bacchus en regard d’une scène de la nouvelle religion.
« L'Agonie dans le jardin » (M) pourtant de petite taille (63 × 80 cm) rend bien la densité des corps, celui du christ à qui des anges présentent le calice de la destinée, et ceux de ses disciples endormis aux raccourcis audacieux.  
Sous le titre«  Le christ au jardin des oliviers » (B) c’est bien la même scène qui est représentée avec la même force.
Une autre version de cette prière figurait dans la prédelle,
partie inférieure du « retable de San Zeno » (M)  encadrant à gauche
« La crucifixion »,
alors que sur la droite, « La résurrection » qui doit beaucoup à l’art de l’enluminure et de la miniature, surprenait les soldats.
Le parallèle est aussi appelé entre « Le Christ mort soutenu par deux anges » (M) 
et celui de Bellini.
Marie déborde du cadre dans « La présentation au temple » (M) de son fils à Syméon, le prêtre. Les broderies sont magnifiques. Le visage du peintre figure sur la droite et sa femme sur la gauche alors que Joseph, au centre du tableau, aurait les traits du beau-père.
Dans un jeu des sept erreurs pourrait figurer la même scène peinte par Bellini.
Entre Moïse et Elie, Le Christ apparaît sur le mont Thabor aux apôtres Pierre, Jean et Jacques dans « La transfiguration » (B) au dessus de l’inscription : «  Ayez pitié de moi mes amis ».
« La madone » (M) peinte « a tempera » (émulsion à l’œuf ou à la gomme arabique)  avait de bien douces façons, mais la peinture à l’huile a apporté plus de finesse, de subtilité.
Les profils de médailles sont passés de mode au début du XVI° siècle, le portrait du « Doge Leonardo Loredan » (B) est d’une grande intensité.
« L'Introduction du culte de Cybèle à Rome » (M) fut complétée par
« La Clémence de Scipion »(B) pour un récit commandé par la famille Corner s’inventant une dynastie.
« Les Triomphes de César » sont « la plus belle chose jamais peinte par Mantegna. »Vasari
« Profondément attaché à l'antiquité, son œuvre participe à l'invention de la perspective. Il s'en dégage un sentiment de gravité, de solennité et une puissance inventive qui nous saisissent encore aujourd'hui…»  Anne-Sophie Molinié.
« L’Ivresse de Noé »(B) est d’une grande humanité, Cham, le fils qui se moque de lui sera maudit.
« Avec Bellini, précurseur de la Renaissance, les sentiments humains se font plus doux, plus discursifs. S'extirpant de la gangue gothique, le fils de Jacopo Bellini inscrit son style dans un esprit de liberté, de sensualité des couleurs et d'ouverture au monde. » Philippe Ridet

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