Le président des amis du musée de Grenoble, pour introduire
la conférence du jour, rappelle que Georgette Agutte-Sembat peintre impressionniste, « Le café dans le
jardin »,
qui a donné son nom à un boulevard de la ville, s’est suicidée après la mort de
son mari,
en laissant un mot :
« Voici douze
heures qu’il est parti. Je suis en retard ».
Comme Van Gogh ou De Staël, d’autres artistes ont accompli
l’acte fatidique.
« Le suicide !
Mais c'est la force de ceux qui n'en ont plus, c'est l'espoir de ceux qui ne
croient plus, c'est le sublime courage des vaincus. »
Guy de MaupassantGiovanni Battista di Jacopo dit Rosso Fiorentino (roux et florentin), élève
de Del Sarto
fait le lien entre la France et l’Italie, passe de la
Renaissance au « Maniérisme » qui pourtant signifiait « à la manière » des maîtres
d’alors.
Le sac de Rome par les mercenaires de Charles Quint avait
marqué la fin d’une ère humaniste.
La « Déposition de Croix » aux mouvements convulsifs, aux couleurs rougeâtres, aux volumes
anguleux a horreur du vide.
Il décore pour François 1° la galerie du château de
Fontainebleau où les stucs s’enroulent autour des peintures.
Une « Piétà » dramatique
peut évoquer sa fin tragique : un empoisonnement en 1540 après avoir
accusé de vol un de ses amis. C’est ce que conte Vasari mais le témoignage peut
être mis en doute, bien que l’auteur de « Vies des meilleurs peintres,
sculpteurs et architectes » soit reconnu comme le père de l’histoire
de l’art.Franceso Borromini, grand architecte du baroque
aux façades mouvantes, en courbes et contre-courbes, rival Du Bernin, a connu
faveurs et défaveurs de la part des papes.
L’interprétation de cette rivalité est matérialisée pour les
romains par les personnages de la fontaine du Bernin installée place Navone qui ne voudraient
pas voir l'« Eglise
Saint Agnès » de
Borromini, un « libertinage
architectural ». L’ « Église
Saint-Charles-aux-Quatre-Fontaines » témoigne de ses talents.
Mais
en 1667, dépressif, se sentant déprécié, il se suicide en se jetant sur son
épée.Antoine-Jean Gros, favori de Joséphine
Beauharnais, est le peintre de l’épopée napoléonienne : « Bonaparte
au pont d’Arcole ». Puis il se met au service de « Louis
XVIII Roi de France et de Navarre », « Gros l’a peint ».David lui confia son école, mais il ne parvint pas à
convaincre.
Tenté sur le plan stylistique par le romantisme. « Sapho
à Leucate » Bordier du Bignon reprend le geste de son prédecesseur dans son hommage « Gros
s'élançant dans l'éternité » pour marquer son émotion alors que le
baron venait de se jeter dans la Seine en 1835 après le fiasco critique qu’il avait
rencontré avec ses dernières toiles.Ernst Kirchner s’est
suicidé en 1938. « Autoportrait en malade »En 1937, dans l’exposition par les nazis de 639
œuvres de l’art « dégénéré » 32 tableaux portaient sa
signature.
« Trois baigneuses »
expressionnistes, aux formes anguleuses aux couleurs acides, projettent
ses angoisses sur la toile.
A Dresde, il avait fondé « Die Brücke » (Le Pont)
« Ce qui chez
l'homme est grand, c'est d'être un pont et de n'être pas un but; ce que chez
l'homme on peut aimer, c'est qu'il est un passage et un déclin »
Nietzsche.« Potsdamer
Platz » exprime à la fois sa fascination et sa
répulsion envers Berlin.François Le Moyne, père spirituel du style
Rococo, s’est jeté lui aussi sur son épée, alors qu’il venait de réaliser le
plafond du « Salon d’Hercule » à Versailles qui lui avait valu
tous les hommages.
« Il n’y a pas en
Europe de plus vaste ouvrage de peinture que le plafond de Lemoyne et je ne
sais s’il y en a de plus beaux. »
Voltaire.
« La race des
gladiateurs n'est pas morte, tout artiste en est un.
Il amuse le public
avec ses agonies. »
Gustave Flaubert.