La critique risque d'être cossarde concernant - j'ose - un « livre paresseux »,
qui me convient bien, puisque j’ai tout compris de ces 150 pages qui embrassent
plaisamment le sujet.
En milieu rural :
« L’ardeur,
l’acharnement au travail, le mépris de l’oisiveté, la détestation des
paresseux, des « fainéants », des « bons à rien » étaient
autant de marqueurs de l’estime de soi et des autres ; et cela ne pouvait
que conduire à une certaine stigmatisation du repos. »
L’historien précise que le Sabbat des origines n’est pas un
moment de détente pour un Dieu fatigué mais
le jour de l’alliance consacré à Yahvé, et que :
« Les théologiens, les
prédicateurs, les moines, les pasteurs de toute catégories n’ont cessé de
répéter que, la vie ici bas, n’était que peu de chose et que l’essentiel
résidait dans le salut, c'est-à-dire en l’accès à un repos paradisiaque... »
Charles Quint régnant sur l'empire « sur
lequel le soleil ne se couche jamais » se retira dans un monastère.
Pascal disait pourtant :
« Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein
repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application »
Et bien que les références littéraires soient filtrées, La
Bruyère apporte la contradiction, au moment où le contraire du repos n’était
pas la fatigue mais l’agitation:
« Le meilleur de
tous les biens pour l’homme, c’est le repos, la retraite et un endroit qui soit
son domaine ».
Avant que le loisir ne remplace le repos à partir du milieu
du XX° siècle, au XIX° en lutte contre la tuberculose avec sanatoriums en bord
de mer et en montagne, « Le repos se
situe au plus profond de la culture […] Il participe de la réflexion sur les
fléaux sociaux. Il envahit le champ de la morale. »