jeudi 17 octobre 2024

Salvador Dali et la perception de la forme. Gilbert Croué.

Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble ne développe pas la biographie du Catalan, né il y a 120 ans, 
préférant nous inviter à aller au-delà des apparences à partir de tableaux du roi de la com’. 
En 1930, il est au centre de la photo du « Groupe des Surréalistes » entre André Breton et Max Ernst.
Son « Autoportrait » noyé dans les citations cubistes est influencé par Picasso
comme « Vénus et son marin » qui nécessite déjà une double lecture de la combinaison des formes.
De profil, de face, de dos, son «  Autoportrait se dédoublant en trois » est limpide, parmi tant de productions énigmatiques mettant en œuvre ses recherches sur les phénomènes de prégnance dans la perception visuelle.
« L'homme invisible » se cache parmi des objets hétéroclites et des scènes oniriques : eau qui coule, enfant gavé, sirènes, reliquaire sexué et femme cruche, le lion signifiant la puissance sexuelle qui le fuyait. Une silhouette se révèle à partir des nuages qui forment les cheveux, le visage né des ruines et les deux jambes de la cascade.
Les « Cygnes reflétant des éléphants » nagent dans le rêve.
Stephan Zweig présente Dali à Freud
avant que le maître de la "paranoïa critique" rencontre Lacan. 
« Le surréalisme, comme les rêves, nous libère des conventions.
Ce que Freud a expliqué avec des mots, le surréaliste le raconte avec des tableaux. »
Lorsqu’on fait pivoter « Le visage paranoïaque » un groupe apparait devant une case : nous pouvons changer une chose en une autre.
Nature morte et paysage avec chien cheval et "crétin" mythologique se confondent dans 
«  L’énigme sans fin »Gala sa muse est présente
ainsi que Garcia Lorca qui figure aussi dans « Afghan invisible avec apparition sur la plage du visage de Garcia Lorca en forme de compotier aux trois figues ».
Ses titres se montrent souvent diserts dans : « Apparition de ma cousine Carolinette sur la plage de Rosas (pressentiment fluidique) » dans les nuages,
comme on les trouve chez Mantegna dans «  Minerve chassant les Vices du jardin de la Vertu » .
« Banlieue de la ville paranoïaque-critique (après-midi à la lisière de l’histoire européenne) »
joue des vides et des pleins, de la perspective.
Une femme apparait  dans un paysage ruiné, « L’Espagne » est en guerre.
19 personnages composent le « Marché d'esclaves avec apparition du buste invisible de Voltaire ».
« L
es Trois Ages »
, est dans la veine d’autres gravures en trompe l’œil,
tel « Le saule pleureur »  (XIX° siècle) qui laisse deviner les profils de Louis XVI et de sa famille autour d’une urne funéraire. Parmi d'autres classiques illusions d’optique,
cette balustrade où s'intercalent des nus féminins n’est pas si banale.
Dali joue avec les pixels dès 1975 avec « Gala nue regardant la mer qui à 18 mètres laisse apparaître le président Lincoln » conservée dans leur fondation, à Figueras.
Dans sa période de mysticisme nucléaire, lors de l’annonciation, le message de Dieu féconde par l’oreille « La Madone sixtine », en hommage à Raphaël.
« Le Torero hallucinogène »
n’en est pas moins christique.
Jouant avec la poésie et les sciences, le peintre instruit, le spectateur construit.
« Quel est votre secret pour avoir du succès ?
Offrir du bon miel à la bonne mouche au bon moment et au bon endroit. »

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