vendredi 6 septembre 2024

Vacances.

Les participants aux jeux paralympiques, par leur volonté, leur jovialité, vont tellement à contre-courant des geignards habituels que l’on peut souhaiter la prolongation de cet été de grâce.  
Les JO nous ont fait des vacances : oiseaux de mauvais augures et autres râleurs « l’ont mis en veilleuse », si bien que j’en aurais presque perdu une occasion de râler.
Ces bolées de fierté et d’allégresse partagées ne garantissent pourtant pas plus de sérénité et moins de démagogie pour les jours à venir.
Les marchands de peur et de colère, vers lesquels se tendent les micros friands d’insultes et de gonflettes, récusent toute notion d’extrême depuis leurs bords parallèles, tout en accentuant leur radicalité. Incapables de reconnaître des points positifs chez l’adversaire, ils sont prêts à user de méthodes encore plus contestables que celles qu’ils fustigeaient. Point de ponts ! 
Les journaux regrettent la montée du RN et de LFI après avoir jours après jours critiqué systématiquement tout acte des décisionnaires européens ou nationaux.
Les populistes ont vu que le communautarisme rapporte des voix : alors hardi petit blanc ou  grand keffieh! La « bordélisation » est devenue une stratégie. 
Nos élèves, dont nous souhaitions développer l’esprit critique, criticaillent tout, une fois devenus grands. La règle du « Tout pour ma gueule » ne contredit pas l'affaiblissement des expressions personnelles. L’inénarrable Olivier Faure ne sait que dire: «les français ont dit ». Et le toutou qué qui dit, lui ? 
Nous avons les politiques qu’on mérite. Ils croient diriger alors qu'ils suivent les suiveurs de tendances qui dans les rayons «  Bien être et développement personnel » cherchent l’harmonie, mais en couple ou dans le travail ont du mal avec les accommodements. 
Divorces et burn out.
Les nuances apparaissent comme des faiblesses et les incertitudes excitent les péremptoires, les compromis ne sont pas de mise. 
Suivant l’expression « l’éléphant dans la pièce » souvent employée ces temps, les pachydermes se bousculent. 
A la une : l’Ukraine, la Nouvelle-Calédonie, Israël, les bisons en Roumanie…  « déficit public » et « montée de l’extrême droite en Allemagne ».
Les problèmes migratoires s’accentuent alors que les populations vieillissent, le rédacteur aussi.
L’intelligence artificielle suscite des craintes mais nous l’appelons à chaque instant.
Les médias s’abêtissent, critiquent les réseaux sociaux et s’en nourrissent, comme moi.
Le nombre de followers impressionne les journalistes influencés par les influenceuses qu’ils ridiculisent par ailleurs. 
Il n’y a pas que les localiers pour se contenter de reproduire des communiqués de presse. 
Concernant le théâtre par exemple, bien rares sont ceux qui ne reprennent pas le pitch vu sur tous les sites. Cette complaisance entre initiés contraste avec de la violence des propos en matière politique.
Après avoir été les relais assidus du french-bashing, les animateurs à la télévision virent à l’hystérie pour une médaille de bronze tricolore, quand ils ignorent le vainqueur d’un autre pays. 
Devant chez moi, dimanche, un cèdre tricentenaire a éclaté sous les bourrasques. 
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs »  Jacques Chirac. 
Pas moyen de regarder ailleurs.  
Pour la planète, il faudrait plus de croissance, avec tous ses défauts, pour financer la transition écologique, mais les plus convaincus de l'urgence voient plus de vertus à la glandouille qu’aux gains de productivité. 

jeudi 5 septembre 2024

Depardon à Ambronay.

Depuis un moment je n’avais pas de nouvelles de mon photographe préféré, alors quand une rétrospective de son œuvre est annoncée à Ambronay,
célèbre pour ses concerts de musique baroque,
j’embarque quelques complices pour quatre heures de route.
L’abbaye rénovée de 1000 ans d’âge vaut le voyage
et le village photogénique cultive par ses  armoiries un certain prestige ancien : 
« De gueules au faisceau rayonnant de treize épis d'or (représentant les treize hameaux de la commune) lié du même ».
Dans le Bugey, le fils de paysans de Saône et Loire qui a sillonné le monde, est près de chez lui : du bonheur dans le pré à « Le Bonheur est dans l’image » selon l’intitulé de l’exposition célébrant sans chichi une carrière de soixante ans d’âge.
95 photos choisies peuvent paraître comme un nombre insuffisant ;
cette modestie va avec la notoriété de l’auteur passant du noir et blanc à la couleur, 
de l’appareil à plaques au cinéma, « paparazzo » et fondateur d’agences,
suivant les vedettes du cinéma et de la politique jusqu’au dernier des paysans,
du désert à New York, de guerres en jeux olympiques,
des aliénés qui se cachent aux amants rayonnants…
Ce travail admirable, sobre et distingué, a le mérite de ne pas éblouir le spectateur, mais de donner envie à son tour de sublimer «  les non-sujets » de faire vivre «  les temps morts »,,, pour l’éternité.
« Pavane » de Fauré. 
  

 

mercredi 4 septembre 2024

Nos dimanches soir. Jérôme Garcin.

« A vingt heures et quatre minutes, Daniel Barenboïm libère, tel un torrent de montagne, 
« La Fileuse » (Romances sans paroles de Mendelssohn), prélude à un chœur de voix joyeuses, rageuses, élogieuses, acrimonieuses, affectueuses, courageuses, mais jamais révérencieuses, doucereuses, filandreuses, ennuyeuses . »
En 2015, l’animateur de l’émission «  le Masque et la plume » avait raconté en 300 pages l’histoire du mythique spectacle radiophonique joué depuis soixante ans par des critiques de théâtre, littérature et cinéma. 
« Ecouter «  Le Masque »  c’est se brancher sur l’actualité en remontant dans son passé, c’est entendre parler de 3D dans un lointain ronronnement de 4L ». 
Hormis le format initial de deux heures scandées d’improvisations au piano, le principe  de la diversité des opinions exposées en public a survécu aux modes et fidélisé de nombreux auditeurs dont quelques lettres émouvantes ou drôles ont été retenues. 
Une galerie de portraits permet de mieux connaître quelques voix familières. 
« …il y a le gentil, le méchant, le grincheux, le cynique, le dilettante, le méticuleux, l’extravagant, le séducteur, le susceptible, le raisonneur, l’affectueux, l’exigeant, l’indulgent, j’en oublie. » 
En dehors des éloges de Babelio, n’apparaît aucune critique de ce livre pour disserter autour de ce rendez-vous dominical dont l’auditoire exigeant s’interroge sur la pérennité du concept au gré des changements de maître du jeu.
Rebecca Manzoni la dernière sera-t-elle regrettée par nos enfants comme nous avons eu du mal après François Régis Bastide ? 
« Convaincre, sans humilier l’œuvre choisie. 
L’éclairer et non l’endimancher.
Evitant de l’encanailler, la rendre belle et accessible  à tous. » Jean Vilar 
Sont rappelées des formules qui firent nos délices :
Bory dénonçant « Les forces assoupissantes » à propos du « Corniaud » de Gérard Oury 
ou Ezine donnant la main à Raspiengeas : 
« Voici après La liste de mes envies, la liste de mes emmerdes.
Soit un abreuvoir lacrymal auquel viennent boire tous les assoiffés du pathos. »
« C’est de la littérature de toile cirée. Passez un coup d’éponge, et il n’en reste plus rien. » 
Si des lettres antisémites ont conforté le choix de la musique introductive, d’autres apports d’auditeurs ont fait naître des vocations tel Guillaume de Fonclare en faussaire talentueux ou André Degaine auteur d’une originale histoire du théâtre.
Les chapitres rangés par ordre alphabétique comme dans les « Dictionnaires amoureux » varient les approches, les émotions.
Purin d’orties ou quelque « divulgachage » d’un film ont suscité bien des réactions et les zeugmas 
« Il admirait l’exaltation de son âme et les dentelles de sa jupe »Flaubert  
ont éveillé bien des connivences.
François Morel a présenté sur scène les affrontements entre Charensol et Bory, un agriculteur a nommé ses vaches « les Garcinettes », un pâtissier créé un gâteau «  Le masque et la plume ». 
Pour tant d’auditeurs, dont je suis, la messe dominicale a lieu en début de soirée, même si la météo marine prologue charmant est diffusée depuis un moment sur d’autres ondes. 

mardi 3 septembre 2024

Les cahiers d’Esther. Histoire de mes 13 ans. Riad Sattouf.

En choisissant ma chouchoute dans la pile des B.D. de l’été, 
j’imite les enfants qui aiment commencer par le dessert au moment du pique-nique. 
Sans modération, je me suis délecté.
Cet album retraçant la vie de la parisienne en classe de cinquième correspond tellement  par ses expressions et certaines préoccupations à ma lyonnaise de 13 ans, que j’en suis doublement enchanté.
Elle grandit, alors que :
« les garçons changent, leur niveau d’intelligence reste le même par contre ». 
La chronique des grands et petits malheurs de la populaire petite fille devenant jeune fille dans une famille aimante nous repose des traditionnelles poses victimaires en tous genres.
Il est bien sûr question de téléphone portable, des copines et de beaux gosses, de quelques profs hauts en couleurs, des vacances au bord de l’océan, d’acné, mais les peurs, les doutes, les déceptions sont surmontées par l’humour. 
« Il y a 52 histoires dans ce livre hélas toutes très chiantes et pas du tout réalistes mais non je déconne elles sont juste trop trop stylées et fidèles à ce que j’ai raconté ! Par exemple j’ai vraiment fait un selfie avec ma dentiste (une femme sublime et drôle malgré son métier répugnant) quand j’ai eu un appareil et c’est devenu la couv’ ».

lundi 2 septembre 2024

Vice Versa 2. Kelsey Mann.

La charmante petite fille de l’inventive création Pixar est bouleversée par la puberté.
 
Le thème est traité avec humour mais sans le surplomb habituel de ceux qui ont passé l’épreuve : simplicité et délicatesse sont toujours au rendez-vous.
J’ai partagé ce bon moment avec mon critique de 11 ans qui a du penser à son ainée de treize ans, l’âge de Riley, virtuose du hockey, riche d’émotions nouvelles autour de « L’estime de soi ».  
« Anxiété »  accompagnée d’ « Envie », supplante « Peur » alors que « Nostalgie » n’a pas encore voix au chapitre bien que la concurrence des souvenirs entre dans la construction d’une personnalité attachante. 
« J’ai bien aimé ce film car il y a plein de rebondissements comme la fois  où ils se sont fait expulser de la tour de contrôle par une explosion de dynamite.
Je trouve que l’utilisation  de Bloofy, personnage de dessin animé dans un film animé est très drôle. La très mignonne « Honte » est utile pour « Joie » et son équipe, mais j’aurais préféré appeler « Flemme » à la place d’« Ennui ». NIno

dimanche 1 septembre 2024

Au bonheur des mômes 2024.

Les vacances se finissent en grande beauté au "Grand Bo" pour notre dixième festival,
où nous avons vu:
« La fin du monde c’est (pas) pour demain »
 
offre l’occasion d’une discussion sur l’avenir de la planète entre mon petit fils confiant en la science et sa grande sœur plus inquiète de l’épuisement des ressources. Le récit autour d’un magicien captivant appelle ces commentaires pour mieux comprendre la profondeur du propos. 
La compagnie de « La fabrique des petites utopies » replace les problèmes d’aujourd’hui à l’échelle de 24h dès lors que l’apparition de l’homme se produirait une minute avant minuit. 
« Le souffle d’un rêve. » La lune dans les pieds.
Le titre convient parfaitement au spectacle joué au bout d’une montée en téléphérique où nous étions accompagnés par des adeptes du vol libre. 
Natif d’une époque sonorisée par les guitares électriques, je me demandais si les enfants de l’électro pouvaient s’intéresser à l’accordéon. L’histoire personnelle de l’acteur concerne à la fois les contemporains de Verchuren et les familiers d’Oreslan. Sa persévérance pour obtenir l’instrument de ses rêves ne fait que prolonger le désir de son père porté par une même passion réalisée par la génération suivante. 
« Classe verte. » Robert et moi. 
Les chansons excusent les séquences à l’humour insistant autour d’un instit balourd aux compétences écologiques limitées, aggravées par une grosse fainéantise.
« Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. »
« Les misérables. » Les batteurs de pavé. 
Il faut bien que les deux bateleurs suisses choisissent quelques comparses dans la foule enthousiaste pour évoquer les nombreux personnages de l’œuvre de Victor Hugo.
L’ampleur du monument patrimonial ayant déjà impressionné quelques générations, celle qui est haranguée par les influenceuses mérite au moins quelques rappels de moments héroïques. 
L’humour appelant un regard critique peut aussi convier à connaitre de sublimes personnages à la générosité et au courage grandioses.
Ces citoyens de notre riche voisin remercient les politiques qui ont permis la gratuité de leur spectacle quand tant d’autres ne mentionnent jamais ceux qui financent leur liberté.
« Quatre fois rien. » Joe Sature et ses joyeux osselets.
 
La bande son met en valeur le rythme de la joyeuse troupe d’excentriques acteurs chevronnés. Parmi d’autres séquences vivement menées, la classique concurrence entre chefs d’orchestre nous donne l’occasion après coup d’écouter Vivaldi en revenant de la revue.
« La cuisine musicale. » Minute papillon.
Proposer de l’opéra sous un chapiteau surchauffé, malgré des bénévoles arrosant le public à la sulfateuse, relève d’une haute ambition. 
Mozart, Bizet, Puccini, Rossini sont au menu avec une chanteuse énergique accompagnée par une contrebasse née d’une poêle, d’une grille de four-harpe, d’une louche-flute. 
La salle reprend avec application les lalala universels  après plusieurs morceaux dans la langue de Verdi. 
« Quand les corbeaux auront des dents. » L’espèce de compagnie. 
Un corbeau part vers le nord pour retrouver les princes gris, les loups, anciens partenaires de chasse. Les jeux élémentaires avec les objets perdent de leur force évocatrice quand la présentation des méprisables « deux pattes » s’avère sans nuances. 
Comment de si méchants personnages pourraient assimiler les leçons délivrées par les deux actrices amies des gentilles bêtes ? 
« Hôtel Cosmos ». Le Volubile.
 
Les rires des plus petits perturbent l'ennui effleurant certains quand des valises insaisissables et des personnages se cognant partout ne mènent nulle part. 
La représentation dans cet hôtel déserté m’a semblé vide de sens. 
« Bête Beurk, la folle création du monde ». Monde à part.
 
Le dernier spectacle m’a paru bien meilleur avec un dynamique conteur rock, pourtant parfois inquiétant. La terre est plate comme un vinyle, très sèche sur sa face A, très humide face B.
Un bon roi vivait d’un côté, un monstre de l’autre. Cette dualité simpliste totalement assumée s’avère tellement drôle. 
Quoi de plus trash qu’un baiser sur les lèvres avec la langue pour les foules enfantines ? 
Leur indignation sur-jouée s’exprime dans les rires déclenchés également par l’évocation de pustules, ulcères et autres bubons plein de mayonnaise.
 

lundi 1 juillet 2024

Un petit truc en plus. Artus.

Je n’ajoute pas de commentaires à ceux de ma petite fille et de ses amies de treize ans pour ce film sympathique vu par près de huit millions de personnes : 
« J’ai aimé ce film qui m’a fait rire avec toutes les personnalités différentes des handicapés et m’a aussi émue avec la relation père/fils de Sylvain et Orpi car celui-ci ne montre aucune tendresse envers son fils qui essaye pourtant de l’attendrir ». Mia. 
Le père et le fils en question après un braquage échappent à la police en se glissant dans un groupe d’handicapés en partance pour un séjour dans le Vercors. 
« J’ai aimé ce film car il englobe un sujet sensible mais malgré cela, c’était drôle et  il donnait l’image d’un groupe soudé. Les éducateurs ont aussi un rôle très important ». Kali 
« Ce qui m’a marquée c’est que la personnalité des acteurs était aussi celle des personnages, ce sont aussi leurs vrais prénoms qui sont utilisés ». Mona.
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Je termine la saison sur ce papier et reprendrai en septembre avec les écoliers.
Merci aux lecteurs et à ma fidèle commentatrice.