mardi 11 mars 2025

Une histoire populaire du football. Deveney. Correia. Bonaccorso.

Salaires indécents, médiatisation exagérée contribuent à accentuer l’aversion de beaucoup envers ce sport universel, amplificateur des enjeux économiques et politiques du monde.
Mais des récits d’émancipation, de joie collective peuvent également être contés pour suivre le ballon rond à la trajectoire capricieuse.
A la lecture de cet album de 140 pages vulgarisant un ouvrage d’un journaliste de Médiapart, des souvenirs reviennent pour le lecteur de « Miroir du football » pour lequel la défense en ligne était de gauche alors que la présence d’un "libéro" trahissait la généreuse classe ouvrière.
Après une introduction qui évoque quelques contradictions de ce sport, les caractéristiques des origines se retrouvent dans bien des aspects contemporains lorsqu’il est question d’ordre public.
A XIV ° siècle en Angleterre, les hommes de paroisses voisines s’affrontent en communautés aux effectifs indéterminés pendant quelques heures ou quelques jours, mais la mise en clôture restreint les aires de jeux et le nombre de joueurs. 
Les écoles britanniques réservées aux aristocrates après avoir interdit ces jeux qui dégénéraient en bagarres, vont les intégrer dans leur enseignement et fixer des règles communes en 1863. La fédération anglaise prône dès le début le fair-play dans un jeu qui reste rude à 11 contre 11 pendant 90 minutes. 
Les ouvriers représentant 70% de la population au milieu du XIX° siècle ont obtenu une réduction du temps de travail, « la semaine anglaise », dont le patronat et les églises finissent par mesurer l’intérêt puisque les travailleurs occupant le temps libéré au football améliorent leur condition physique, en s’éloignant des cabarets, qui seront pourtant le creuset de nombreuses équipes. 
«…  alors que les communautés paysannes ont été dépossédées de leur folk football par la bourgeoisie agraire, la classe ouvrière s’entiche du ballon rond initialement réservé à l’élite industrielle ».
Les anglais au delà de leur empire créent des équipes à Sao Paulo, à Montevideo, en  Afrique du Sud, en Russie, en Turquie, à Copenhague, Hambourg, Prague, Turin, Milan, Bilbao, à Barcelone un Suisse réunit les expatriés anglais alors que la jeunesse dorée de Lisbonne joue sur la plage, le club du HAC (Le Havre) est fondé en 1872. 
Pour la coupe du monde de 1966, il n’y avait qu’une place pour l’Afrique, l’Asie, l’Océanie. En 1974 les Léopards zaïrois deviennent la première équipe sub-saharienne à être qualifiée.
Pendant la guerre de 1914, toujours en Angleterre, des femmes suppléant les hommes partis au front, surnommées «  les munitionnettes » jouent dans des matchs caritatifs, mais il faut attendre les années 60 en France du côté de Reims pour que soit crée la première équipe féminine avant la reconnaissance du foot féminin par la FFF en 70.
Le dribble est inventé au Brésil quand le fils virtuose d’un homme d’affaire allemand et d’une lavandière noire évitait les agressions jamais sanctionnées par les arbitres. 
«  Le joueur noir qui ondule et chaloupe ne sera pas rossé, ni sur le terrain ni par les spectateurs à la fin de la partie ; personne l’attrapera ; il drible pour sauver sa peau ».
Quelques pages aux dessins dynamiques sont consacrées à Pelé et Garrincha sous le titre  «  dribbleurs social club » alors que « Diégo, Dieu et le Diable » revient à Maradona.  
D’autres chapitres rappellent le courage exemplaire de Sindelar prodige autrichien qui refusa de jouer pour l’Allemagne nazie ou les dirigeants du Spartak ( comme Spartacus) de Moscou finissant au goulag pour avoir contrarié le Dynamo qui appartenait à la police secrète et le CSK à l’armée.
L’histoire des supporters en Egypte et le rôle qu’ils ont joué lors du printemps arabe de 2011 comme ceux des clubs rivaux d’Alger les premiers à pousser Bouteflika dehors en 2019, confirme l’idée que les groupes de supporters ne sont pas que des abrutis. 

lundi 10 mars 2025

God Save the Tuche. Jean-Paul Rouve.

Mes deux prescriptrices à l’orée de l’adolescence avaient envie de frites à la sortie. 
« Date de naissance ? Le jour de mon anniversaire ! » 
Quant à moi, mon goût de l’humour au second degré a été mis à l’épreuve. 
Si je sais distinguer Didier Deschamps et Marcel Duchamp, j'évite de jouer au « transfuge de classe », genre déjà abondamment mis en scène. Je n’arrive pas à demeurer impassible face à l’extension du domaine de la bêtise en classe populaire.
Sur les routes anglaises toute la famille accompagne un jeune prodige footballeur au centre de formation d’Arsenal, en évitant de justesse les autres véhicules: 
« Moi, je suis Français, je roule à droite » 
Les Deschiens tant loués me mettaient mal à l’aise. De la même façon, les sottises d’une tribu ch’ti , représentant toutes les générations en leur cinquième apparition, réveillent un inconfort qui n’avait pas besoin de telles caricatures pour réapparaitre.
Quand quelques rires m'échappent, je me retrouve comme ces personnages de Bretécher se montrant dédaigneux après un film qui les avait fait s’esclaffer tout du long.
Je n’avais pas commandé de frites, mais j’en ai pioché quelques unes dans le cornet de mes voisines.

samedi 8 mars 2025

Riens. Régis Debray.

« Sur notre boule terraquée » 
: en mettant en relief cette expression employée deux fois en 143 pages, je ne voudrais pas perturber la fluidité du texte de celui dont je guette attentivement tout livre nouveau, mais partager seulement le plaisir de jouer de ses mots qui toujours me ravissent.
Chaque ligne est délicieuse : 
« Les mots ont beau avoir la politesse de survivre aux choses qu’ils désignent,
chaque Français sait bien qu’ils ont filé à l’anglaise ».
Et il serait vraiment malséant de louer son sens de la « punch line » lui qui s’amuse : 
« On ne dirige plus on manage ; on n’oriente plus on pilote. On est disruptif et innovant. Décarboné et compétitif. Comme il sied à un foyer incubateur de talents, dynamisé par l’upcycling et le monitoring… » 
Mon maître répercute d’autres maîtres : 
« Il n’y a de grand parmi les hommes, disait Baudelaire, que le poète, le prêtre et le soldat » et c’est peu dire que les trois sont mal en point. »
«  Ils ont le droit, dit Balzac, d’être un siècle en retard mais qu’y faire ? 
Ils ne peuvent pas être de celui qui les voit mourir. On ne court pas deux siècles à la fois ». 
Quand il évoque ses rencontres avec Julien Gracq, François Maspéro, Chris Marker, Jean Luc Godard,  Edgard Morin ... son amitié pourtant mal engagée avec Bernard Pivot, nous ne sommes pas au pays des people, mais dans un tourbillon intellectuel où l’amant fugace de Jane Fonda ne se donne pas toujours le beau rôle lorsqu’il publie l’impitoyable réponse à une de ses maladresses de la part de Simone Signoret qui l’avait hébergé après son retour de quatre ans de captivité en Bolivie.Les espérances internationalistes avaient plus de gueule alors que les repentances qui ont suivi.
Ce livre de souvenirs chaleureux, désabusés, graves, plaisants, n’est pas rien. 
« S’il faut de tout pour faire un monde, il faut des riens pour faire une vie »
Et si je ne partage pas  son opinion à propos de l’Europe, chacune de ses productions est pour moi une fête. 

vendredi 7 mars 2025

« M’en fous ! »

Notre géographie et notre histoire s'abiment en ce moment, quelques répliques de ces bouleversements effrénés en vocabulaire et morale se ressentent près de chez nous.
Quand le maire de Grenoble dit que de sécurité comme de propreté, il s'en fout un peu, le « un peu » ajoute une pincée de sel sur les plaies citoyennes, loin des métaphores pour les receveurs d’éclats de grenade.
La sincérité de ces dépressives paroles n’a pas été assez reconnue, de même que son courage d'accepter qu'il n'y a rien à faire contre les trafics et les kalachnikovs, sinon du théâtre pour apprendre à vivre avec les dealers!
C’est qu’il est libertaire en diable, l’édile déconstruit. Alors qu'il ne prétende pas faire la leçon aux agriculteurs les premiers à souffrir du réchauffement climatique, ni à quiconque. 
L'édile participant à toute cette violence d'atmosphère déconsidère les militants préoccupés par la qualité de l'air, la propreté de l'eau.
Cette bouffée irresponsable peut se rapprocher d’autres propos décomplexés dans le genre Trumpy de Championnet, dont la grossièreté rapporte des voix. Il ne s’agit pas d’une confidence « off » mais d’une déclaration « in » Libération, pour une opération de com’ qui aurait perdu une jambe au « M » dans un mandat tout de communication habillé.
Ces mots, scandaleux pour un élu, ont fait parler sur le coup ajoutant un clou de plus au cercueil de la décence, de la crédibilité de la parole politique mais sera recouvert par d’autres, entre deux Munich (1938/2025) . Ses verdâtres partisans au-delà des familiers de « Chichon square » aiment renverser les accusation, suggérant que ceux qui s'indignent appartiennent à une fachosphère qu’ils engraissent d’ailleurs de leur désinvolture et de leur mépris.
Les médias que je fréquente le plus souvent n’ont pas plus traité ce sujet que des violences physiques d’un député LFI contre un membre de l’éducation Nationale cherchant à protéger son établissement. L’ex chauffeur de Mélenchon aimant bien bordéliser l’assemblée où il est élu, est quand même plus cool que ceux qui ont mis le feu au Reichstag en 1933.
Lors d’un meeting à Toulouse, le chauffeur de salle Jean Luc Mélenchon avant de souhaiter la créolisation de la France lui n’a pas peur des mots : 
« Oui, M. Zemmour, oui, M. Bayrou, il y a un “grand remplacement”. » 
Ses déliés alliés du PS en avalent leur subversive motion de censure dont même le « plouf ! » n’a fait aucun bruit.
Dans les oubliés de l’info : Rima Hassan (LFI) votant contre la demande du Parlement européen de la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis mi-novembre à Alger, n’a pas vraiment ému les bonnes âmes. L'homme de lettre n’est pas une femme.
Je ramène tous ces mots qui en arrivent à être anecdotiques au moment où l'actualité arrache notre candide badge « Peace and Love ». Le new-yorkais Woody Allen n’a plus la parole, de sinistres individus ont été choisis pour mettre à bas les démocraties, hacker les réseaux, hâter la fin de notre monde, précipiter l’agonie d’une planète asphyxiée.
Après tant de maisons éventrées, d’enfants orphelins, de mères éplorées, les trêves décrétées appellent des troupes renforcées, des armées sortant des casernes, de colossales richesses pour des obus et des drones.
Quand les mots se cherchent autour d'« indécence » pour qualifier les propos des deux chefs Poutiniens, nous perdons encore en force bien loin des enjeux géopolitiques, dans l’idée que nous avons des hommes : quel rapport à la vérité offrent ces modèles ? De grands dégâts pour l’humanité.
« Grandir, c'est apprendre le mal. Le mal est inévitable. »
Claire France
Pour s’abreuver aux phrases qui pleuvent des journaux, et encourager les petits à lire, nous sommes désarmés quand on en arrive à estimer que devient inutile la littérature lorsqu’elle « travaille à chercher la conscience » de nos intérieurs avec nos contradictions, nos doutes, nos prudences.
Est-ce que les proverbes fussent-ils chinois peuvent encore servir ?
« Qui fait le bien obtient le bien, qui fait le mal obtient le mal. »
Ces mots de Mahomet semblent moins entendus que d’autres plus belliqueux : 
« Combattre le mal par le bien est honorable, lui résister par le mal est funeste. »

jeudi 6 mars 2025

A table, du règne de Louis XIV au siècle des lumières. Fabrice Conan.

« Le déjeuner d’huitres » de François de Troy introduisait la conférence devant les amis du musée de Grenoble consacrée à la nouvelle cuisine du XVII° siècle. Ce tableau où saute un bouchon de Champagne est dit de fantaisie, car les bourriches n’étaient pas posées au sol lors de tels diners à la française avec un serviteur pour chaque convive.

Les verres bus d’un seul coup ne sont pas mis sur les tables mais dans des rafraichissoirs car la présence de la glace attestait du standing de la maison. 
Le pain, aliment vulgaire synonyme de populaire, n’apparait pas pour ces repas élégants, les farines contenant des débris de meules en pierre se conservaient assez mal.

« Le Marchand de pains et les porteuses d'eau » Jean Michelin.
Cet aliment cependant essentiel pour la population servait aux maîtres queux pour épaissir les sauces, comme le couscous que Pantagruel de Rabelais appréciait en 1532.
Les lentilles en forme de boutons soignent les maladies éruptives.

« Esaü cédant à Jacob son droit d'aînesse pour un plat de lentilles » de Michel Corneille
On apprécie les légumes tout en feuilles au dessus du sol et on déconsidère les racines, 
les fruits se découvrent lorsqu’on regarde en direction du paradis.

« Nature-morte : légumes et fruits » de Pieter Snyers
On suspecte les champignons, « excréments de la terre », pour cause de décès de papes et d’empereurs, tel Claude pour lequel sa femme avait remplacé l’amanite des Césars par une phalloïde.

Mais ils se cultivent à Versailles et se ramassent au bois de Boulogne 
du côté du « Château de Madrid » aujourd’hui disparu.

Annibal Carrache peint  « Le Mangeur de fèves », l’antique et roboratif « fagiolo » auquel s’apparente le mot « fayot» alors que la dénomination « haricot » est d’origine mexicaine. https://blog-de-guy.blogspot.com/2022/01/lecole-de-bologne-le-triomphe-des.html
« Le Goût »
au musée de Tours. 
On consomme davantage d'herbes aromatiques plutôt que les épices prestigieuses souvent éventées au bout d’un long voyage. Une chique de persil permet d’amoindrir une haleine trop aillée. 
A la suite de son emprisonnement en Westphalie au cours de la guerre de sept ans où il était nourri principalement de pommes de terre, « Antoine Parmentier » par Dumont, va en développer la culture en France afin d’éradiquer les famines. Déjà décrit par l’ardéchois Olivier de Serres en 1600 « Cet arbuste, dit Cartoufle porte fruict de mesme nom, semblable à truffes, et par d'aucuns ainsi appelé ». 
«
Marie Antoinette» par Élisabeth Vigée Le Brun, en portait les fleurs dans ses cheveux.
Le mot « truffe » est resté dans le patois.
« Pomme de terre » désignait le topinambour au goût d’artichaut, alors tendance, depuis son importation depuis la Nouvelle France.
« L'Escole parfaite des officiers de bouche » rassemble les préceptes des arts de la table où s’instruiront « maîtres d'hôtel, écuyers tranchant, sommeliers officiant auprès de gens de qualité ».
Le poisson pour 
ichtyophage ne rassasie pas comme la viande. Des débats théologiques se tiennent pour savoir s’il est convenable de consommer canard ou écrevisse en temps de Carême, tandis que la grenouille est recommandée après le jeûne suivant un accouchement.
« Le panier d’œufs» Henri Horace Roland Delaporte.
Les œufs à la coque étaient prescrits pour les malades, 
durcis ils se conservaient dans la cendre ou le foin.
« Nature morte au trophée de gibier, fruits et perroquet »  
Alexandre-François Desportes 
La viande blanche préférée à la viande rouge érige la poule d’Inde en star des tables, le dindon,dont. Le sanglier était offert après la chasse au personnel, avant d’apprécier un faisan qui avait attendu un mois, à la table où avaient disparu cygne et butor.
L’histoire de la « Poule au pot » d’Henri IV viendrait d'une fable née de la recommandation de ne pas détruire les poulaillers durant les guerres de religions persistantes.
« La marchande de crème »
. Les fromages se doivent d'être « ni Hélène, ni Madeleine, ni Argus »: ni trop blanc comme la belle Hélène, ni coulant comme les larmes de Madeleine au pied de la croix, ni plein d'yeux comme Argus.
Jean-Baptiste Charpentier « La famille du duc de Penthièvre, ou la tasse de chocolat ».
Les apothicaires vendaient le chocolat introduit en France en 1615, lors du mariage de Louis XIII et Anne d'Autriche à Bayonne, consommé comme boisson chaude, mais déconseillé aux femmes enceintes qui risquent d’avoir un bébé noir.
Dans «  Le déjeuner de chasse »  de François de Troy les convives boivent un vin de Bourgogne. Arrivant par la Loire à Orléans, lorsqu’il avait trop trainé, il était transformé en vinaigre. Les vins de Bordeaux partaient en Angleterre.
Les sauces se mettent au beurre et à la crème alors que le sucre intervient désormais seulement dans les gâteaux. Les mousses, confitures et marmelades permettent  « de manger sans que l'on ait à assister au spectacle grossier et prosaïque de la mastication ».
« Jeune femme buvant du café » François de Troy
.
Selon la légende remontant à 2737 avant notre ère l’empereur de Chine apprécia le parfum délicat de quelques feuilles d’un théier tombées dans son verre d’eau chaude
Le café originaire de Kaffa en Ethiopie ayant transité par le port de Moksha au Yémen devient lui aussi une boisson à la mode.
Le café « Le Procope » ouvre en 1674 au moment où Dom Pérignon élabore le Champagne désormais associé à toute célébration. A Versailles, 400 personnes nourrissent 1400 personnes. Avant la révolution il y avait 100 restaurants à Paris, sous l’empire : 600.
Desportes « Nature morte à l'orfèvrerie »   
« Rien n'est plus imposant que l'aspect d'une grande table servie à la française » 
écrit le pâtissier Carême.
« L’art de bien traiter »
« montre la veritable science d'aprester, déguiser & servir proprement toutes sortes de viandes, & de poissons, grands & petits potages,entrées, ragousts, entremets, patisseries, & legumes avec une methode qui n'a point encore esté veuë, ny enseignée, & qui détruit toutes celles qui ont precedées, comme abusives, obscures & de tres-difficile execution. »

mercredi 5 mars 2025

Ma chair. Parelle Gervasoni.

Commencer avec une salle et un plateau dans le noir me mettait dans de bonnes dispositions pour passer en douceur des réverbères de la ville aux feux de la rampe, ce dispositif se démarquant d’autres amorces qui maintiennent  trop souvent les spectateurs dans la lumière.
Mais je suis resté dans l’obscurité.
Le texte se voulant poétique conviendrait peut être pour une lecture, mais ce seul en scène appelant la référence « stand up » et ses interactions avec le public m’a semblé lointain.
Parole d’abuseur d’allitérations. 
« Je m’entends rire aux éclats de la lune, d’un de ces rires nerveux dont on ne saurait dire si ce sont les éclats de sanglots d’un homme jadis éclatant, aujourd’hui éclaté. » 
Le thème de l’amant délaissé, tellement ressassé dans des chansons françaises récentes a tendance à entamer mon indulgence alors que celui de la mémoire devrait me remuer, las !Orphée, Eurydice et le chien d’Ulysse ont beau être convoqués, cette chère de « Ma chair » évaporée manque d’incarnation. Ce collant compagnon soliloquant aurait tendance à faire fuir.
Et ce n’est pas la rencontre d’un hippocampe lors d’une plongée interminable qui joue avec l’hippocampe comme siège de la mémoire qui ajoute de la profondeur à cette recherche dont l’ambition m’a échappé.
Il est question d’incommunicabilité : c’est gagné !  

mardi 4 mars 2025

Le petit Narvalo. jipag & memesgrenoblois.

Le passage des écrans à la version papier au format sympathique n’ajoute pas grand-chose, à un humour de niche ou plutôt de « cuvette » puisque ce petit album de 122 pages s’adresse aux grenoblois. 
A mon goût, les jolis dessins aux traits pâlichons manquent de punch.
Les  « Brûleurs de loup » de jadis qui désignent l’équipe de Hockey sur glace de l’auto proclamée « capitale des Alpes » se sont approprié le terme « narvalo » venant de l’argot rom.
Dans une ville où les expatriés sont majoritaires, il n’est pas étonnant que le vocabulaire d’une minorité aux traditions fortes imprègne les conversations étudiantes.
Sous des températures changeantes, le Grelou s’habille chez Décathlon, se moque des lyonnais, roule en vélo, se nourrit de tacos avant de trinquer à la Chartreuse verte...  
L’humour potache à base de références générationnelles : « Mission Cléopâtre », « OSS 117 », « Le seigneur des anneaux »… joue aussi des connivences artistiques avec Rodin et Michel Ange, Delacroix. 
Mais pour une excellente «  Jeune fille à la perle » au bronzage révélant ses lunettes à son retour de l’Alpe d’Huez, la silhouette de la tour Perret dans «  Le déjeuner sur l’herbe ou « La nuit étoilée » peut paraitre quelque peu répétitive.
Le lexique des expressions locales a conservé l’emblématique « c’est à  chaille » ou «  chouraver » voire l’exclamatif  « maramé ! », il s’enrichit, pour ce qui concerne le natif des terres froides, avec « chaler »(transporter quelqu'un sur le porte-bagages d'un vélo) ou le sigle PPM : Parc Paul Mistral.