La dernière livraison de l’écrivain des familles procure le
plaisir d’être à nouveau réunis tout en mesurant le temps qui passe.
Sa collection d’expressions toutes faites ne révèle pas
que de doux instruments de la sociabilité : sans être exclusif comme « Ah oui, non mais moi », ou
aussi envahissant qu’ « Elle m’a
fait une angine ».
« C’est
mignon » ou « Tu me
diras » recèlent quelques ambigüités plaisantes à relever.
Il redonne
de la rugosité au « panier » qui avait disparu sur l’écran de nos
commandes :
« Ajouter au
panier ».
Je me suis amusé à retrouver : « Tu vas sortir de ta zone de confort » pour un clin
d’œil à ma petite fille qui m’a ainsi conseillé lorsque je m’obstine à choisir
« vanille-chocolat » comme parfum de glace. Le « T’inquiète » de son frère est devenu légendaire.
La légèreté de l'annonce « On
est entré dans le temps additionnel » finalement pas si anodine que
cela, va bien avec la gravité familière de : « ça nous fait une sortie ».
« … on n’est pas
à l’abri d’une averse, j’avais cinq degrés ce matin dans le jardin, je ne sais
s’il y a encore plus de monde que l’année dernière, je vais rentrer faire une
soupe. »
Je demanderais volontiers : « Auriez-vous une petite carte ? » pour revenir
à la librairie retrouver le poète une fois prochaine. Il ne s’agit
sûrement pas « De faire avec » que contredirait « Mais quand même » pour jouer avec les têtes des 35
chapitres.
Les paresseux pour qui « Les
mots sont impuissants » sont ici contredits, et si « On refaisait le monde »
marque l’impuissance, ces 100 pages : «
C’est que du bonheur ! »
La frontière vers le Sud est franchie à partir de laquelle on
entend « Avé plaisir »,mais le soir tombe :
« Le soleil
commence à peine à fléchir dans cet orange chaud qui donne à la pierre des
bastides une douceur d’éternité romane. »