vendredi 9 septembre 2011

Ecole primaire : la déprime.

60 000 postes fermés dans l’éducation nationale depuis Sarko. 
Un élève sur 5 décroche. 
150 000 jeunes sortent du système sans qualification. 
La fracture fut dite « sociale », la dette elle, ne serait-elle pas éducative ? 
Elle se creuse salement, et ne se compte pas seulement en Euros.
Les valeurs de l’école se sont désagrégées, une pub anecdotique pour l’Oréal peut- elle assécher encore plus les mots ? L. Chatel était DRH de cette entreprise. 
La formule « quelle planète allons-nous laisser à nos enfants ?» devient banale, 
la variante est plus riche : « quels enfants allons-nous laisser à la planète ? » 
Qui croit encore aux paroles d’un ministère qui considère l’éducation exclusivement comme un poste de dépense ?
Une profession est piétinée par une hiérarchie installant le conformisme mais qui proclame le contraire de ses actes : « davantage de liberté aux acteurs éducatifs !»  
Le temps d’un reportage, pour journaux télévisés aux ordres, il est question de « soutien » mais les postes de ceux qui sont compétents pour traiter finement des élèves les plus en difficulté sont réduits. 
L’école maternelle fut une fierté nationale, l’âge pour y accéder a reculé. La scolarisation des plus petits est déterminante pour l’avenir, c’est bien pour cela que ceux qui nous gouvernent sapent l’école pour que Betancourt, en mamie gaga, et Carla, maman gnangnan, continuent leur règne impunément. 
Quant aux suggestions de tous bords concernant le collège, beaucoup tournent autour d’une présence accrue des profs dans les murs. Pour ce que je sais, en vivant avec une prof absente de la maison, je me demande comment elle pourrait être plus au collège avec toutes les réunions entre midi et deux, des cours à 13h, des parents à voir et à revoir pendant des plombes pour des orientations qui prennent de plus en plus de temps, préparations et corrections et délivrez nous des livrets de compétences. 
Un article dans Libé évoquait « la bombe à retardement du 11 septembre » : « dix ans durant lesquels l’ethnique et le culturel ont primé sur l’économique et le social ; l’insécurité et la peur, pris le pas sur la liberté et l’égalité ».  
Qui tenait les commandes du gros porteur qui a écroulé les frontons de nos écoles ?

jeudi 8 septembre 2011

Paul Rebeyrolle à la fondation Salomon.

Le peintre originaire du Massif Central, disparu en 2005, est vraiment exposé au bon endroit dans le village d’Alex à proximité d’Annecy.
La fondation Salomon pour ses dix ans nous offre dans son château entouré d’un jardin, où des sculptures remarquables poussent sous les pruniers, un bel espace pour ce Bacon rural, évocateur d’un Soutine déchirant les grillages.
Le vieux sanglier mépriserait ces formules qui font leurs malignes, lui l’autodidacte s’étant abreuvé pourtant aux musées et galeries.
Pour m’être, jadis, approché furtivement des toiles avec un pinceau resté sec, je ressens vivement sa démarche où la peinture se mêle à la terre, aux poils, aux branches. Pour parler aux hommes il expose des animaux, et l’abstraction se confronte à l’impérieuse figuration.
Si j’ai apprécié la jeunesse de notre guide suivi d’une foule de curieux d’art contemporain, je lui conseillerais volontiers, en instit impénitent, de fouiller un peu du côté de la liste des synonymes d’ « énervé » pour mieux décrire l’indignation, la révolte du communiste aux pieds dans la glèbe, au poing toujours levé. Histoire de dépasser une contradiction dans l’exposé qui vise à rassurer le public en insistant sur la normalité du peintre alors que l’exposition crie, dégouline, dérange, arrache, éclate, insiste, nous poursuit.
J’aurai aimé par ailleurs reproduire plus fidèlement une de ses formules qui évoquait l’intervention du peintre dans une série sur les quatre saisons, « comme la trace d’un souffle de vent ».
L’exposition est visible jusqu’au début novembre 2011.

mercredi 7 septembre 2011

Touristes en Chine 2007. # J 23. Oiseaux en cage et fabrication de tofu.

La porte du sud de l’ancienne ville de Jianshui, qui gardait la route de la soie est construite dans le style d’autres portes déjà vues et sert de nichoirs aux martinets. C’est le lieu de rendez-vous des marchands ou propriétaires d’oiseaux avec leurs belles cages en bambous aux ouvertures plus ou moins travaillées. Une housse les cache parfois ne laissant visible que la porte et son oiseau. Les oiseaux sont stimulés par le chant des autres, c’est aussi un lieu de vente de vers grouillants, de gobelets en porcelaine, de cages.
Nous nous enfilons dans des ruelles étroites, en direction d’un puits en pierre polie à côté d’un cyprès. Son eau puisée et filtrée au travers d’un tissu sert aux fabriques artisanales et traditionnelles de tofu.
Cet aliment, très présent en Asie nous a semblé insipide mais les conditions de sa fabrication nous ont intéressées. Dans de grandes marmites remplies d’un liquide blanchâtre, du lait de soja, deux femmes échangent des seaux qu’elles versent et reversent dans les cuves. L’atmosphère est saturée d’humidité. A côté, d’autres femmes tassent une pâte non homogène et la façonnent en carré dans des tissus qu’elles pressent pour évacuer l’eau : les mouvements des mains sont d’une extrême dextérité.
Nous croisons sur notre chemin une vieille dame aux petits pieds bandés. Nous débouchons en pleine campagne cultivée, alors que la ville n’est qu’à deux pas. Nous traversons des quartiers pauvres aux allures de village où des petits chevaux ou des bœufs tractent sur des charrettes des bidons d’eau ; un potier travaille la terre au tour dans son atelier… La ruelle nous ramène porte sud, à la ville. Nous récupérons notre chauffeur et prenons l’autoroute vers Kunming. Pas d’arrêt à Tong Hai, grande ville sans intérêt particulier. Nous prenons notre repas dans un restau route un peu douteux. Arrêt dans un village mongol. Nous y accédons par les champs cultivés sur des chemins boueux, trop boueux pour nos sandalettes et nos pieds proprets. Les maisons traditionnelles sont en pisé ; dans la rue, les habitants fixent les feuilles de tabac sur des bambous avec un système de ficelle comme nous l’avons déjà vu faire. Plus loin sous des galeries d’une cour carrée, les femmes et les fillettes ôtent la nervure de chaque feuille de tabac et récupèrent la partie séchée. Il reste une soixantaine de kilomètres avant Kunming « la ville du printemps éternel ». Le ciel s’assombrit, puis l’orage éclate pour notre entrée dans la ville, des trombes d’eau ricochent sur la route et la voiture. Nous nous retrouvons bloqués un long moment dans un embouteillage où s’applique la loi de la jungle; c ’est le festival des klaxons, des capes plastiques et des parapluies colorés des cyclistes. La capitale du Yunnan à 1800m d’altitude compte 5 millions d’habitants.
A l’Hôtel du Golden Dragon le confort est total pour patienter jusqu’à la fin de la pluie. Notre deuxième tentative pour sortir est la bonne, avec même un peu de ciel bleu et de soleil Nous marchons sur Beijing Lu : dégustation et achat de thé pour dépenser nos (avant) derniers yuans. Nous cherchons les vieux quartiers signalés par Yuizhou et le Routard. Contrastes avec le reste de notre voyage : de grands magasins modernes aux marques de vêtements célèbres, des commerces grandioses et délirants pour mariage (style Marie-Antoinette) éclipsent quelques boutiques d’habits plus traditionnels Repas dans un quartier où ne manquent pas les restaus en plein air, avec d’excellentes aubergines à la tomate grillées et fondantes. Un gars prend sur son dos sa nana complètement bourrée qui ne tient plus debout. Nous rentrons à pied à l’hôtel. Les marchands de rues sur les trottoirs vendent encore de la nourriture, des vêtements, des ceintures ou des bijoux. Les magasins n’ont toujours pas baissé leur rideau et il est 22h. Le niveau de vie paraît nettement supérieur à d’autres lieux que nous avons traversés en Chine.

mardi 6 septembre 2011

Les princesses aussi vont au petit coin. Chabouté.

Décidément le style de première page des dernières BD que j’ai vu passer est bien peu incitatif.
Pourtant le contenu de celle-ci est excellent.
Tout ce que j’aime : une approche du temps et du silence raffinée et juste, un dessin efficace, des noirs et blancs rythmant agréablement les pages, une aventure qui percute le quotidien avec des plaisanteries qui se glissent dans les interstices d’un suspens bien mené.
« Monsieur et madame Tounette ont un fils ? 
- Patrice. » 
Je me permets : ce road movie sort des sentiers battus.
Grandiloquent et modeste, glauque et tendre, déconcertant et limpide où l’on apprend surtout pourquoi on raconte des histoires.

lundi 5 septembre 2011

Le chat du rabbin. Joann Sfar.

Le réalisateur très sollicité au cinéma (Gainsbourg), en BD, comme commissaire d’exposition (Brassens), a les faveurs de la mode.
Ce film d’animation, lui, porte la nostalgie d’une humanité qui vivait en Algérie en harmonie entre deux guerres mondiales et avant celle qui allait décoloniser le pays. Pourvu qu’on prête l’oreille, on y entendra la verte sagesse du chat qui veut faire sa bar mitzvah, porteuse de tolérance et de liberté, sans mièvrerie.
Avec de fraîches musiques, dans les belle lumières d’Alger qui recèlent tout de même sous les ombrages des cafés, quelques bas du front, les rondeurs de Zlabya sont charmantes, la bonhommie du rabbin est sympathique de même que celle de son homonyme Sfar, un sage musulman.
Le chat maigre a la voix de François Morel qui me ravit même lorsqu’il dit : « Miaou » ; impertinent, il traverse le film avec l’élégance ordinaire de ces bestiaux et nous offre des minutes ensoleillées qui se terminent trop brusquement

dimanche 4 septembre 2011

Poulet aux mirabelles

J’ai entendu cette recette sur les ondes d’une radio bleue bourguignonne et faute d’escalope de poulets je l’ai adaptée sur les suggestions d’une charmante vendeuse de la ferme Guillet Revol qui élève volailles et lapins au col de Clémencières. Il a fallu que j’aille au marché de l’Estacade pour apprendre qu’ils vendaient également à Saint Egrève le jeudi, comme c’est par mon lyonnais de fils que j’ai repéré le magasin Casabio installé depuis un an sur not’ zone industrielle. La variante consistait en la présence d’une collection de bréchets qui donnaient un air cuisses de grenouilles à la recette, mais une autre suggestion avec pintade devrait satisfaire ceux qui tiennent à des saveurs plus affirmées. Faire revenir la viande émincée dans l’huile d’olive avec un oignon, laisser dorer, verser du vin blanc dans la sauteuse, laisser cuire dix minutes et ajouter les mirabelles dénoyautées, du persil, une cuillerée de miel, cinq minutes encore, sel poivre : c’est fête ! Et quand le vin est bon on voit la différence.

samedi 3 septembre 2011

XXI, été 2011.

Juste avant la parution du numéro d’automne qui portera sur l’utopie, quelques lignes pour évoquer le numéro de cet été d’une revue désormais familière qui n’a pas épuisé son regard original.
Le dossier en trois reportages consacré à l’Algérie est éclairé par le témoignage de la plus française d’une famille de là bas vivant en France qui ne veut pas se faire naturaliser par solidarité avec ceux qui affrontent les humiliations lors des renouvellements des cartes de séjour.
Les portraits sont ceux d’un roi de l’amiante dévoilé malgré une discrétion organisée allant jusqu’à une reconversion (lucrative) dans l’air du temps et celui de Maurice Nadeau lecteur centenaire.
Le dessinateur Tronchet abandonne la loufoquerie pour un récit graphique à Quito tandis que le portfolio est consacré à des bergers du Caucase.
Madoff, Guantanamo : on sait, mais prendre le temps d’interviews fouillés vous revigore l’indignation et l’accablement, en particulier à travers l’histoire d’un gamin tchadien emprisonné hors de toute règle de droit, broyé par l’absurde.
Au fin fond de la misère, en Haïti, les retrouvailles avec d’anciens footballeurs qui ont offert à leur pays un bonheur qui retentit encore aujourd’hui, en menant 1-O contre l’Italie, lors de la coupe du monde 74:  pendant 6 minutes
bien avant le « goudougoudou » tremblant de 2010.